Maritime - Évolution des matériels navals
Le 2 décembre 1971, l’amiral Storelli, Chef d’état-major de la Marine, a présenté à la presse l’édition 1972 de l’ouvrage Flottes de Combat de M. Henri Le Masson. Ce document qui paraît tous les deux ans et dont l’origine remonte à 1897 est le pendant français du Jane’s britannique, de l’Almanacco Navale italien et du Weyers Flotten Taschenbuch allemand. Malgré l’extrême compétence de leurs auteurs, ces ouvrages ne peuvent être rédigés, on s’en doute, sans que des informations de source officielle leur soient communiquées. Aussi l’étude de ce document est-elle très instructive car elle permet de voir l’évolution des navires, de leurs armes et équipements ainsi que le développement à court et moyen terme des diverses marines. La présente chronique sera consacrée à l’évolution des matériels tandis que la suivante le sera à celle des principales flottes.
Armes et équipements
Dans toutes les marines, le missile avait, ces dernières années, presque partout sur les navires neufs, remplacé l’artillerie classique ; mais aujourd’hui, s’il constitue toujours leur armement principal, on ne conçoit plus de bâtiment totalement dépourvu d’artillerie.
Les missiles navals peuvent être classés en quatre grandes catégories :
– les missiles balistiques stratégiques (mer-sol) ;
– les missiles surface-surface et sous-marin-surface ;
– les missiles surface-air ;
– les missiles anti-sous-marins (ASM).
Les missiles balistiques stratégiques qui sont uniquement destinés à l’attaque d’objectifs terrestres, sont toujours lancés à partir d’un sous-marin. Leur portée varie de 2 000 à 5 000 km et il existe en projet des engins qui pourront atteindre une cible située à plus de 10 000 km. Ils sont tous dotés d’une charge nucléaire dont la puissance s’échelonne entre quelques centaines de kilotonnes et la mégatonne. Pour empêcher qu’ils ne soient détruits par les systèmes anti-missiles de l’adversaire, la tendance est de les doter soit d’une ogive à tête « durcie » et comportant des leurres, soit d’une tête à plusieurs corps de rentrée à trajectoire fixe, soit enfin dans les types les plus évolués d’une charge à corps de rentrée multiples et trajectoires indépendantes (système MIRV installé sur le Poseidon américain).
Le missile surface-surface a remplacé l’artillerie de gros calibre d’antan. La mode en a été lancée par les Soviétiques il y a une dizaine d’années et on assiste actuellement dans toutes les flottes à un extraordinaire développement de systèmes d’armes de ce type. Aux engins peu évolués genre Styx ont succédé des armes telles que le Gabriel israélien ou l’Exocet, d’une précision extraordinaire. Ces engins qui sont mis en œuvre à partir d’installations très légères, se déplacent à moins de 10 m d’altitude, ce qui rend leur détection très difficile. Lancés pour la plupart sur une trajectoire préétablie, ils sont en général dotés d’un autodirecteur pour l’acquisition de l’objectif et la phase finale du trajet. Cet autodirecteur est conçu pour résister, autant que possible, aux contre-mesures et au brouillage de l’adversaire (1). La charge explosive est comparable à celle de l’artillerie du plus gros calibre utilisée durant la guerre. La marine soviétique semble s’être orientée vers des missiles peut-être technologiquement moins avancés que ceux adoptés par les marines occidentales, mais par contre plus gros, plus nombreux avec une charge beaucoup plus forte et parfois nucléaire. La tendance est maintenant d’équiper les sous-marins de missiles dérivés de ceux qui sont utilisés sur les navires de surface, le fin du fin étant de pouvoir lancer ces engins en plongée ; seule la marine soviétique a jusqu’ici mis au point des moyens de ce type.
Les missiles antiaériens peuvent se classer en trois sous-catégories : longue portée (40 à 50 km), moyenne portée (15 à 30 km) et courte portée (moins de 10 000 m). Les dimensions du volume d’interception des missiles à moyenne et longue portée les plus perfectionnés vont de 150 à 80 000 pieds. Les missiles à courte portée (SACP) sont essentiellement des engins d’auto-défense contre les aéronefs et les missiles aérodynamiques surface-surface et air-surface. Leur mise au point ainsi que celle de la conduite de tir afférente est particulièrement difficile lorsqu’il s’agit de trouver une parade aux engins surface-surface les plus élaborés. Ceci explique les divers tâtonnements des marines dans ce domaine.
