D'après le texte d'un exposé prononcé le 28 février 1970 devant les auditeurs de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN).
Financement de la politique militaire française
En faisant part de ces quelques réflexions sur le financement des dépenses de défense, je suis immédiatement réduit à introduire le lecteur au cœur d’un débat qui peut naître à propos de toutes les actions humaines : celui des rapports, plus complexes qu’on ne l’imagine au premier abord, entre la fin et les moyens. La fin, en l’espèce, est la plus essentielle qui puisse exister pour une collectivité puisqu’elle peut être le droit de cette collectivité à l’existence : une fois définie la politique de défense qui permet d’assurer cette existence, il ne devrait donc pas y avoir de limite autre que celle des possibilités physiques à la satisfaction d’une telle nécessité.
C’est d’ailleurs bien ce qui se produit lorsque la nation est engagée dans un conflit où sa destinée est en jeu : les dépenses de guerre de la France aux XIXe et XXe siècles ont atteint 40 % de son budget général ; les dépenses militaires d’Israël aujourd’hui atteignent ce pourcentage de son budget. Mais une telle tension dans l’effort ne peut durer indéfiniment hors le cas de nécessité absolue, et si, en économie de guerre ou de réarmement, les mécanismes économiques sont subordonnés aux exigences de la défense, en deçà d’un certain degré de tension internationale, lorsque la nation ne se sent pas menacée dans sa sécurité, et si elle ne nourrit pas d’ambitions impérialistes, le choix du volume des dépenses militaires résulte d’un compromis entre les nécessités de défense et les conditions du meilleur développement économique et social, ainsi que du progrès du niveau de vie dans la nation intéressée. Il pourra même arriver que, la paix paraissant assurée pour de longues années, le volume des dépenses militaires soit subordonné à l’effort restant possible une fois satisfaites les autres exigences jugées aussi essentielles.
Certes la politique militaire n’est pas le seul domaine dans lequel les moyens qu’il est permis de dégager limitent la réalisation des fins recherchées. C’est là cependant que la marge de manœuvre des gouvernements entre la fin et les moyens est la plus large et qu’elle est la plus facile à utiliser.
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