Défense en France - Information et relations publiques dans les armées - Armées–Nation - Exposition de matériels navals - Voyage du chef d'état-major des armées en URSS
Information et relations publiques dans les Armées
Le ministre d’État chargé de la Défense nationale, Michel Debré, a diffusé le 3 septembre 1970 une « Instruction sur l’information et les relations publiques » à l’usage des Armées.
Après avoir rappelé l’importance primordiale des relations publiques tant à l’extérieur des Armées pour amener la Nation à adhérer aux nécessités de la Défense qu’au sein même des Armées pour donner à la totalité des militaires des raisons profondes de servir, le ministre prescrit une action d’information orientée vers quatre objectifs essentiels :
– développer l’esprit de Défense dans la Nation en faisant mieux saisir les conditions de la politique militaire française ;
– remettre en honneur le service militaire en se référant à son rôle véritable de mise sur pied de la Nation armée ;
– intensifier la présence de l’Armée dans la Nation par des échanges avec les groupements socioprofessionnels les plus divers ;
– revaloriser l’image du sous-officier dans l’opinion publique en faisant connaître son rôle fondamental dans la structure des Armées.
M. Debré insiste en outre sur la valeur fondamentale des contacts humains, sur l’importance du dialogue et la nécessité d’entreprendre une action vis-à-vis de la jeunesse en vue de l’accomplissement du service national et de son initiation aux responsabilités civiques.
Dès la parution de cette instruction, le Service d’information et de relations publiques des armées (Sirpa - 231, boulevard Saint-Germain, Paris-7e. Tél. 551-08-30) a rassemblé ses chefs d’antennes (Terre, Armement, Marine, Air, Gendarmerie) et ses dix-sept officiers de relations publiques des régions militaires maritimes et aériennes pour étudier avec eux les directives du ministre.
Ce séminaire, organisé à Quiberon du 14 au 18 septembre 1970, a comporté, en outre, des journées d’information, faisant appel à des conférenciers extérieurs aux Armées et des journées de réflexion et d’échanges sur les quatre grands thèmes définis par le ministre. Enfin, un important dîner-débat, dans le cadre historique du fort de Penthièvre, a permis d’établir d’intéressants contacts tant avec les personnalités régionales qu’avec les responsables de groupements socioprofessionnels qui s’inscrivent parfaitement dans le cadre de la directive n° 3, portant sur les « Relations Armées - Nation ».
Armées-Nation
La prestation de services dès le temps de paix par les Armées s’est concrétisée en de nombreuses occasions. Au profit de l’Éducation nationale, le ministère de la Défense nationale a prolongé le sursis d’incorporation d’environ quinze cents étudiants de l’enseignement technique et agricole ; pour améliorer d’autre part la rentrée scolaire de septembre, le service militaire d’un millier d’enseignants a été abrégé.
À la demande du ministre de la Santé publique, vingt-trois médecins, soixante-deux infirmiers, et soixante-cinq sous-officiers des différentes armées ont été détachés pour assurer, dans les aéroports et les ports, le contrôle des passagers face à la menace du choléra.
Au profit des Territoires et Départements d’Outre-Mer (Tom-Dom), le Bâtiment de débarquement de chars (BDC) Bidassoa a transporté à partir de Lorient et déposé à pied d’œuvre un pont Bailey destiné à faciliter la liaison entre les îles de Saint-Pierre-et-Miquelon. Signalons aussi que le 17e Régiment du Génie aéroporté a envoyé un détachement d’une centaine d’hommes pourvu de matériels spécialisés pour faire face aux dégâts du cyclone Dorothy à la Martinique.
