Aux innombrables témoignages des acteurs de la dernière guerre mondiale, vient s’ajouter celui du général Béthouart. Il est inutile de présenter l’auteur ; il serait tout aussi vain de tenter de résumer ce qu’il écrit.

Ce livre présente tout d’abord un intérêt historique évident. La campagne de Norvège, les fonctions remplies en Afrique du Nord, d’abord sous le gouvernement de Vichy, puis après le débarquement anglo-américain de 1942 auquel l’auteur prit la part que l’on sait, le commandement du 1^er Corps d’armée, autant d’événements capitaux dont il est particulièrement utile d’avoir la relation par l’acteur principal. On trouvera, outre des portraits des hommes célèbres que le général Béthouart eut l’occasion d’approcher, des précisions et des jugements sur les faits. Une documentation de première main est ainsi versée au dossier de l’histoire de ces années fertiles en événements.

Mais il est un autre aspect de ce livre : l’itinéraire psychologique d’un homme qui, ayant toujours souhaité reprendre la lutte contre les Allemands alors que ceux-ci occupaient notre territoire, rencontre le général de Gaulle en Angleterre le 19 juin 1940 et décide pourtant de revenir avec une grande partie de ses hommes en France ou en Afrique du Nord ; qui plus tard, prépare l’accueil au Maroc des forces américaines et, après avoir servi loyalement sous les ordres du général Giraud, prend, près du général de Gaulle, les fonctions de Chef d’état-major de la Défense nationale ; et qui, enfin, loin des milieux politiques, conduit au combat et à la victoire une grande unité française enfin reconstituée.

Ce second aspect est sans doute moins nettement explicité que le premier ; mais il est probable qu’il intéressera davantage encore le lecteur.