Outre-mer - La Ve Conférence au sommet des chefs d'états de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) - La République centrafricaine, productrice d'uranium
La Ve Conférence au sommet des Chefs d’États de l’Organisation de l’unité africaine (OUA)
La capitale algérienne a connu, au cours de l’été qui s’achève, une vive activité diplomatique au sein de laquelle les problèmes d’Afrique ont pris une place de choix.
En effet, après les réunions interafricaines qui se succédèrent en juillet à Alger – Comité des « Onze » concernant les mouvements de libération du 16 au 26 juillet, Comité des « Cinq » sur la Rhodésie du 23 au 26 juillet, Comité des Femmes du 27 juillet au 2 août – Alger devait être le siège de la 11e Session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’OUA du 4 au 18 septembre 1968, session qui précédait le 5e Sommet des Chefs d’États africains réunis à leur tour au « Club des Pins » à une vingtaine de kilomètres d’Alger.
À la 11e Session du Conseil des ministres des Affaires étrangères, 33 pays étaient présents ou officiellement représentés, 5 étaient absents au début des travaux, préoccupés par leurs problèmes intérieurs ou leurs différends frontaliers, un, le Malawi, absent délibérément durant toute la session.
Le Conseil, que présidait M. Bouteflika, ministre des Affaires étrangères d’Algérie, devait étudier à l’intention des Chefs d’États un ordre du jour particulièrement fourni et pour lequel les problèmes de coopération et d’économie interafricaines et les problèmes politiques constituaient l’essentiel. Le bilan des travaux s’est soldé par l’adoption de diverses résolutions intéressant la Conférence de l’ONU sur le commerce et le développement (Onuced), les groupements régionaux, l’aide du Fonds monétaire international (FMI), la création d’une organisation africaine de l’aviation civile, l’unification syndicale, etc. Un projet concernant une Convention africaine des Réfugiés a été renvoyé à la prochaine session. La Commission politique a, de son côté, présenté des résolutions soulignant un durcissement des positions africaines traditionnelles relatives à la lutte pour la libération des territoires encore sous domination, résolutions visant le Portugal, le Sud-Ouest africain et la Rhodésie. Tandis que les affaires délicates, sources de divisions évidentes, tels le conflit nigérian-biafrais, l’affaire Tshombé ou les positions africaines à l’égard du conflit israélo-arabe, étaient laissées à l’examen des Chefs d’État, les divers orateurs, en séance de clôture, s’efforcèrent de rester optimistes en développant dans leurs interventions le thème général de la confiance en l’avenir de l’Afrique.
Le 5e Sommet des Chefs d’États et de Gouvernements qui suivit immédiatement après, réunissait – hormis le Malawi – 39 États. Sous la présidence du colonel Boumédienne, les travaux de la conférence ne pouvaient manquer d’être empreints d’une tonalité maghrébine. M. Thant, Secrétaire général de l’ONU, qui assistait à la séance d’ouverture, en profitait pour rappeler l’importance des problèmes brûlants d’actualité posés par le conflit nigérian-biafrais, soulignant notamment « au nom de l’humanité, combien il était indispensable de ne rien négliger pour aider à atténuer les effets de ce conflit tragique ».
Durant ce temps, au Nigeria, les opérations militaires se poursuivent sans désemparer, l’armée fédérale, avec l’appui de l’aviation, s’efforçant d’accentuer sa pression sur le « réduit biafrais » afin de supprimer au plus tôt toute base territoriale à la rébellion des Ibos.
C’est dans cette ambiance et dans cette perspective que la Conférence adoptait à une très forte majorité la résolution condamnant la sécession biafraise, en dépit de l’opposition des États qui avaient reconnu le Biafra.
Dans le même temps, deux autres résolutions devaient être également adoptées, l’une concernant et condamnant les régimes sud-africains et rhodésiens, décidant en particulier de considérer « toute agression contre un État-membre de l’OUA par les régimes racistes et colonialistes comme une agression contre l’ensemble des États membres », l’autre apportant au camp arabe un appui non négligeable dans sa lutte contre Israël. Le cas Tshombé quant à lui, considéré par Kinshasa comme une affaire intérieure congolaise ne concernant qu’Alger et Kinshasa ne fut, semble-t-il, pas évoqué tout au moins publiquement.
Outre l’adoption d’une trentaine d’autres résolutions présentées par le Conseil des ministres des Affaires étrangères, la Conférence renouvela pour quatre ans sa confiance en son Secrétaire général, M. Diallo Telli et désigna comme candidat africain à la Présidence de la 24e Session de l’Assemblée générale de l’ONU, Mme Brooks que présentait le Liberia.
Ce n’est qu’à la session de clôture que le Haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés, invité d’honneur du 5e Sommet, put rappeler l’importance du problème des réfugiés en Afrique qui intéresse d’après lui plus de 850 000 personnes. Comme l’avaient suggéré les ministres, le projet de « Convention africaine des réfugiés » était renvoyé à une session ultérieure.
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En bref, la conférence d’Alger ne pouvait espérer en 48 heures de délibérations parvenir à régler les problèmes qui se posent au continent africain. Pour beaucoup d’observateurs, l’OUA s’est contenté de survivre, en limitant les conséquences de ses déchirements internes. Et si certains parlent de ses divisions et de son impuissance, d’autres notent, par contre, un effort de coexistence qui pourrait, disent-ils, ouvrir les voies à une plus large coopération interafricaine.
La République centrafricaine, productrice d’uranium
Le plan quadriennal de la République centrafricaine, qui couvre la période 1967-1970, s’est efforcé de tracer les orientations et les actions d’ensemble qui devraient permettre à l’économie centrafricaine de se maintenir et de se développer. Malgré les nombreuses difficultés, un gros effort a été fait dans le domaine de la production agricole et forestière, sans pour autant négliger le développement de la production industrielle.
C’est dans cette perspective que les recherches géologiques et les prospections minières ont été activement poussées, notamment dans l’Est du pays.
Depuis longtemps déjà la présence d’un gisement d’uranium était signalée dans la région de Bakouma au Nord de Bangassou, à quelque 500 kilomètres à l’Est de Bangui. Mais l’exploitation, si elle se révélait rentable, nécessitait d’importants investissements de sorte que l’opération n’avait été que simplement envisagée dans le plan en cours. D’autre part, le minerai révélait une teneur importante de phosphate, ce qui paraissait le rendre réfractaire à tout traitement chimique.
Néanmoins ces difficultés ont pu être surmontées et le 17 juillet 1968, le président de la République centrafricaine, le général Bokassa, signait un protocole prévoyant la création d’une société minière dans laquelle l’État centrafricain, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et la Compagnie française des minerais d’uranium étaient représentés.
La décision de mettre en exploitation le gisement de Bakouma entraînera, outre la valorisation du réseau routier, l’implantation d’un complexe industriel comprenant notamment une usine d’enrichissement et une centrale thermique. Il est prévu que vers 1972 la production pourrait atteindre 500 tonnes par an.
Ainsi un nouveau pôle de développement économique est en voie de création dans cette région, jusqu’ici bien défavorisée par la nature. La RCA ne peut qu’y trouver avantage.