Actualité économique - Le budget de 1970
L'examen du projet de loi de finances pour 1970 a été achevé en première lecture par l’Assemblée nationale vers la fin de novembre et le Sénat en a été immédiatement saisi. Quoique la discussion devant le Parlement doive apporter au projet du gouvernement [de Jacques Chaban-Delmas] * certaines modifications, il est permis de penser que les « grandes masses » de la loi de finances différeront assez peu du texte initial.
L’étude de celui-ci présente d’autant plus d’intérêt qu’il traduit en termes financiers la volonté de redressement de l’économie française manifestée par les pouvoirs publics depuis la dévaluation du 8 août. Le trait essentiel, sur lequel le gouvernement a déjà maintes fois insisté, est le retour à l’équilibre absolu du budget pour 1970, qui fait contraste avec l’évolution intervenue entre 1966 et 1968. Alors que l’exécution de la Loi de finances n’avait imposé aucune charge au Trésor en 1965, le déficit de trésorerie atteignait 2 milliards en 1966, 6,3 milliards en 1967 et 9,5 milliards en 1968. Pour l’année 1969, les chiffres ne sont pas encore disponibles, mais on sait que les choses ont beaucoup changé entre l’automne 1968 (moment où fut déposé le projet de loi de finances pour 1969) et la fin de 1969 : le projet initial s’établissait en découvert de 11,5 milliards, chiffre considérable, qui fut amené à 6,4 milliards après l’alerte spéculative de novembre 1968 ; en déposant le projet de « collectif » pour 1969, le gouvernement a fait connaître que le découvert serait en définitive ramené à 3,5 milliards, malgré les majorations de dépenses intervenues en cours d’année, les recettes dépassant les prévisions de 4,8 milliards. En trésorerie, les charges dues à l’exécution de la loi de finances atteignent, pour les huit premiers mois des deux années considérées, 13,8 milliards en 1968, 7,7 milliards en 1969 ; l’amélioration n’est toutefois pas aussi sensible que pourraient le faire croire ces chiffres, car les ressources du Trésor en provenance du système bancaire (qui contribuent à l’expansion de la masse monétaire) sont restées du même ordre de grandeur : 7,9 milliards en 1969 contre 7,0 en 1968.
Le retour à l’équilibre total du budget pour 1970 est présenté par le gouvernement comme une contribution immédiate à l’assainissement de l’économie française et aussi comme traduisant « sa préoccupation à plus long terme de limiter progressivement les interventions de l’État dans les secteurs de la vie nationale où elles ne dégagent pas le plus haut niveau d’efficacité et où elles ne répondent pas aux grands impératifs nationaux ». Ainsi la réalisation de l’équilibre n’a pas un caractère « accidentel », mais « constitue un objectif permanent et durable du gouvernement dans des circonstances économiques normales ».
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