L’importance stratégique de la zone Caraïbe
L’importance stratégique d’une zone évolue dans le temps à mesure que ses composantes propres : ressources diverses (1), bases (2)… évoluent elles-mêmes dans leur nature, leur utilisation, leur environnement ou avec l’apparition de nouvelles techniques ou de nouvelles données telles que l’accroissement du rayon d’action des navires ou des avions, le fait nucléaire ou spatial… Cette importance varie aussi selon les puissances intéressées en fonction du caractère géopolitique de la zone et du rôle qui lui est imparti dans les stratégies respectives, elles aussi évolutives, de ces puissances.
Dès l’aube du XVIe siècle, la valeur stratégique du chapelet insulaire des Antilles, long de près de 8 000 kilomètres de la Floride aux Guyanes, apparaît aux découvreurs espagnols qui y implantent leurs bases d’exploration et de conquête du « Nouveau Monde des Indes Occidentales ». Le « pont discontinu entre les deux Amériques », constitué par ce millier d’îles et d’îlots : Bahamas, Grandes Antilles, Îles Vierges, Petites Antilles, commande non seulement les routes maritimes de l’Atlantique vers les rivages continentaux de Key West à Trinidad, mais contrôle aussi dans l’autre sens les débouchés de la mer Caraïbe et du golfe du Mexique vers le grand large atlantique et l’Eurafrique. L’étroite dépendance réciproque des rivages continentaux, des mers et golfes intérieurs et du chapelet insulaire antillais donne son unité et ses limites à la zone Caraïbe.
Théâtre, pendant près de trois siècles, des efforts, des rivalités et des luttes sur terre et sur mer des puissances européennes, la zone évolue rapidement ensuite au cours du XIXe siècle : des États naissent et l’influence européenne régresse ; de nouvelles ressources sont inventoriées et exploitées ; l’isthme centre américain est percé ; l’équipement se modernise. À partir du XXe siècle, son contrôle devient pour les États-Unis d’Amérique, une nécessité d’extrême importance.
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