L'image prestigieuse de la BBC en 1945 avait servi de modèle au législateur, désireux de conférer à l'État un monopole en matière de programmation et de diffusion. En fait, et malgré la loi, c'est l'inverse qui s'est réalisé : pour ce qui est de la Radio, 47 % des auditeurs métropolitains écoutent les émetteurs périphériques contre 28 % à France-Inter. Il en va autrement pour ce qui est de la Télévision et des émissions à destination de l'étranger.
Pour pallier les conséquences, qui peuvent être très graves en certaines circonstances, du fait de l'altération de ce monopole, une société a été créée, la Sofirad (Société financière de radiodiffusion) qui a pris progressivement, dans les stations périphériques (à l'exception de RTL) une participation suffisamment importante pour que ces dangers soient minimisés. Cet article s'inspire largement de l'exposé que l'auteur, directeur-général adjoint de la SOFIRAD a fait récemment sur le même sujet à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN).
Il y a plusieurs façons de développer le thème de la « Voix de la France ». La première est de l’envisager principalement sous l’angle de l’action de la France vers l’étranger en matière de radiodiffusion et de télévision. Ce qui conduit à une sorte de recensement des buts que doit s’assigner cette action, des moyens qu’elle met en œuvre sous l’impulsion du Ministère des Affaires Étrangères, par l’intermédiaire de l’O.R.T.F. et de la Société Financière de Radiodiffusion (SOFIRAD), des résultats qu’elle obtient en les comparant à ceux obtenus par les autres grandes nations, des réformes dont elle est justiciable.
En réalité le thème d’aujourd’hui se prête à un développement beaucoup plus large, et notamment à une véritable réflexion sur l’« audiovisuel », expression depuis peu à la mode. Il se prête plus précisément à une réflexion sur la façon dont en France se développe ce phénomène de l’audiovisuel, ce qui entraîne bien au-delà du simple exposé de la politique gouvernementale dans un secteur donné, et conduit à l’envisager aujourd’hui comme un véritable problème de civilisation, un des plus importants peut-être pour l’avenir de notre pays : l’avenir de sa culture, la préservation de son identité. Car la Voix de la France ce n’est pas seulement la façon dont la France se fait entendre et reconnaître de tel ou tel peuple en voie de développement, c’est aussi, et peut-être surtout, la façon dont la révolution de l’audio-visuel est reçue en France par les Français eux-mêmes, comment elle est assimilée, par quoi elle se traduira dans un proche avenir.
Cela conduit à analyser la situation qui est celle de la France dans le domaine de la télévision et de la radio, par quels paliers on en est venu à la situation actuelle, et à cette occasion on découvrira qu’en la matière il y a d’abord la doctrine, il y a ensuite les faits qui en diffèrent largement, il y a enfin les palliatifs qu’on a imaginés, et pour terminer il y a l’avenir.