Conflit millénaire et avenir incertain de la Palestine (II) Les éléments nouveaux de l'affrontement
Le conflit arabe-israélien, comme nous l’avons constaté (1), procède de raisons profondes, permanentes et graves. Ces raisons permettent de comprendre pourquoi le conflit est si violent et si durable : en moins de vingt ans il a suscité trois fois le recours aux armes : « premier combat » de 1948, « deuxième combat » de 1956, « troisième combat » de 1967, et nombreux sont ceux qui parlent aujourd’hui d’un « quatrième combat » comme d’un événement quasi inéluctable. Mais la fréquence même de ces guerres n’atteste-t-elle pas leur stérilité ? Loin d’amorcer quelque règlement, même seulement partiel, les trois « combats » pour la Palestine n’ont fait, semble-t-il, que compliquer et aggraver la situation de conflit, en ajoutant des éléments supplémentaires aux motifs classiques de l’affrontement.
Sans entrer dans le détail des faits, si frappants et si récents qu’ils sont demeurés dans toutes les mémoires, et en rappelant simplement la trame chronologique, nous nous proposons ici de recenser les motifs nouveaux de mésentente et de discorde aigus que ces vingt dernières années ont ajoutées aux bases fondamentales du conflit arabo-israélien.
Le « premier combat » (1948) : naissance d’Israël et contestation arabe
Après la renonciation de la Grande-Bretagne à son mandat sur la Palestine (2), les Nations Unies, saisies du problème dès le printemps 1947, arrêtent le 29 novembre 1947 un plan de partage qui répartit le territoire en litige en trois zones : un État juif, un État arabe, l’un et l’autre se composant de trois districts se rejoignant deux à deux, et une zone internationale de Jérusalem. Constatant l’impossibilité de mettre à exécution ce plan, qui a été accepté par l’Agence juive mais rejeté par les États arabes et au sujet duquel la population palestinienne n’a d’ailleurs pas été consultée, les États-Unis demandent au Conseil de Sécurité, le 19 mars 1948, de placer la Palestine sous tutelle temporaire des Nations Unies. L’examen de cette proposition ne peut avoir lieu en temps utile, mais le Conseil de Sécurité, les 17 et 23 avril, recommande une trêve et nomme une Commission en vue de sa surveillance ; l’U.R.S.S., qui avait voté le partage, s’abstient « pour ne pas porter préjudice aux droits légitimes des Juifs ». Le 14 mai 1948 M. Ben Gourion proclame à Tel Aviv la création de l’État d’Israël ; quelques minutes plus tard les États-Unis notifient leur reconnaissance de facto, suivis à bref délai par l’Union Soviétique qui reconnaît de jure l’État d’Israël et son gouvernement provisoire, et devient la première puissance à envoyer un représentant diplomatique à Tel Aviv.
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