Les crises du printemps 1970 au Liban
Le raid israélien du 28 décembre 1968 sur l’aéroport de Beyrouth marque, dans l’histoire du Liban moderne, un tournant qui sera sans doute, à maints égards, décisif.
Dès ce jour la République Libanaise ne peut plus espérer, comme naguère, conserver intégralement à l’égard de la question palestinienne une position qui lui serait particulière, et y introduire des nuances dont son gouvernement demeurerait seul juge. Sommairement, cette position libanaise jusqu’alors classique pouvait se résumer ainsi : soutien à la cause palestinienne par tous les moyens, sauf les armes.
Longtemps les dirigeants libanais avaient réussi, de la sorte, à demeurer maîtres de définir, en fonction de la sécurité du pays et du respect de sa souveraineté, les facilités à laisser, sur le sol national, à la Résistance Palestinienne. Car, d’une façon générale, la majorité des Chrétiens et les Musulmans modérés et d’âge mûr entendaient mesurer étroitement ces tolérances, tandis que les Musulmans les plus ardemment attachés à l’arabisme, rejoints par une fraction croissante de la jeunesse chrétienne, souhaitaient accorder libre jeu aux commandos. Transigeant avec souplesse à l’égard de ces deux tendances, un gouvernement habile pouvait à la fois sauvegarder une complète cohésion nationale, apporter à la cause palestinienne des concours suffisants pour satisfaire à peu près la Résistance et les autres gouvernements arabes, éviter cependant les représailles israéliennes qu’eût suscité un engagement plus prononcé, et, au-dessus du niveau de ces arrangements ambigus et pratiques, attester et servir en Orient certaines valeurs de coexistence et de paix.
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