Enfin, le rôle de la France dans le cadre de la solidarité internationale a été assumé par les Armées en Amérique du Sud et au Moyen-Orient :
– Au Pérou, pour porter secours aux victimes du séisme de juin 1970 (voir la chronique aéronautique d’octobre 1970), sont intervenus quatre avions Transall de la 61e Escadre d’Orléans, trois hélicoptères Alouette III de l’Aviation légère de l’Armée de terre (Alat) de Pau et un Élément médical d’intervention rapide (EMIR) comprenant treize officiers dont douze médecins, quinze infirmiers dont six sous-officiers, et quatre convoyeuses de l’Air qui ont présenté le visage humanitaire de la France pendant trois semaines de présence réconfortante et d’interventions multiples
– En Jordanie, après les affrontements sanglants de septembre, trois avions Transall de la base d’Orléans ont, malgré l’insécurité du terrain d’atterrissage, débarqué à pied d’œuvre un autre EMIR du Service de santé avec onze officiers dont neuf médecins, vingt-quatre infirmiers et spécialistes, concrétisant la part prise par la France à l’action de la Croix-Rouge internationale.
Exposition de matériels navals
Encouragé par le succès de l’expérience tentée en 1968, le ministère de la Défense nationale a de nouveau organisé une exposition de matériels navals qui se déroulait au Bourget du 15 au 19 septembre et à Toulon les 21 et 22 septembre. Cette présentation, véritable salon de l’équipement des marines militaires avait pour but de faire connaître les études et les réalisations de l’industrie française afin de susciter non seulement des achats directs mais aussi la coopération technique d’autres nations au stade de la conception ou de la fabrication.
Récemment d’ailleurs M. Debré a eu l’occasion de préciser notre politique en matière d’exportation d’armes en déclarant : « Je ne vois pas pourquoi nous nous interdirions de vendre des armes à des États qui n’ont aucune intention agressive, aucune volonté d’hégémonie. On ne dit pas assez que, si la France est souvent sollicitée c’est parce qu’elle ne met pas de conditions politiques, comme le font certaines puissances, à la vente de ses armes ».
L’exposition du Bourget présentait sous forme de maquettes les bâtiments en service ou en cours de réalisation : corvettes, avisos, transports de chalands de débarquement, véritable pilier de l’intervention amphibie, bâtiment d’intervention et d’expérimentation sous-marine Triton lequel est destiné à mettre en œuvre le sous-marin miniature d’exploration et d’intervention Griffon, bâtiment océanographe d’Entrecasteaux. À côté de ces maquettes, figuraient divers équipements en vraie grandeur. Mais les véritables révélations ont été les matériels nouveaux susceptibles de modifier profondément soit la technique du combat naval, soit les méthodes d’investigation et d’exploitation des océans. Ce sont en particulier :
– le sous-marin chasseur de 1 200 tonnes à grand rayon d’action et hautes performances (immersion, vitesse, silence) ;
– les patrouilleurs, auxquels la propulsion mixte diesel-turbine à gaz confère la rapidité et le missile mer-mer Exocet la puissance ;
– l’hydroptère SA-800 dit de deuxième génération (56 t, 50 nœuds), susceptible d’utilisation aussi bien militaire que pacifique ;
– le système ERIC (Engin de recherche et d’intervention à câble) véritable traineau sous-marin opérant provisoirement jusqu’à 1 000 mètres et ultérieurement jusqu’à 2 500 m de profondeur, et qui permet l’identification (par photo ou télévision), et la manipulation.
À noter également la présence de deux ordinateurs militaires parfaitement compatibles avec l’ordinateur civil IRIS 50 :
– P2MS, destiné à équiper les centres de contrôle et de commandement des bâtiments d’escadre de la Marine ;
– IRIS 35M, destiné aux systèmes d’automatisation tactique et d’aide au commandement, système commun aux trois Armées. C’est à partir de ce système que l’Armée de terre a conçu l’Atac capable de servir aussi bien à la mise en œuvre au sol de l’engin nucléaire tactique Pluton que du système SERPEL d’aide au renseignement ou encore à la conduite des tirs d’artillerie.
