Aéronautique - L'aviation de reconnaissance américaine au Vietnam - Le 27e Salon international de l'Aéronautique et de l'Espace - Dans l'Armée de l'air britannique
L’Aviation de reconnaissance américaine au Vietnam.
L’efficacité de l’Aviation de reconnaissance américaine au Vietnam a presque doublé depuis les trois derniers mois. Cette amélioration est due principalement à la mise en œuvre récente des RF-4C Phantom II (McDonnell Douglas)
Grâce à ses excellentes possibilités de reconnaissance de nuit, cet avion très évolué permet d’intensifier la surveillance des activités du Vietcong en la rendant pratiquement permanente. Or, c’est la nuit que le Vietcong est le plus actif, aussi bien au Sud-Vietnam que sur les itinéraires de ravitaillement du Nord. Cette surveillance est très difficile ; il s’agit de repérer des objectifs très mouvants et très dilués, comme des convois de camions, des trains, de petits groupes de coolies ou de soldats circulant sur les itinéraires que l’on a du mal à localiser. De plus, l’ennemi utilise avec une grande habileté tous les artifices du camouflage, et dissimule ses repaires sous l’épais couvert de la jungle.
Les moyens du corps des Marines ont été aussi sensiblement améliorés avec l’arrivée, au mois de novembre, du RF-4B, version navale du Phantom II et du Grumman EA-6A, chasseur tout temps spécialement équipé pour les contre-mesures électroniques.
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Jusqu’à présent, la vue du pilote reste le moyen de recherche le plus efficace. Le plus grand nombre de renseignements recueillis par l’observation aérienne sont fournis par le Forward Air Controller (FAC) officier pilote effectuant l’observation à vue du terrain à faible altitude (500 mètres et moins) sur le Cessna O-1 Bird Dog, avion léger analogue au « Piper cub » de la dernière guerre.
L’Air Force a divisé les 44 provinces du Sud-Vietnam en 214 secteurs de reconnaissances à vue, chaque secteur étant placé sous la responsabilité du FAC. Celui-ci acquiert très vite une connaissance parfaite du secteur qui lui est assigné et qu’il survole chaque jour. Il peut ainsi déceler tous changements dans le comportement des populations, l’état des itinéraires, leur fréquentation, etc. ; ces changements peuvent être autant d’indices caractérisant l’activité du Vietcong. Jusqu’à ce jour, les comptes rendus de reconnaissance à vue ont été à l’origine de plus de 80 % des missions d’assaut de l’Air Force au Sud-Vietnam.
Celle-ci effectue sur ce territoire plus de 8 500 vols de Cessna O-1 par mois dont 30 % servent au guidage des missions d’assaut. Si l’on ajoute à ces vols les missions assurées par l’Aviation vietnamienne, les Marines et la Navy, on peut chiffrer à 15 000 par mois le nombre de reconnaissances à vues effectuées au Sud-Vietnam.
Les Douglas A1 Skyraider de la Navy sont surtout utilisés pour surveiller le trafic de la multitude de bateaux qui naviguent entre le Nord et le Sud.
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Dans l’inventaire des moyens de recherche les plus couramment utilisés vient ensuite la photographie classique.
Tous les avions de Reconnaissance américains sont dotés d’appareils photographiques plus ou moins perfectionnés, qui constituent en quelque sorte leur équipement de base. Malgré les grandes qualités qui caractérisent ce mode de recherche – principalement la précision et l’ampleur des surfaces couvertes – la photographie aérienne nécessite encore de très longs délais d’exploitation qui ne permettent pas la diffusion rapide des renseignements obtenus et par conséquent une intervention efficace contre un ennemi très fugace. Le développement des films et l’étude des photos ne peuvent se faire qu’après l’atterrissage de l’avion et exigent un délai minimum d’une heure. 36 h sont en moyenne nécessaires pour l’établissement de comptes rendus très détaillés.
Le seul avion capable d’exploiter en vol ses moyens de recherche et de diffuser directement les renseignements obtenus est le Grumman OC-1B Mohawk de l’Army Air Force.
Dans les cas urgents, une procédure d’exploitation rapide permet de réduire les délais à une quinzaine de minute.
La Navy est dotée d’un système très élaboré, à base de calculateurs, qui permet la restitution des photos aériennes sous une forme exploitable. Ce système dispose d’une très grande capacité de stockage de photos sous forme de mémoires électroniques. De plus, il fournit automatiquement les dimensions et la position des objectifs choisis.
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Comme il a été dit plus haut, le RF-4C est surtout utilisé pour les missions de nuit. C’est un biréacteur biplace supersonique, doté d’un équipement photographique complet.
Il est équipé en outre d’un détecteur d’infrarouges et d’un radar de bord à vision latérale, le SLAR (Side Looking Airborne Radar). Il emporte en outre des lance-cartouches Flash permettant d’illuminer ses objectifs et d’en prendre ainsi des photos, même par nuit complète.
