Superficie : 13 000 000 km2, altitude moyenne : 2 300 m, température moyenne : - 49° C, telle pourrait être en quelques mots la fiche signalétique de l'Antarctique, continent aussi vaste que les États-Unis et le Mexique réunis. Mais cet immense désert blanc revêt une importance considérable au point de vue stratégique, scientifique et économique en raison des richesses minières et minérales qu'il recèle. On conçoit dès lors qu'il ait été l'objet de convoitises de la part des Puissances. Mais c'est la solidarité internationale en matière de recherche scientifique qui l'a finalement emporté : le Traité de Washington en 1959 a organisé la coopération des savants.
L'auteur vient de prendre part à la visite des stations américaines dans l'Antarctique organisée par le gouvernement des États-Unis pour les représentants des puissances signataires. Voici ces notes de voyage.
Nous sommes onze : diplomates, géologues, géographes, techniciens, groupés dans la base américaine de Christchurch en Nouvelle-Zélande, commandée par l’Amiral Welch, et chacun de nous est le ressortissant d’un des pays signataires du Traité sur l’Antarctique de 1959. Nous sommes les invités du gouvernement des États-Unis et nous partons demain pour visiter les bases américaines de l’Antarctique.
Depuis quarante-huit heures nous avons été amplement instruits de ce que nous allions voir, nous avons écouté de nombreuses et intéressantes conférences, agrémentées de films sur le vaste continent du Sud de la Terre, son climat, son histoire, sur l’opération « Deep Freeze », c’est-à-dire le ravitaillement des bases par la Marine des États-Unis, enfin sur les clauses du Traité de Washington sur l’Antarctique. Puis nous avons été livrés aux médecins qui nous ont longuement examinés et ont avec soin analysé nos humeurs.
Aujourd’hui l’on nous habille. L’officier qui m’accompagne me demande quelle personne il faudrait prévenir dans l’éventualité d’un malheur. Puis il me remet, au bout d’une chaîne d’acier, non pas une, mais deux plaques d’identité. « Pourquoi deux ? » — « En cas d’accident l’une pourrait se détacher ». Il me conduit alors dans la salle où je retrouve mes camarades et où nous sont distribués des sous-vêtements imprégnés de matières chimiques et la tenue vert kaki de l’armée américaine. Grâce à quoi nous ne nous distinguerons en aucune façon des autres habitants de l’Antarctique, sauf toutefois des savants, jeunes et barbus, qui portent l’anorak rouge, orné de l’insigne de la Recherche scientifique américaine (1).
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