Au moment de mettre sous presse, nous apprenons l’accident d’aviation qui vient de coûter la vie au Général Ailleret.

Nous nous proposons, dans notre prochain numéro, de retracer la carrière du chef d’état-major des Armées. Mais, aujourd’hui même, nous voulons rappeler les relations étroites qu’il entretenait avec la Revue de Défense Nationale.

J’ai connu le Général Ailleret, lieutenant au 32^e Régiment d’artillerie, et il aimait à me rappeler des souvenirs de cette période de sa vie de jeune officier.

Je l’ai retrouvé colonel, directeur des armes spéciales. Il me demanda alors de l’aider dans la diffusion d’une idée qui lui était chère : la création d’armes nucléaires françaises. Sous sa signature, la Revue de Défense Nationale publia une série de quatre articles destinés à convaincre les autorités responsables de l’intérêt d’une réorganisation de nos Armées sur une base atomique. Chaque titre résumait bien sa pensée : « L’arme atomique : arme à bon marché » ; « Application pacifique et militaire de l’énergie atomique » ; « L’arme atomique : ultima ratio des peuples » (octobre, novembre et décembre 1954) ; « L’arme atomique, facteur de paix ? » (janvier 1955). Aujourd’hui, ces idées sont partagées par beaucoup et le gouvernement, en 1962, lui confiait les fonctions de chef d’état-major des Armées pour les appliquer.

C’est à ce titre qu’il reprenait, en 1964, le développement de ses conceptions dans la Revue de Défense Nationale. Il critiquait vertement la stratégie américaine de la « flexible response » puis il exposait successivement la stratégie française et l’évolution nécessaire de nos structures militaires. Il devait terminer cette série d’études par un article retentissant, dont les termes sont encore dans toutes les mémoires, sur la « défense tous azimuts ». Cette expression a fait le tour du monde. C’est la sienne. Et elle n’a pas fini d’animer les polémiques.

Qu’il nous soit permis, ici, d’exprimer la douleur que sa disparition nous cause. À ce deuil des Armées, la Revue de Défense Nationale s’associe pleinement. Elle présente au fils et à la famille du Général Ailleret ses condoléances attristées. ♦