Les missiles ASM transportent en général une torpille ou une charge nucléaire. Leur portée peut varier entre 3 000 et 20 000 m. Leur emploi est subordonné à l’existence de moyens de détection sous-marine perfectionnés qui sont à la portée des seules marines riches. Dans ce domaine on note deux tendances : l’utilisation d’émissions sonores à très grande puissance se réfléchissant sur le fond ou l’emploi d’émetteurs profondément immergés. Si ce dernier procédé impose quelques limitations de manœuvre aux bâtiments qui emploient un sonar remorqué, le premier n’est utilisable que dans des zones restreintes et est souvent limité par des phénomènes de réverbération. Quel que soit le procédé utilisé on peut espérer aujourd’hui obtenir normalement des portées de l’ordre de 10 000 m. Il ne semble pas que d’autres systèmes fondés sur d’autres principes que la détection ultrasonore (laser, sondes thermiques, magnétisme) soient appelés à voir le jour avant de très longues années encore (2).
Pour ce qui la concerne, l’artillerie garde la capacité de tirer à un rythme de plus en plus rapide des projectiles peu coûteux. C’est l’arme d’autodéfense rapprochée et immédiate contre les avions, les missiles aérodynamiques et les vedettes. Sa précision a fait de notables progrès avec l’apparition de calculateurs digitaux encore que ceux-ci n’aient pas toujours détrôné les calculateurs analogiques, mais ce qui est plus important encore c’est que le temps de réaction entre la première détection d’un but et le départ du premier coup de canon a été considérablement réduit (quelques secondes). La tendance actuelle est de construire des matériels de plus en plus légers de 70 à 127 mm ainsi que des canons multitubes lançant des gerbes de projectiles à courte portée contre une cible évoluant au ras de l’eau. L’utilisation enfin de projectiles semi-autopropulsés a permis de doubler presque la portée de l’artillerie, ce qui est extrêmement intéressant dans le tir contre la terre.
L’évolution des techniques radar s’est faite de façon à conjuguer des impératifs parfois contradictoires : grande portée, grande précision, insensibilité aux contre-mesures et au brouillage. C’est la raison pour laquelle on est amené à passer de la technique classique du radar à impulsion à des radars utilisant une forme quelconque de signal. Les radars modernes sont à corrélation, à compression d’impulsions ou Puise Doppler.
La multiplication des senseurs et du nombre des informations qu’ils fournissent a rendu nécessaire la généralisation de systèmes élaborés centrés sur des calculateurs digitaux pour le traitement rapide de ces informations et la préparation des décisions.
Évolution des appareils propulsifs
Après l’utilisation particulièrement fructueuse de l’énergie nucléaire pour la propulsion des sous-marins et de quelques grands bâtiments de surface, c’est sans conteste la progression continue des diverses caractéristiques des moteurs Diesel et plus récemment les perspectives nouvelles ouvertes par l’emploi de la turbine à gaz de forte puissance massique navalisée, qui constituent le trait le plus remarquable dans l’évolution des matériels de propulsion durant la dernière décennie. Grâce aux progrès réalisés parallèlement dans la construction des hélices à pas orientables et réversibles de moyenne et grande puissance, la propulsion Diesel ou par turbine à gaz tend à détrôner peu à peu la propulsion à vapeur bien que celle-ci ait été très améliorée.
Au crédit de la turbine à gaz on peut citer :
– la rapidité de mise en service et de montée en puissance ;
– une grande souplesse de fonctionnement ;
– la facilité d’entretien ;
– la diminution très nette du personnel des machines ;
– la facilité de formation du personnel.
À son passif, il faut retenir :
– une consommation qui, satisfaisante à la puissance maximale, croît rapidement lorsque la puissance diminue ;
– une forte consommation d’air qui oblige à prévoir des conduits d’aspiration et d’échappement de grande section entraînant des difficultés dans l’aménagement des superstructures des navires ;
– une endurance moyenne ;
– la nécessité d’un combustible de bonne qualité.
