À travers livres et revues - Constantes et contradictions de l’Afrique du Sud
« L’Afrique du Sud est peut-être le pays qui fait l’objet des plus grandes controverses. Ses défenseurs vantent sa stabilité politique ; ses adversaires demandent à quel prix, dans le domaine des droits civiques, elle peut être obtenue. Son « boom » économique est la fierté de ses avocats ; son inégalité économique, la cible de ses détracteurs. Le « Développement séparé » des groupes ethniques est présenté par les uns comme la solution lumineuse des tensions raciales ; les autres le condamnent, non seulement parce qu’il est d’inspiration raciste, mais parce qu’il est inapplicable ».
Ces lignes sont extraites d’un article d’un universitaire américain, Edwin S. Munger (1) et caractérisent bien, nous semble-t-il l’état de l’opinion vis-à-vis de la République Sud-Africaine, dont l’O.N.U. condamne régulièrement la politique raciale, sans obtenir d’ailleurs qu’elle soit modifiée par les dirigeants de Pretoria. Le mot « apartheid » est universellement connu et haï. En afrikaans, il est pourtant presque un néologisme et n’est déjà plus employé officiellement. Ce pays dont la prospérité économique est remarquable — il a le taux d’accroissement le plus élevé du monde, après celui du Japon — jouit d’un calme intérieur que bien d’autres États pourraient lui envier.
Les prophètes ne manquent pas pour prédire cependant les plus sombres catastrophes politiques et sociales : « Le conflit racial de l’Afrique du Sud semble devoir se transformer en guerre ; celle-ci peut être atténuée et raccourcie par des agitations, des pressions, voire des négociations, mais ne peut être évitée ». Cette opinion est celle d’un journaliste américain spécialisé dans les questions africaines, Russel Warren Howe (2) qui, traitant de l’ensemble de l’Afrique australe, écrit : « Et maintenant une guerre est déjà en cours entre quelque 26 000 guérilleros noirs et des troupes blanches ou encadrées par des Blancs dont l’effectif atteint approximativement 250 000 hommes, en Mozambique, Angola, Rhodésie, République Sud-Africaine et Namibia (le nouveau nom donné par l’O.N.U. au Sud-Ouest Africain). »
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