À Toulon, les représentants des Nations invitées, la plupart accompagnés de leurs Attachés militaires, ont été reçus à la Préfecture maritime et ont pu visiter divers bâtiments : l’escorteur rapide l’Alsacien, l’aviso-escorteur Balny, prototype de la propulsion mixte diesel-turbine à gaz dont le Portugal possède déjà quatre exemplaires en version diesel, le patrouilleur La Combattante qui a procédé aux essais du missile mer-mer Exocet, le Bâtiment de soutien logistique Rhin (atelier existant en version électronique ou normale), le sous-marin Doris de la série des Daphné qui équipe ou va équiper les marines portugaise, pakistanaise, sud-africaine et espagnole, une vedette des Chantiers navals de l’Esterel dont de nombreux exemplaires sont en service dans différentes marines étrangères, l’escorteur d’escadre La Galissonière, prototype du tandem sonar DUBV-23-DUBV-43, et un engin du Génie dit Vedette de pontage dont les évolutions démontrèrent la très grande maniabilité.
Dans le domaine des matériels aéronavals, étaient exposés à Hyères, le Breguet Alizé, l’Étendard, le Nord 262, le Breguet Atlantic, utilisé par les marines de l’Italie, des Pays-Bas et de la République fédérale allemande (RFA), les hélicoptères Super-Frelon, pour la lutte anti-sous-marine et Alouette III. Une présentation en vol du Jaguar version Marine fut particulièrement remarquée. Enfin la version navalisée de l’hélicoptère Alouette III fit une démonstration de sa fixation par harpon sur la plate-forme de l’escorteur La Galissonière et, pour la première fois, un vol avec son équipement MAD (appareil de détection magnétique anti-sous-marine) constitué par une sorte de projectile suspendu par un câble sous l’hélicoptère. Ce dernier équipement doit très prochainement commencer ses essais d’évaluation.
Les organisateurs de cette exposition ont ainsi permis aux visiteurs de situer le niveau actuel de la France dans les domaines de la recherche, de la conception et de la réalisation. L’importance du rôle joué par la mer dans les relations internationales ne pouvant que s’accroître, la vente de matériels navals français, qui a représenté pour 1969 un total de 400 millions de francs, illustre bien les conséquences bénéfiques pour notre économie des efforts exigés par les impératifs de la Défense nationale.
Voyage du Chef d’état-major des armées (Céma) en URSS
Sur invitation du Maréchal Zakharov, Chef d’état-major des Forces armées soviétiques, le général d’armée aérienne Michel Fourquet, Céma a séjourné en URSS du 19 au 28 août. Ce voyage s’inscrit dans la suite des visites réciproques des chefs militaires d’URSS et de France et visites d’unités et de personnels militaires qui se sont développées depuis plusieurs années.
Au cours de son séjour le général Fourquet a eu des entretiens avec diverses personnalités, en particulier avec le Maréchal Gretchko, ministre de la Défense, et il a visité des installations des trois Armées : dans la région de Moscou ce furent la base aérienne de Koubinka et l’Académie des Blindés, où le général Fourquet se vit offrir une maquette de char. À Riga, le Céma a été reçu par le général Khetagourov, commandant la Région militaire (RM) de la Baltique et a visité l’escorteur Obraztsovyi. Il a également assisté à un exercice très spectaculaire de l’armée de terre avec infanterie et blindés manœuvrant avec appuis de tirs réels de l’aviation d’assaut et de l’artillerie. Enfin à Leningrad, le général Fourquet a été reçu par le général-colonel Gribkov, premier adjoint du général d’armée commandant la RM, et il a déposé une gerbe au mausolée de Piskariev, élevé à la mémoire des six cent mille morts du siège de la ville lors de l’hiver 1941-1942.
Cette visite, outre qu’elle a donné lieu aux manifestations traditionnelles de courtoisie : dépôt d’une gerbe au monument du Soldat inconnu, dîner officiel à l’ambassade de France, soirée de gala au théâtre Bolchoï, a permis au général Fourquet d’établir des contacts militaires qui ont tous été empreints d’une grande cordialité. ♦