Maritime - Le budget de la Royal Navy pour 1970-1971 - Activité de la flotte soviétique en 1969 - Situation de la construction navale
Le budget de la Royal Navy pour 1970-1971
Le Gouvernement britannique a publié le 19 février dernier son Livre blanc sur la défense pour l’exercice 1970-1971 (en Grande-Bretagne l’année budgétaire commence le 1er avril).
Le budget de cet exercice se monte à 2,280 millions de livres (soit environ 30 milliards de francs) contre 2,266 M£ pour l’exercice précédent. Les crédits augmentent donc en valeur absolue de 14 M£ ; mais exprimés au prix constant 1969, ils ne représentent plus que 2,137 M£, soit une diminution de 128 millions par rapport à l’exercice précédent.
L’évolution du pourcentage des dépenses militaires par rapport au PNB, évalué suivant les normes Otan, montre une nouvelle régression puisqu’il passe de 7 % de 1964-1965 à moins de 6 % en 1969-1970 et 5,5 % cette année. L’objectif fixé pour 1972-1973 se situera au-dessous de 5 %. Néanmoins, le budget de défense britannique demeure, en valeur absolue, le plus important d’Europe occidentale.
En ce qui concerne la politique militaire, les grandes options du Gouvernement travailliste (Labor Party) y sont réaffirmées :
– achèvement de la construction des sous-marins nucléaires lance-missiles Polaris ;
– réduction des engagements outre-mer ;
– évacuation des forces encore situées à l’Est de Suez avant le 31 décembre 1971 ;
– concentration des forces en Europe occidentale ;
– diminution des effectifs.
L’accent dans le White Paper est mis, comme l’an dernier, sur la défense de l’Europe qui repose essentiellement sur la contribution américaine. Le Gouvernement une fois encore insiste sur la participation britannique à la défense de l’Otan puisque la quasi-totalité de la Royal Navy et de la RAF lui est réservée pour emploi et que la British Army over the Rhine (BAOR) et la RAF en Allemagne ainsi que certains éléments de la réserve stratégique stationnée dans la métropole lui sont affectés. La Marine s’apprête d’autre part à augmenter sa présence en Méditerranée.
La part de la Royal Navy entre pour 659,30 M£ dans ce budget soit 28,92 % de l’ensemble, ce qui représente un accroissement en valeur absolue puisque le budget de l’an dernier se montait à 642 M£. Il est ainsi réparti :
– Soldes Navy et Royal Marines : 102,01 M£
– Royal Naval Reserve : 1,69 M£
– États-Majors et Services centraux : 3,98 M£
– Recherche et Développement (R&D) : 42,60 M£
– Service de santé, Éducation, Personnel des Fleet Services : 21,16 M£
– Services logistiques (combustibles, vivres, stocks, munitions) : 247,19 M£
– Constructions neuves et réparations d’aéronefs et d’armes, salaires du personnel des arsenaux : 191,00 M£
– Divers : 17,24 M£
– Paiement des retraites : 32,55 M£
La composition de la flotte de combat sera la suivante :
Forces |
Navires opérationnels ou affectés aux écoles et expérimentations |
Navires en réserve, grand carénage ou refonte |
a) Forces de représailles stratégiques |
|
|
Sous-marins nucléaires lance-missiles |
Renown, Repulse, Revenge |
Resolution |
b) Forces polyvalentes |
|
|
Porte-avions |
Ark Royal, Eagle |
Hermes |
Croiseurs |
Blake |
Tiger, Lion |
Destroyers lance-missiles |
6 |
2 |
Destroyers classiques |
2 |
5 |
Escorteurs |
57 |
9 |
Sous-marins nucléaires d’attaque |
Dreadnought, Warspite, Churchill |
Valiant |
Sous-marins Diesel |
21 |
6 |
Porte-hélicoptères d’assaut |
Albion, Bulwak |
10 |
Transport d'assut |
Fearless, Intrepid |
|
Dragueurs |
44 |
|
Patrouilleurs de l’Antarctique |
Endurance |
|
Le tout représente, calculé en tonnes « Washington » [en référence au Traité de 1922], un tonnage global de 510 000 tonnes dont 109 400 en réserve.
À ce tonnage, il faut ajouter celui des navires auxiliaires et logistiques qui se monte à environ 300 000 t pleine charge (tpc) (1) dont environ 250 000 appartiennent aux Royal Fleet Auxiliaries. Ce sont des bâtiments appartenant à la Royal Navy mais qui sont soumis aux Merchant Shipping Acts de 1911 et aux règlements du ministère des Transports et des Lloyds.
L’entretien de la force de représailles stratégique reviendra à 32 M£. Trois sous-marins sont actuellement opérationnels : Resolution, Renown et Repulse ; le quatrième, le Revenge, le sera bientôt et dans le courant de l’exercice, le Resolution entrera en grand carénage.