Pour compenser certains de ces inconvénients, la turbine à gaz est souvent associée à un autre type de propulsion :
– TG + turbine à vapeur (système COSAG)
– TG + Diesel (système CODAG),
mais la tendance aujourd’hui est d’utiliser :
– soit la turbine à gaz pour seulement la marche à grande vitesse, un autre type de propulsion, Diesel ou vapeur, étant utilisé en croisière (CODOG, COSOG) (3) ;
– soit deux types de turbines à gaz, l’une pour la vitesse, l’autre pour la navigation économique.
La prochaine étape consistera sans doute à généraliser la multiplication des turbines de faible puissance attelées sur une même ligne d’arbre, ce qui permettra d’obtenir toute la souplesse voulue.
Évolution des navires
• Les sous-marins :
On peut les classer en deux grandes catégories : les sous-marins nucléaires lanceurs de missiles balistiques d’une part, et les sous-marins d’attaque d’autre part.
Les sous-marins nucléaires lance-missiles balistiques (SNLM) sont exclusivement chargés de dissuader, par la menace de représailles nucléaires sur des objectifs terrestres vitaux, un agresseur éventuel. Les quatre principales marines ont adopté pratiquement le même type de bâtiment : 10 000 tonnes environ de déplacement, 16 engins nucléaires à grande portée et on peut penser que, dans un avenir peut-être proche, les SNLM tendront à supplanter les autres moyens de dissuasion. En effet, les efforts actuels tendent à accroître l’efficacité des missiles et à rendre encore plus totale l’invulnérabilité de ces bâtiments, en particulier :
– le silence des appareils de propulsion est constamment perfectionné, pour éviter la détection par les sous-marins adverses ;
– la portée des missiles s’accroît afin d’augmenter les dimensions des zones à partir desquelles le sous-marin peut atteindre ses objectifs. Ceci multiplie la tâche déjà si ardue des forces ennemies de lutte anti-sous-marine dont les moyens de détection sont très loin de s’améliorer dans les mêmes proportions ;
– enfin, la capacité de pénétration des engins et leur pouvoir de destruction sont, comme il a été dit plus haut, améliorés par l’adoption de têtes nucléaires multiples et indépendantes.
Les sous-marins d’attaque ont des missions plus traditionnelles de lutte contre les forces de surface et le trafic commercial. On constate la généralisation des tendances suivantes :
– l’armement considéré aujourd’hui comme le plus efficace est le missile antisurface lancé en plongée. Les Soviétiques qui, depuis longtemps, disposaient de sous-marins équipés de missiles anti-surface lançables uniquement en surface, ont récemment mis en service une série de nouveaux SNA (Sous-marins nucléaire d’attaque) – il s’agit des unités de la classe C – chacun équipé de 8 missiles que le sous-marin peut lancer en immersion. La portée de ces missiles étant supérieure à celle de la détection des bâtiments de surface, des sous-marins comme le C peuvent les attaquer sans avoir été repérés ;
– la torpille reste cependant l’arme la plus commune et elle continue à faire des progrès importants en vitesse, portée et surtout en précision grâce au filoguidage.
La propulsion nucléaire a transformé les méthodes de la guerre sous-marine en permettant d’obtenir, outre une discrétion quasi-totale, une vitesse et une endurance sans commune mesure avec celles des sous-marins classiques à Diesel. Ces qualités font du SNA « l’arme de l’avenir », susceptible de « faire régner l’insécurité » dans le monde. Pour cette raison, les trois principales marines (États-Unis, URSS, Grande-Bretagne) ne construisent plus désormais que des sous-marins nucléaires. Le tonnage de ces bâtiments varie entre 3 000 et 4 500 t ; tous dépassent en plongée la vitesse de 30 nœuds et l’on dit que les derniers SSN commandés par l’US Navy (classe SSN688) dépasseront 40 nœuds.
