La notion de risque dans les opérations aéroportées
Les actions aéroportées ont généralement pour objet d’obtenir des effets qui seraient impossibles par d’autres moyens ou qui exigeraient des sacrifices beaucoup plus lourds. Mais le succès de telles actions, faute de reposer sur la supériorité des moyens, ne peut résulter que de la surprise dans la mise à terre des aéroportés et de l’effet de choc de leur première intervention.
L’importance de l’objectif étant sans commune mesure avec la modicité de moyens initialement mis à terre, il est logique que, dans de tels engagements, le taux des pertes consenties soit relativement élevé. Ces pertes ont deux sources distinctes ; d’une part, les accidents subis pendant la descente et à l’arrivée au sol, que nous appellerons « pertes techniques » ; d’autre part, les victimes des combats livrés pour remplir la mission initiale. Ces deux catégories de pertes sont d’ailleurs étroitement liées car la recherche de la surprise, qui implique des solutions de mise à terre hardies, accroît les risques de pertes techniques, mais peut diminuer le taux des pertes au combat dans la mesure où elle contribue à l’effet de choc. Encore faut-il que les pertes initiales ne soient pas prohibitives, car les effectifs disponibles immédiatement après l’arrivée au sol sont, eux aussi, un élément important de l’effet de choc.
Les démarches qui conduisent le chef à décider de l’opportunité d’une action aéroportée, puis à déterminer les conditions de cette action reposent donc essentiellement sur une étude de risques calculés. Certains éléments de la décision peuvent être déterminés d’une façon concrète, sinon toujours très précise, par des spécialistes aéroportés, et je pense au taux de « pertes accident » qu’on peut prévoir en fonction de la qualité de la zone de saut. D’autres facteurs, au contraire, tels que l’influence du choix de la zone de saut dans le déroulement ultérieur des opérations, sont plus aléatoires et ne peuvent être facilement étudiés dans les circonstances particulières du temps de paix. L’expérience des opérations aéroportées du passé fournit dans ce cas un élément d’appréciation et permet une approche du problème.
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