Les forces à usage général coûteront 295 M£. À leur propos, le White Paper apporte quelques précisions intéressantes sauf en ce qui concerne l’avenir des porte-avions sur lequel il est totalement muet. Il se contente d’affirmer que l’Ark Royal (2) et l’Eagle de 40 000 t seront opérationnels durant l’exercice et que l’Hermes (24 000 t) sera placé en réserve. On sait néanmoins par une récente déclaration de M. Healey, le secrétaire d’État à la Défense, que les deux premiers seront prolongés jusqu’en 1973 au lieu d’être retirés du service fin 1971. Par cette déclaration et cette décision, le gouvernement travailliste a voulu sans doute atténuer, en période préélectorale (les prochaines élections doivent se dérouler au plus tard en mars 1971), la campagne en faveur des porte-avions, menée par la plupart des grands quotidiens et même des revues spécialisées comme Flight, pourtant peu favorables aux thèses de la Navy. Il espère ainsi retirer un argument électoral à l’opposition dont le leader n’a pas caché, s’il l’emportait dans la prochaine consultation qu’il maintiendrait l’Ark Royal et l’Eagle en service.
Dans la catégorie des croiseurs, le Blake a été remis en service après transformation en porte-hélicoptères anti-sous-marins (ASM). Une partie de son artillerie a été débarquée et remplacée à l’arrière par des installations aviation, hangar et pont d’envol, permettant de mettre en œuvre quatre hélicoptères du type Westland Wessex MK3 qui seront ultérieurement remplacés par trois engins du type Sikorsky SH-3D Sea King plus gros et mieux équipés. La refonte de son frère, le Tiger, est en cours.
La flotte s’est enrichie en février dernier du septième destroyer de la classe County : le Norfolk. Le huitième et dernier bâtiment de cette classe, l’Antrim entrera en service un peu plus tard dans l’année. Ce sont des bâtiments de 5 500 t équipés du missile surface-air à moyenne portée Sea Slug et d’un hélicoptère ASM du type Wessex.
En 1969-1970, cinq escorteurs polyvalents de 2 300 t de la classe Leander équipés d’un sonar remorqué et d’un hélicoptère léger piloté porteur de torpilles ASM ont rejoint les forces à la mer. Deux autres du même type seront « commissionnés » durant l’exercice 1970-1971 et un troisième pendant l’exercice suivant, ce qui portera à vingt-cinq le total des escorteurs de cette classe.
Dans la catégorie des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA), que les Britanniques appellent Fleet Submarines, le quatrième bâtiment de ce type, le Churchill va bientôt entreprendre ses essais. Trois autres sont en construction : le Conqueror, le Courageous en achèvement à flot, le Swiftsure sur cale. Le huitième, non encore baptisé, a été commandé l’an dernier et il est prévu d’en faire autant pour un neuvième durant l’exercice 1970-1971. Le Dreadnought en carénage depuis deux ans, va d’autre part, être réadmis au service actif à la place du Valiant qui entrera à son tour en réparation et révision.
Le programme naval porte en outre sur trois nouveaux types de navires :
– un destroyer lance-missiles type 82 ; le Bristol de 6 500 t lancé le 30 juin 1969. Il sera équipé du système surface-air Sea Dart (missile à moyenne portée, propulsé par statoréacteur, conçu pour être utilisé aussi bien contre les aéronefs évoluant à haute qu’à basse altitude) et d’une arme anti-sous-marine analogue à notre Malafon : l’Ikara.
– un destroyer lance-missiles type T42 de 3 600 t : le Sheffield. Ce bâtiment prototype d’une série de quinze a été mis sur cale en janvier 1970. Uniquement propulsé par turbines à gaz il sera équipé du Sea Dart et d’un hélicoptère ASM léger du type Westland WG.13 franco-britannique.
– une frégate de 2 500 t, l’Amazon construite sur les plans d’une firme privée. Trois autres bâtiments du même type vont être commandés.
Le document signale en outre, que l’étude d’un croiseur porte-aéronefs à décollage vertical dérivés du Harrier, est en bonne voie. Certains contrats relatifs aux plans de ce futur navire vont être placés dans l’industrie privée.