Quelques missions sont effectuées à basse altitude et sont alors menées par deux avions, l’un assurant la mission de reconnaissance, l’autre la surveillance du ciel pour prévenir les attaques aériennes ennemies. Les vols au-dessus du Nord-Vietnam doivent être effectués la plupart du temps à des altitudes qui rendent les avions très vulnérables à la DCA et aux engins sol-air adverses. Sur les RF-4C, l’Air Force utilise comme équipage deux pilotes confirmés ; la Navy met à la place du second pilote un navigateur bombardier. Il semble que l’Air Force veuille adopter la solution de la Navy et remplace ultérieurement le second pilote par un navigateur spécialisé dans l’utilisation des équipements électroniques de l’avion.
Les moyens de recherche
Les appareils photographiques équipant les avions américains sont très nombreux et divers. Us permettent d’obtenir des prises de vues du sol à partir de toutes les altitudes de vol, même en vol rasant intégral, et ceci quelle que soit la vitesse de l’avion.
Le détecteur infrarouge AAS-18 peut détecter les bateaux navigant en mer ou sur les cours d’eaux, ainsi que les feux de bivouac dans la jungle. Il est assez sensible pour déceler un camion camouflé, même si le conducteur a coupé le moteur en entendant l’arrivée de l’avion. Le détecteur est utilisé ainsi pour déterminer si les citernes de carburant sont vides ou pleines, ou si une usine apparemment inactive de jour, reprend son activité la nuit. Dès l’atterrissage de l’avion, les films sont développés à la vitesse de 4 mètres à la minute. Un délai d’une heure est nécessaire pour que le renseignement obtenu par ce moyen parvienne au commandement chargé de l’exploiter.
Le SLAR APQ-102, qui équipe le RF-4C, fournit une image très détaillée du sol de chaque côté de la route de l’avion jusqu’à une distance latérale de 18 kilomètres. Couplé avec un radar Doppler, il sélectionne les objectifs en mouvement. Cette fonction est surtout utilisée pour déceler les mouvements de bateaux le long des côtes.
La force aérienne chargée de la conduite des opérations de reconnaissance au Vietnam est la 460e Escadre dont le PC se trouve à Saigon. 70 % des missions sont effectuées au Sud-Vietnam, 80 % au Nord.
Une autre Escadre basée en Thaïlande, assure les missions intéressant le Nord-Vietnam et le Laos. Elle dispose d’un éventail très large d’avions de reconnaissance, depuis le très moderne RF-4C Phantom jusqu’au RC-47, version « reco » du vénérable C-17 Dakota.
Cet avion opère uniquement au Sud-Vietnam et effectue des missions d’écoute et de localisation des émetteurs radio Vietcong. En général, 90 % de ses missions sont des missions à temps, c’est-à-dire planifiées suivant un programme fixé au minimum 24 h à l’avance. Les demandeurs, qui sont l’Armée de terre ou l’Air Force, indiquent la date ou l’heure limite d’exécution de la mission. L’Escadre a ainsi la possibilité d’établir un programme d’ordre de vols pour l’ensemble de la journée.
Un avion peut assurer la reconnaissance de 7 à 8 objectifs différents. La durée moyenne d’une mission est de 2 h. Chaque pilote vole en moyenne 35 à 40 h par mois et effectue 4 à 5 missions par semaine.
Le 27e Salon international de l’aéronautique et de l’Espace
Ce Salon ouvrira ses portes le 26 mai au Bourget et se terminera le dimanche 4 juin par une grande fête aérienne. Il dépassera tous les Salons précédents par son ampleur, et par l’importance et la diversité des matériels présentés.
Sa superficie totale a été portée à 53 000 m2 et les principaux pays disposant d’une industrie aéronautique y seront largement représentés. Une véritable ville est en train de se créer au Bourget, avec ses moyens de transport, ses restaurants, salles de cinéma, ses services d’information, etc.
Le département de la Défense américaine vient de confirmer son accord pour présenter en vol à ce Salon une vingtaine d’avions dont ses plus récents prototypes ;
– le F-111A, chasseur supersonique doté d’une aile à géométrie variable,
– le XC-142A, avion de transport à décollage et atterrissage courts ;
– le Lockheed XM-51, hélicoptère expérimental à rotor rigide.
Il présentera également une fusée Titan II et une maquette de l’avion X-15.
Les Thunderbirds de l’Air Force et les Blues Angels figurent parmi les patrouilles acrobatiques participant à la fête aérienne.
Les autorités soviétiques, pour leur part, viennent d’informer les services officiels du Salon qu’ils présenteront 9 avions et 6 hélicoptères. Parmi ces appareils, figureront sans doute leur nouvel avion de transport pour 24 passagers, le YAK-40, triturbine, et probablement le Tupolev 154, lui aussi triturbine et prévu pour 165 passagers. De plus, une cabine spatiale Vostok sera exposée avec sa fusée de lancement à trois étages.
