Foch et la bataille de 1918
Écrit à la gloire de Foch, ce livre est rédigé dans un style ardent, très différent de celui que les auteurs emploient généralement pour présenter leurs études historiques. Les événements qu’il raconte sont connus des « anciens », mais sans doute beaucoup moins des jeunes, car l’histoire a pris plaisir à accumuler d’autres événements depuis ceux qui décidèrent du sort des armes, dans la première guerre mondiale. André Laffargue montre à quel point ce que la tradition a tendance à appeler une guerre de position contenait en fait de manœuvres et de mouvements.
L’intérêt du livre réside surtout dans la démonstration, faite sur un cas concret de vaste dimension, de la nécessité d’un commandement unique dans une coalition et de celle d’un chef disposant personnellement d’attributions et de responsabilités. À l’époque où il est souvent de mode de vanter les avantages d’un commandement collégial, l’exemple de 1918 peut servir d’utile sujet de réflexion ; la victoire n’apparut vraiment qu’au moment où Foch fut nommé Commandant en Chef ; tant qu’il n’avait été chargé que de « coordonner » les actions des armées alliées, le succès s’était montré hésitant et précaire. Mais pour exercer un commandement en chef, il faut un ensemble de qualités rarement réunies chez un seul homme. Quelle fut la qualité dominante de Foch ? Sans doute sa foi dans la possibilité de la victoire, donc dans l’obtention de celle-ci, une foi qui sut se communiquer aux généraux et aux hommes politiques français et alliés, aussi différents qu’ils fussent et aussi divers qu’aient été les intérêts dont ils avaient la charge. La foi seule ne suffit pas ; elle ne prend de valeur que si elle est étayée par une profonde connaissance du métier dans tous ses aspects. Foch avait passé toute sa vie à méditer sur la guerre ; il eut le rare privilège de passer sans peine de la méditation à l’action et de savoir débarrasser celle-ci, au moment du besoin, des données théoriques qui l’auraient entravée.
Le livre d’André Laffargue, qui vient après plusieurs autres ouvrages confirmer le talent de l’auteur, est certainement de ceux qu’il est bon de lire et de conserver.