Visite au pays de l’apartheid
Pour le voyageur qui se rend en Afrique du Sud et qui, par la force des choses, s’arrête en Afrique noire, le contraste entre les pays qu’il visite est d’année en année plus saisissant.
En Afrique noire, la négritude triomphe. Le Blanc, même lorsque sa présence est encore souhaitée, n’occupe plus, et de loin, la place qui était la sienne autrefois. Trop souvent, le désordre menace, du fait des difficultés économiques qui s’aggravent, si même, sur certains points, la violence ne prévaut pas. Aussi un sous-développement croissant risque-t-il de gagner au jeu dans ces contrées.
Et puis, nous voici en Afrique du Sud, qui se dit blanche, encore que près de treize millions de Noirs et près de deux millions et demi de « coloured » (Métis et Indiens) y vivent à côté de trois millions et demi de Blancs. Mais ici le Blanc est roi ; et il a magnifiquement réussi. Le pays est en pleine croissance, à un rythme exceptionnel, de style nord-américain. Il est incontestablement une des régions les plus prospères du monde ; et le niveau de vie des Blancs y est un des plus élevés qui soient. À Johannesburg, de nouveaux gratte-ciel s’édifient chaque mois ; et à Capetown, on nous montrera un réseau d’autoroutes à faire pâlir de jalousie les États-Unis. Mais partout les Noirs sont surveillés, limités dans leurs mouvements, endigués à coup de ségrégation, même lorsque des efforts sincères sont entrepris pour assurer leur propre développement. C’est là le drame de l’Afrique du Sud, dans toute sa simplicité, dans toute sa complexité aussi.
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