Les sous-marins classiques (propulsion Diesel-électrique) restent cependant utiles pour l’entraînement des équipages et des forces de lutte ASM. De plus, ils sont les seuls accessibles aux marines moins riches et pour cette raison leur nombre est loin de décroître : il y en a près d’une cinquantaine en construction ou en projet dans le monde.
Il faut noter également les efforts poursuivis par certains pays, et notamment la Suède, pour mettre au point des systèmes de propulsion moins coûteux que les réacteurs nucléaires et cependant indépendants de l’air atmosphérique : diesels en circuit fermé ou piles à combustibles. Ces procédés sont susceptibles de donner aux sous-marins une totale discrétion avec endurance acceptable, à défaut d’une vitesse très élevée.
• Porte-avions :
Le porte-avions reste le bâtiment de combat polyvalent par excellence. Pour peu qu’on lui donne des avions convenables, il jouera son rôle aussi bien dans la dissuasion nucléaire et dans l’intervention tactique nucléaire que dans un conflit limité aux armements classiques. Il est pour les pays qui ont la chance d’en posséder le moyen le plus efficace et le plus souple des gouvernements pour appuyer éventuellement une politique à l’extérieur.
Son efficacité tient au fait que c’est un aérodrome capable de franchir plus de 1 000 km en 24 heures et que ses avions peuvent frapper dans un cercle de 400 km de rayon centré sur lui. Sa souplesse réside dans la possibilité qu’il a de nuancer la manifestation de force depuis la présence discrète hors de vue de terre et la démonstration aérienne pacifique jusqu’à l’attaque des objectifs à terre ou en mer.
Il est sans conteste l’adversaire le plus dangereux des navires de surface équipés de missiles à longue portée. Ses intercepteurs peuvent d’autre part, guidés par ses radars ou ceux des navires d’escorte, se porter à l’attaque et engager le combat avec les bombardiers basés à terre avant que ceux-ci n’arrivent à portée de lancement de leurs missiles air-mer à longue portée. La marine soviétique possède des avions de ce type : ils sont équipés de missiles nucléaires dont la portée dépasse 150 km.
Face à la menace sous-marine, la meilleure protection du porte-avions réside dans sa vitesse et dans les aéronefs ASM qu’il met en œuvre et les navires d’escorte. Face à la menace aérienne, il peut compter sur ses moyens de détection, ses intercepteurs embarqués et sur les missiles antiaériens de la force navale.
La longévité du porte-avions est d’autre part extraordinaire ; une durée de vie de trente ans et plus est tout à fait normale, et en fin de carrière s’il ne peut plus utiliser les avions d’attaque ou les intercepteurs les plus modernes, il peut toujours rendre de très grands services comme porte-hélicoptères ASM ou d’assaut ou porte-aéronefs à décollage court ou vertical.
Son inconvénient le plus grand est son prix élevé. Mais l’absolue nécessité de disposer à la mer d’une couverture aérienne et d’hélicoptères est telle que les grandes marines étudient actuellement des bâtiments à pont continu moins coûteux que les porte-avions et capables de mettre en œuvre un petit nombre d’hélicoptères ou d’avions type Adav/dac (Avion à décollage et atterrissage verticaux/courts). C’est ainsi que l’US Navy s’intéresse beaucoup à un bâtiment de 12 000 à 15 000 t appelé Sea Control Ship sans catapulte ni système d’arrêt et équipé de six avions type Adav/Adac pour l’attaque des navires de surface et de quelques hélicoptères de veille radar. La Royal Navy compte de son côté remplacer en fin de décennie ses porte-avions actuels par un croiseur lance-missiles doté d’un pont continu pour des avions dérivés du Harrier.
• Croiseurs et frégates lance-missiles :
Type de navire de 6 000 à 11 000 t à vocation à la fois antiaérienne et anti-surface avec de très bonnes qualités d’autodéfense ASM. Il est doté de missiles et des équipements électroniques les plus perfectionnés et possède presque toujours quelques pièces d’artillerie. Le terme de croiseur s’applique souvent dans cette catégorie de navires au bâtiment du plus fort tonnage doté de moyens de commandement plus importants. La marine américaine est la seule à posséder et à continuer à construire des frégates dotées de la propulsion nucléaire.
