La Conférence de Djeddah (23-26 mars 1970) et le rôle politique de l'Islam
L’islam, phénomène global d’ordre à la fois religieux, social et politique, ne se laisse point aisément analyser et connaître. En Occident, ses aspects spirituels, désormais étudiés avec assiduité et sympathie, sont maintenant assez bien pénétrés ; son contenu social, qui évolue et se diversifie en fonction de l’époque, retient l’attention ; sa conception conjuguée du spirituel et du temporel, intégrale naguère, et dorénavant mise en cause par certains de ses fidèles, est une notion généralement acquise. Mais son contenu politique fait rarement l’objet d’essais objectifs d’appréciation.
Cet aspect politique est d’ailleurs trop souvent obscurci, aux yeux des Occidentaux, par une assez habituelle confusion entre Musulmans et Arabes. Il convient donc de rappeler que tous les Arabes ne sont pas musulmans, car parmi eux figurent, en Orient, environ dix pour cent d’Arabes chrétiens ; et que tous les Musulmans ne sont pas Arabes, bien loin de là, car les peuples arabes ou arabisés qui s’étendent de l’Atlantique à l’Océan Indien ne représentent qu’environ un cinquième des Musulmans du globe. Cependant le monde arabe est en effet au cœur de l’Islam, à la fois géographiquement, culturellement et spirituellement : l’arabe a été la langue de la Révélation de l’Islam et demeure celle de sa liturgie.
La communauté musulmane ne réalise donc pas aujourd’hui l’édifice temporel unitaire qui correspond à sa vocation initiale. Mais, malgré les divisions politiques, les divergences idéologiques, la disparité des degrés d’évolution, qui séparent les peuples musulmans et les États à majorité musulmane, un sentiment spontané de solidarité unit tous les Musulmans du monde, même s’il ne constitue pas le seul, ni le principal mobile, des actions de chacun d’entre eux.
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