L’aviation embarquée, ou Fleet Air Arm, est, comme on sait, la seule dont dispose en propre la Royal Navy. Elle totalise environ 200 appareils de première ligne et autant de seconde. Le matériel en service comprend des Blackburn Buccaneer pour l’assaut et des De Havilland Sea Vixen pour l’interception. Ce dernier avion est d’ailleurs d’un type aujourd’hui dépassé. Pour équiper l’Ark Royal, vingt-huit intercepteurs tout temps Phantom ont été commandés aux États-Unis. Ces appareils qui sont équipés de moteurs Rolls Royce Spey ont maintenant tous été livrés. Pour la lutte contre les sous-marins, la Royal Navy n’emploie plus depuis plusieurs années que des hélicoptères. À bord des bâtiments de la taille des destroyers lance-missiles et au-dessus, elle utilise des hélicoptères de moyen tonnage équipés d’armes et de moyens de détection : le Wessex MK3 qui va être peu à peu remplacé par le SH-3D américain Sea King construit sous licence. Sur les bâtiments plus petits, c’est le Wasp, porteur uniquement d’armes, qui est utilisé en attendant qu’entre en service le WG.13 franco-britannique. Pour l’assaut héliporté le matériel standard reste le Wessex MK5.
L’aviation ASM basée à terre relève de la RAF mais elle est mise pour emploi à la disposition de la Royal Navy. Le Coastal Command à laquelle elle appartenait, a été dissous et intégré au Strike Command dont il constitue le Maritime Group. Son potentiel se monte à une centaine d’aéronefs dont 60 à 70 quadrimoteurs Avro Shackleton. Ces appareils doivent être remplacés par le quadriturboréacteur Hawker Siddeley Nimrod qui est dérivé du De Havilland Comet 4C de l’aviation civile. Le premier des trente-huit appareils de ce type a été livré le 2 octobre 1969 et le premier squadron opérationnel sera constitué en juin prochain ; le Maritime Group sera complètement rééquipé avec cet appareil vers le milieu de 1971.
Le White Paper donne aussi quelques renseignements sur le personnel militaire et civil de la Royal Navy.
Le 1er avril 1970, les effectifs militaires, y compris les Royal Marines, s’élevaient à 86 600 hommes (3) et femmes ainsi répartis :
– Hommes : 11 000 officiers et 72 300 non-officiers
– Femmes : 400 officiers et 2 900 non-officiers
Ce total est inférieur de 8 300 unités par rapport aux effectifs budgétaires qui devaient selon les Estimates de 1969-1970 s’élever à 94 900 personnes le 31 mars 1970. C’est que la Marine éprouve une certaine difficulté à recruter son personnel ; le nombre des engagements (hommes) est tombé de 7 463 en 1966 à 5 091 en 1967.
Quant au personnel civil, il se montera durant l’exercice 1970-1971 à un peu plus de 103 000 personnes dont 46 000 travailleront dans les arsenaux et 7 000 autres seront affectés à la R&D.
Enfin, le White Paper fait prévoir la fermeture à plus ou moins long terme de plusieurs écoles de spécialités et la création à leur place de quatre grands centres d’entraînement et de perfectionnement.
Activité de la Flotte soviétique en 1969
« La Marine soviétique est partout chez elle », a dit l’amiral Gorchkov, son commandant en chef. L’année 1969 a particulièrement illustré cet axiome puisque la flotte russe s’est manifestée en force non seulement en Méditerranée mais également dans l’océan Indien et même dans le Pacifique.
En Méditerranée, la composition moyenne de l’escadre que les Soviétiques y détachent désormais en permanence, a été l’an dernier de :
– 1 croiseur lance-missiles ;
– 4 destroyers classiques ou lance-missiles ;
– 3 à 4 escorteurs ;
– 3 bâtiments de débarquement de 1000 à 4 000 t ;
– 7 à 8 sous-marins dont 1 ou 2 SNA ou lance-missiles aérodynamiques.
La Marine soviétique ne disposant pas encore comme l’US Navy et la Royal Navy d’une importante flotte logistique, cette escadre n’a été soutenue que par un petit nombre, une dizaine au maximum, de navires logistiques, la plupart de faible tonnage, ce qui a limité sa liberté d’action. Aussi en dehors de quelques exercices, d’envergure en général assez réduite, les navires soviétiques ont-ils la plupart du temps séjourné dans les ports égyptiens ou dans leurs mouillages habituels d’Alboran (Espagne), d’Hammamet (Tunisie) et de Cythère au sud du Péloponèse (Grèce).
Deux fois cependant, l’an dernier, le potentiel de cette escadre a largement dépassé la moyenne habituelle, à la suite de l’arrivée dans le théâtre de plusieurs navires venus y effectuer un séjour temporaire. C’est ainsi qu’en avril 1969, on a noté la présence en Méditerranée de 50 unités dont 17 navires de surface et une quinzaine de sous-marins. En septembre, ce niveau a été encore dépassé puisque plus de 80 bâtiments ont été observés. Outre les navires de surface de la flotte de la mer Noire et les sous-marins de l’Arctique qui viennent à tour de rôle effectuer un séjour de quelques mois en Méditerranée, on a vu ce mois-là arriver dans ce théâtre, une importante Task Force provenant soit de l’Arctique, soit de la Baltique. Le croiseur porte-hélicoptères Moskva a séjourné deux fois en Méditerranée : d’avril à mai 1969 et d’août à septembre 1969.
