Appelé le 27 août 1944 à la direction du secrétariat particulier du Général de Gaulle, Claude Mauriac occupa plus de cinq ans ces fonctions. Par la suite, il eut maintes occasions d’approcher le Général.

Ayant toujours écrit son journal, il tint registre de chacune de ses rencontres avec de Gaulle. Ce sont ces pages intitulées « Un autre de Gaulle », Journal (1944-1954) qu’il publie aujourd’hui.

Son titre indique la nature de cet ouvrage. Claude Mauriac se trouvant placé hors des hiérarchies officielles, le Général s’adressait à lui d’une façon plus familière, parfois amicale, si ce n’est même, à la longue, affectueuse. L’homme que nous découvre ce journal, s’il demeure celui de l’Histoire et de la Légende, est aussi celui, moins connu, qui, sans oublier jamais son personnage, qui il était et qu’il était l’État, laissait deviner un visage plus intime.

C’est donc un témoignage exceptionnel que celui-ci. Sur l’histoire – et quelle histoire ! – vécue et commentée au jour le jour : la Libération ; la grandeur et les servitudes du Pouvoir en des heures particulièrement difficiles ; le départ du Général en janvier 1946 ; sa retraite à Marly, puis à Colombey où Claude Mauriac, demeuré son secrétaire particulier, allait régulièrement travailler avec lui ; la création du Rassemblement du Peuple français (RPF) ; l’ascension puis la décadence de ce mouvement, tandis que s’accusait la guerre froide et que s’aggravait, en France, la décomposition du régime. C’est alors que Claude Mauriac fonda une petite revue, Liberté de l’Esprit (1949-1959), dont André Malraux avait choisi le titre et à laquelle Charles de Gaulle et, dans son ombre, déjà, Georges Pompidou, s’intéressaient.

D’où de nouvelles rencontres et de nouvelles pages de journal. Il sera désormais impossible d’étudier cette époque sans se référer à ce document qu’est le journal de Claude Mauriac.

Ajoutons que son auteur est un écrivain, ce qui n’était pas indifférent au Général de Gaulle et ce qui donne à ce témoignage une dimension, autre qu’historique. « Un autre de Gaulle » forme l’une des plus intéressantes et des plus riches parties de l’œuvre composée par Claude Mauriac et intitulée « Le Temps immobile ». ♦