On peut encore citer, comme attractions remarquables, une maquette en vraie grandeur du Concorde, celle de l’Eole III de Clément Ader et celle du Spirit of Saint Louis de Lindberg.
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Un certain nombre de manifestations marqueront ce Salon, et seront groupées en « journées spécialisées » dont le calendrier est fixé en principe comme suit :
– Jeudi 25 mai : Avant-première réservée à la presse internationale.
– Vendredi 26 mai : Inauguration officielle.
– Samedi 27 et dimanche 28 mai : Aviation légère, d’affaires et commerciale.
– Lundi 29 mai : Aviation sanitaire.
– Mardi 30 mai : Électronique.
– Mercredi 31 mai : Équipement.
– Jeudi 1er juin : Giraviation.
– Vendredi 2 juin : Missions françaises et étrangères.
– Samedi 3 juin : Présentations en vol précédées d’un déjeuner de 8 000 couverts réunissant des personnalités du monde entier.
– Dimanche 4 juin : Fête aérienne internationale.
Dans l’Armée de l’air britannique
La politique de défense du Gouvernement britannique continue à susciter de vives critiques à la Chambre des Communes, non seulement de la part des députés de l’opposition, mais aussi d’un certain nombre de représentants de la majorité.
Ces critiques portent principalement sur le manque de précisions concernant la stratégie britannique au-delà de Suez et l’utilisation de bombardier F-111K acheté aux États-Unis et qui doit constituer l’instrument essentiel de cette stratégie. De plus, les députés veulent connaître le coût exact de l’ensemble de l’opération F-111, comme celui du programme franco-britannique concernant l’avion à géométrie variable.
Le budget de la RAF a été voté malgré une forte opposition, puisque plus de 60 députés du parti travailliste se sont abstenus. Cette abstention a réduit la majorité gouvernementale à 39 voix, ce qui ne s’était jamais vu depuis la prise du pouvoir par le Gouvernement Wilson, il y a deux ans.
Au cours du débat, M. Melvyn Rees, secrétaire d’État à l’Air, a défini les grandes lignes de l’organisation et de l’équipement de la RAF que le Gouvernement entend réaliser conformément aux principes établis dans le Livre blanc 1967.
Organisation. — Dès le 1er avril 1968, le Bomber Command et le Fighter Command seront réunis en un seul commandement opérationnel, prenant provisoirement la dénomination de Strike Reconnaissance and Defence Command.
L’Aviation de transport gardera sa forme actuelle et s’appellera le Transport and Ground Attack Command.
Le Coastal Command et le Signals Command (Commandement des Transmissions) seront réorganisés de façon à assurer une meilleure efficacité aux opérations menées en liaison avec la Navy.
Les Forces aériennes d’Extrême-Orient seront réorganisées et remaniées dans le sens de la nouvelle politique de défense à l’Est de Suez.
Équipement de la RAF. — Les avions stratégiques. — Le F-111K, avion biréacteur, doté d’une aile à géométrie variable, a été commandé aux États-Unis. Il semble toutefois que les livraisons doivent subir un certain retard étant donné certaines difficultés de mise au point. Cet avion doit en principe assurer des missions de frappe nucléaire et de reconnaissance stratégique, bien que cet emploi soit encore très controversé et discuté.
Les bombardiers V équipant les forces nucléaires stratégiques du Royaume-Uni seraient remplacés, après 1975, par l’avion à géométrie variable construit conjointement avec la France.
Les avions tactiques. — 150 Phantom F-4 ont été achetés aux États-Unis. Ces avions, dont la première unité d’entraînement sera opérationnelle à la fin de l’année, doivent constituer l’essentiel d’une force tactique déployée en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Extrême-Orient. L’ensemble sera opérationnel d’ici 8 ans.
Dans 6 ans environ, les Phantom seront remplacés par la version tactique du Jaguar, construit en coopération avec la France. Les Phantom seront alors affectés à des missions de défense aérienne. Ils remplaceront eux-mêmes les Lightning dont la production se poursuivra jusqu’en 1970.
Le Hawker Siddeley P-1127, appareil à décollage et atterrissage vertical (VTOL), sera prochainement produit à 80 exemplaires au profit de la RAF.
La version « École » du Jaguar remplacera le Folland Gnat.
Les avions de transport et les hélicoptères. — 66 quadriturbopropulseurs C-130 Hercules sont commandés aux États-Unis. Les quatre premiers viennent d’être livrés.
30 Comet (De Havilland) « version Marine » seront construits pour le Coastal Command.
15 hélicoptères lourds CH-47 Chinook (Boeing), de fabrication américaine, équiperont l’aviation de transport, ainsi qu’une cinquantaine d’hélicoptères de manœuvre français SA-330 Puma (Sud Aviation), attendus pour 1970.