Dans l’Atlantique, l’activité de la flotte soviétique a été soutenue et plus grande qu’en 1968. En mars 1969, d’importantes manœuvres auxquelles participèrent de nombreux avions à grand rayon d’action de la Marine, s’y sont déroulées à l’occasion du transfert de plusieurs navires vers la Méditerranée. En juin, on a observé des exercices aéronavals entre l’Islande et les Féroé et en octobre un exercice anti-sous-marin s’est déroulé au nord de l’Irlande. Par ailleurs, le croiseur lance-missiles Groznyi, deux destroyers et deux sous-marins ont fait entre le 21 et le 27 juillet 1969 une escale de représentation à La Havane, escale qui a fait un certain bruit. La plupart des observateurs ont estimé qu’en effectuant cette visite, les Soviétiques ont voulu resserrer avec le président Castro des liens qui s’étaient quelque peu distendus ces dernières années. Mais il ne serait pas impossible qu’en renouant ainsi avec Cuba, les Soviétiques aient en vue d’obtenir un jour des facilités pour leurs forces navales croisant dans cette région de l’Atlantique. Avant de se rendre à La Havane, ce petit groupe occasionnel a longé les côtes de la Californie et mouillé au large de Keywest. C’était la première fois qu’une escadre soviétique s’approchait si près des côtes américaines. À l’issue de son séjour à Cuba, le Groznyi a fait une courte escale de routine à Fort-de-France (Martinique) puis il a gagné, avec une partie des autres bâtiments, la mer Noire.
Dans l’océan Indien, un groupe fort d’un croiseur lance-missiles, de deux destroyers, de deux sous-marins et d’un petit train d’escadre, qui avait pénétré dans le théâtre en novembre 1968, y est resté jusqu’en avril 1969 puis a rallié la Flotte soviétique d’Extrême-Orient. Durant ce séjour, ces navires ont fait escale dans les ports du Kenya, de la Tanzanie, du Nord Yémen, d’Éthiopie et à l’Île Maurice. À compter d’avril, la Marine soviétique n’a plus été représentée dans la zone que par un destroyer, mais en septembre elle s’y manifestait à nouveau en force avec un croiseur lance-missiles accompagné de plusieurs bâtiments.
Ces longues croisières et les nombreuses escales que la flotte soviétique effectue maintenant hors de ses théâtres d’opérations traditionnels, présentent plusieurs avantages. Grâce à elles, la Marine participe de plus en plus à la pénétration politico-économique de l’URSS dans les principales zones d’intérêt du monde en y affirmant d’une façon convaincante la réalité de la puissance soviétique. Les marins russes y apprennent d’autre part ce que les Anglo-Saxons appellent seamanship, c’est-à-dire cette science du marin et de la mer loin des bases métropolitaines qui ne peut s’acquérir que par des séjours prolongés dans les open seas.
Situation de la construction navale
Selon les statistiques du Lloyd’s Register of Shipping, le carnet de commandes mondial au 31 décembre 1969 comprenait 3 750 navires, représentant 59 831 778 tonneaux de jauge brute. À la même date, dans le carnet de commandes des chantiers français, étaient inscrites 200 unités totalisant 4 366 305 tjb, soit près de 73 % du total mondial, ce qui place la France au 4e rang après le Japon, la Suède et la Grande-Bretagne.
Les commandes enregistrées par les chantiers français au cours du quatrième trimestre 1969 portent essentiellement sur des navires spécialisés très élaborés : cargos porte-conteneurs et roll-on/roll-off, transporteurs de gaz, car-ferries. Près de 50 % du tonnage de ces navires sont destinés à des armements étrangers. Mentionnons, en particulier, un transporteur de gaz liquéfiés de 52 000 m3 qui sera construit par les Constructions navales et industrielles de la Méditerranée (CNIM) pour compte hollandais et deux car-ferries confiés par un armement finlandais aux chantiers Dubigeon-Normandie. ♦
(1) Le tonnage des navires logistiques et notamment celui des pétroliers ne peut se calculer en tonnes « Washington ».
(2) L’Ark Royal a été réadmis au service actif le 23 février après une refonte considérable de deux ans qui a coûté 332 M£ soit 455 M de francs environ.
(3) Pour comparer avec équité ces effectifs à ceux de notre Marine (73 000 h pour 350 000 t), il faut se souvenir qu’en Grande-Bretagne :
– la plus grande partie de la flotte logistique est armée par du personnel civil (soit 4 000 h environ) ;
– l’aviation lourde anti-sous-marine relève de la RAF et emploie quelque 5 000 h.
Alors que chez nous, la flotte logistique et l’aviation lourde sont armées par la Marine. En outre, de nombreux civils (dont certains sont souvent officiers en retraite) occupent des postes au sein des États-Majors à terre.