Perspectives nouvelles en Libye
La Révolution libyenne du 1er septembre semble avoir surpris jusqu’aux observateurs américains et britanniques locaux eux-mêmes, pourtant directement concernés par la situation et bien placés pour la suivre. Si, en effet, à défaut de mesures évolutives restées jusque-là trop timides, on pouvait prévoir qu’un bouleversement politique finirait par devenir inéluctable, rien cependant n’autorisait à annoncer son imminence.
Un régime traditionaliste se prolongeait dans l’ère du pétrole
Le rapide développement pétrolier de la Libye posait des problèmes sociaux et politiques, auxquels la dynastie senoussie, confiante en ses assises traditionnelles, ne donnait guère que des réponses d’attente (1).
L’organisation de services sociaux modernes, le développement de l’instruction et la construction intensive de logements visaient à atténuer les effets de l’effondrement des structures tribales et de l’afflux des ruraux vers les villes ; mais les vues d’ensemble qui guidaient ces réalisations n’allaient guère au-delà du simple paternalisme. La nécessité d’assurer un solide fondement moral à la société libyenne était d’autant mieux perçue que l’afflux soudain de la richesse en ce pays pauvre bouleversait les conditions de la vie ; cependant, l’on se préoccupait surtout de renforcer les étais traditionnels, influence de la confrérie senoussiya (d’ailleurs beaucoup plus grande en Cyrénaïque qu’en Tripolitaine) et autorité de la morale musulmane, sans se hâter d’étudier les possibilités d’adaptation de ces facteurs aux conditions nouvelles. L’infiltration des idées jugées subversives était combattue par des moyens de police.
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