Les grandes puissances et la Paix - Équilibre à trois ou à cinq
Pour les lexicographes, la notion d’équilibre se définit comme « l’état d’un corps en repos sous l’action de forces qui s’annulent en s’opposant ». On a souvent parlé d’équilibre mondial, mais on avait auparavant, durant des siècles, parlé d’équilibre européen que le dictionnaire explique ainsi : « système politique tendant, aux temps modernes, à assurer le maintien de la paix par le contre-balancement des forces des grands États européens ». Le mot anglais pour nommer l’équilibre, c’est-à-dire les poids égaux, est celui de « balance », ce qui est une jolie image concrète pour désigner la chose.
À la notion d’équilibre pourrait s’opposer soit celle de sa rupture par la guerre, soit celle d’une hégémonie. L’exemple le plus illustre de cette hégémonie est peut-être, dans les temps anciens, celui de Rome. Quant aux guerres, elles n’ont pas manqué. Il semble bien que la notion d’équilibre en politique internationale ait été imaginée par comparaison avec les lois physiques ou astronomiques ; mais, en tout cas, ce qui apparaît à tous, c’est le caractère souhaitable de cet équilibre, mais non inévitable.
Somme toute, l’équilibre est toujours plus ou moins précaire ou instable. Quelques exemples d’équilibre dans le passé entre les grandes puissances : en Europe aux XVIe et XVIIe siècles, la France, l’Espagne (Maison d’Autriche) et l’Angleterre ; au XVIIIe siècle, la France, l’Angleterre, l’Autriche, la Prusse, la Russie. En 1939, sur le plan mondial, les États-Unis, l’Allemagne, l’U.R.S.S., l’Angleterre, la France, le Japon, l’Italie. On notera au passage que la France et l’Angleterre ont figuré en permanence parmi la liste de ces puissances.
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