Le gaz en France
L’industrie du gaz est fort ancienne puisqu’elle a pris naissance au début du XIXe siècle. Et pourtant elle fait preuve aujourd’hui d’un dynamisme que lui envient bien des industries plus jeunes. Elle connaît, en effet, depuis quelques années, un renouveau qui bouleverse la physionomie héritée du passé. Industrie de service, essentiellement de service public, ses principaux débouchés furent longtemps confinés à l’éclairage public ou aux emplois domestiques. Avec le temps les emplois industriels se développèrent, et désormais l’industrie du gaz, tout en continuant à vendre du confort, prend une place de plus en plus importante sur le marché de l’énergie. Son poids dans la vie économique s’en est trouvé accru.
En dix ans, les ventes de gaz du Gaz de France ont plus que doublé, passant de 14,2 milliards de thermies en 1957 à 31 milliards en 1967 ; il faut y ajouter les ventes réalisées par ses filiales, la Compagnie Française du Méthane et la Société Nationale des Gaz du Sud-Ouest à leurs clients industriels, qui pour l’année 1967 s’élèvent à près de 24 milliards de thermies. Comment expliquer le développement spectaculaire d’une industrie dont certains naguère allaient jusqu’à prédire la disparition prochaine ? On peut lui trouver trois causes. D’abord, après la guerre a été entrepris un immense effort de réorganisation et de concentration. Puis l’exploitation du gaz naturel a élargi considérablement ses perspectives de débouchés, en permettant une baisse sensible et régulière des prix. Enfin, le gaz possédant de nombreux avantages liés à l’état physique et chimique du combustible : suppression du stockage et des manutentions, absence de préparation, souplesse d’emploi, pureté, etc… ceux-ci ont facilité sa substitution à d’autres formes d’énergie.
On parle souvent de monopole à propos de l’industrie du gaz. En fait, dès sa création et tout au long de son histoire, elle s’est trouvée en concurrence avec d’autres formes d’énergie. Certes, très tôt, le régime de la concession a octroyé aux sociétés gazières un monopole géographique dans une ville donnée. Depuis la nationalisation, ce monopole a été étendu à la France entière. En contrepartie, les pouvoirs publics ont imposé au concessionnaire diverses obligations : fourniture à tout client, tarifs, égalité de traitement des clients placés dans des conditions techniques identiques… Ces diverses obligations se sont étendues de la distribution au transport au fur et à mesure que ce dernier se développait. D’autre part, l’industrie du gaz possède une structure rigide et lourde. Elle exige une nombreuse main-d’œuvre, non pas tant pour la production et le transport que pour la distribution ; elle exige également des investissements considérables. Par exemple, pour un chiffre d’affaires de 2,4 milliards de francs le Gaz de France a investi en 1967 près d’un milliard de francs.
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