L'Allemagne qui avait vu à l'origine dans la formation de la communauté européenne le moyen, inespéré après le désastre de 1945, de faire sa rentrée sur le plan international, ne serait-elle pas tentée de considérer cette construction comme superflue maintenant qu'elle a recouvré la plénitude de sa puissance politique et économique ? C'est à réfuter cette crainte que s'emploie ici l'auteur, journaliste allemand, ami de notre pays où il est implanté de longue date et où il assure la correspondance de la Stuttgarter Zeitung et de Radio Sarrebrück.
L'Allemagne est-elle encore européenne ?
À premiere vue, il paraît assez banal et même superflu de parler de l’attitude allemande envers l’Europe. Depuis vingt ans que l’unification de notre continent est à l’ordre du jour, la République Fédérale d’Allemagne se trouve au centre de ce problème. Les déclarations européennes des hommes politiques de toutes tendances ainsi que des représentants de l’économie et des syndicats forment un volumineux dossier, qui constituera sans doute un jour une source abondante pour les historiens.
Pourtant, l’opinion publique internationale, et non pas seulement française, ne cesse de s’interroger sur la solidité des convictions européennes allemandes ainsi que sur leur motivation. Par ailleurs, la tentation est grande d’analyser les comportements actuels en recourant aux notions du XIXe siècle, de meubler le présent avec les concepts intellectuels du passé, tels que « l’équilibre des forces » ou « l’égoïsme sacré » — de triste mémoire. Beaucoup d’observateurs fort sérieux vont jusqu’à se demander si l’évolution économique et politique de la République Fédérale des dernières années ne risque pas d’être incompatible avec les aspirations européennes et si la Communauté Européenne n’est pas exposée au danger d’être abandonnée un jour par une Allemagne qui se sentirait économiquement et politiquement suffisamment forte pour pouvoir reprendre les chemins dangereux et obscurs de l’aventure nationaliste. Dans ces conditions, il n’est sans doute pas inutile d’explorer les motivations européennes allemandes et d’évaluer la force actuelle des courants ou des liens européens existant outre-Rhin.
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