L'auteur a déjà exposé des vues originales sur la dissuasion et la stratégie indirecte dans son essai paru chez Pion en 1967 : L'épée de Damoclès. Il nous a paru intéressant de livrer à nos lecteurs ses réflexions prospectives sur l'avenir de la dissuasion au moment où s'ouvraient les conversations américano-soviétiques d'Helsinki. Les auteurs publiés dans nos colonnes expriment leurs opinions personnelles qui ne reflètent pas nécessairement celles des instances officielles.
La peau de chagrin
En novembre dernier, des négociations se sont ouvertes entre les deux grandes puissances atomiques, en vue d’obtenir une limitation théorique des armements nucléaires. Ce n’est pas la première fois que l’on caresse l’espoir d’y parvenir, mais les précédents, dont ceux de la Commission de Genève, n’ont rien d’encourageant. On pourrait avancer diverses motivations très valables, pour expliquer ce nouvel essai. Il en est une, qui demeure sous-jacente à toutes les autres : l’équilibre de terreur, si agréable en ses effets rassurants, devient de plus en plus fragile.
Pour peu que cette inquiétante évolution se poursuive, le jeu subtil de la dissuasion deviendra si périlleux qu’il sera susceptible d’engendrer le pire, même dans la certitude que personne n’y trouverait son avantage.
Caractères de la dissuasion traditionnelle
Jusqu’ici on estimait que l’effet de dissuasion se manifestait à partir du moment où l’appréciation de l’importance du risque devenait supérieure à celle de l’enjeu. La diminution de la liberté d’action devenait alors proportionnelle à l’intensité de la crainte. La dissuasion jouait naturellement à tous les niveaux de l’action stratégique : guerre froide, guerre classique, guerre atomique, que différenciait le degré des « probabilités de survie » afférent à chaque mode d’action.
Il reste 95 % de l'article à lire
Plan de l'article