La nature des choses
L’essai que nous livre André Beaufre ne prétend pas être l’œuvre d’un philosophe mais celle d’un homme d’action et d’un penseur militaire qui s’interroge sur la signification de la création, sur son architecture et sa finalité. C’est précisément ce qui en fait l’intérêt. Son propos n’est pas de prouver mais d’affirmer une conviction et d’aider à comprendre pour agir, sinon avec certitude, du moins avec une foi plus ferme, en accord avec le monde tel que la science la plus moderne nous le fait découvrir.
Sa démarche consiste, à partir de notions d’ensemble à la suite d’une réflexion sur la nature de la matière – c’est-à-dire en fait de l’énergie et de ses deux attributs, l’espace et la durée irréversible – à dégager le sens de la création à travers l’évolution et son couronnement par l’homme dont la fonction est une spiritualisation par transformation et structuration de l’énergie.
Ce monde temporel qui a une origine et qui aura une fin postule l’existence d’un monde intemporel (donc suivant nos concepts humains, infini et éternel) avec une volonté créatrice et rationnelle d’où procèdent les lois qui gouvernent la nature suivant un mode qui n’est pas sans analogie, semble-t-il, avec l’idéalisme platonicien.
Encore une fois l’auteur ne se pose pas en métaphysicien et il ne nous impose aucune foi religieuse : il nous dit simplement comment sa conviction s’est établie et combien elle est tonifiante.
Sa vision optimiste de la nature de l’univers fournit les bases de « l’édifice de pensée qui devrait être celui de la civilisation du troisième millénaire, non plus en conflit, mais dans une harmonie rajeunissante avec les plus anciennes croyances de l’humanité ».