Morale sans anthropologie
Tout homme, conscient de la place qu’il tient dans le groupe où il est obligé de s’insérer, est confronté à des problèmes moraux, donc à la morale.
Pierre Antoine, jésuite, mathématicien et philosophe, analyse la situation de celle-ci dans son double rapport avec l’idée que l’homme se fait de lui-même – l’anthropologie – et avec la condition de son action.
L’anthropologie, vision synthétique de l’homme, science essentiellement abstraite, mouvante, multiple et par conséquent incertaine, ne nous permet pas de fonder une morale. Il convient alors de lui substituer une morale sans anthropologie, une morale pragmatique et formatrice. En effet, une morale seulement théorique serait immorale, puisqu’elle laisserait l’homme sans morale dans la pratique, c’est-à-dire dans le seul domaine qui compte, celui de l’action réelle.
L’auteur nourrit sa thèse d’analyses délimitées, comme celles de la responsabilité personnelle, de la justice sociale, de la médecine. Brossant l’histoire de la loi naturelle, il en dégage le sens. Ces approches ne constituent qu’un échantillonnage mais leur convergence aboutit à une définition concrète d’une morale pour notre temps : « effort patient soutenu par une espérance qui ne se laisse pas décourager par les échecs, pour rendre plus humaine cette vie qui est concrètement la nôtre ».
Cet ouvrage dont la densité n’exclut pas la clarté force le lecteur, quelles que soient ses convictions religieuses ou politiques, à se projeter à la rencontre de lui-même et, ce faisant, à la rencontre des autres. ♦