• L’escorteur océanique :
En raison de la nécessité de posséder à la fois un armement puissant, une grande autonomie et une bonne habitabilité, l’escorteur océanique ne saurait aujourd’hui être d’un tonnage inférieur à 2 500 t. Il existe cependant des escorteurs dont le tonnage se rapproche de celui des frégates. Nos Tourville (en construction) (5 580 t) et les Spruance américains entrent dans cette catégorie mais ces bâtiments aux équipements très « sophistiqués » coûtent cher. Aussi la plupart des marines s’orientent-elles actuellement vers des bâtiments d’environ 3 000 t. Un bon exemple de cette tendance est fourni par les escorteurs britanniques type Sheffield et type 22. Ces divers escorteurs peuvent être à vocation prioritaire antiaérienne ou ASM mais ils possèdent maintenant presque toujours de bonnes capacités antisurface.
Pour la lutte ASM, il est fait de plus en plus appel à l’hélicoptère comme moyen soit de relocalisation, soit de classification d’un contact donné par les sonars du bord, soit enfin comme porteur d’armes, torpilles ou grenades. Certains escorteurs de tonnage important utilisent des hélicoptères plus lourds dotés à la fois d’armes et d’équipements de détection ASM.
• Avisos et petits escorteurs :
Leur tonnage évolue entre 1 000 et 2 000 t. Les plus petits sont des bâtiments de défense ASM côtière, destinés principalement à opérer dans les eaux de faible profondeur. Ils se contentent d’une DCA limitée mais leur armement ASM et leur équipement de détection sont conçus pour ce type de mission. Ces bâtiments, mais plutôt des navires d’un tonnage plus élevé, peuvent être utilisés pour montrer le pavillon ou assurer une présence outre-mer. La présence à leur bord de quelques missiles surface-surface leur confère une capacité offensive et défensive certaine.
Caractéristiques succinctes de quelques frégates et escorteurs modernes
|
Frégates |
Escorteurs |
||||
Types |
Kresta II |
California |
Tourville |
Spruance |
Sheffield |
Type 22 |
Pays |
URSS |
États-Unis |
France |
États-Unis |
Grande-Bretagne |
Grande-Bretagne |
Tonnage pleine charge |
7 000 t |
10 000 t |
5 580 t |
7 000 t |
3 600 t |
3 000 t |
Appareil propulsif |
Vapeur |
Atomique |
Vapeur |
T. G. |
T.G. |
T.G. |
Vitesse maximale |
32 n |
> 30 n |
31 n |
32 n |
29 n |
29 n |
Distance franchissable en nautiques |
5 000 N /18 n |
Limité par la durée du cœur |
5 000 N/18 n |
6 000 N/20 n |
5 000 N/18 n |
5 000 N/18 n |
Missiles surface-surface |
8 à longue portée |
non |
8 MM38 |
non |
4 MM38 |
6 MM38 |
Missiles surface-air |
2 rampes doubles |
2 rampes simples |
- |
1 SACP Sea Sparrow |
1 rampe double |
1 SACP Sea Wolf |
Missiles ASM |
- |
1 Asroc |
1 Malafon |
1 Asroc |
- |
- |
Artillerie |
4/57 CA |
2/127 CA |
3/100 CA |
2/127 CA |
1/114 CA |
1/114 CA |
Hélicoptères |
1 lié au système surf.-surf. |
- |
2 ASM |
2 ASM |
1 ASM et anti-surf. |
1 ASM et anti-surf. |
Sonars |
Étrave BF |
Étrave BF réf. |
Étrave |
Étrave réf. sur le fond |
Coque BF |
Coque BF |
• Bâtiments de débarquement :
La tendance est de remplacer les unités amphibies, conçues pour une mission bien déterminée et encore utilisées aujourd’hui, par deux types de navires capables de se déplacer à une vitesse d’au moins vingt nœuds, en vue de réduire les délais d’acheminement d’une force amphibie d’intervention :
– l’un capable de beacher (c’est-à-dire accéder à une plage) pour déposer à terre chars et matériels roulants ;
– l’autre équipé d’un pont d’envol pour hélicoptères et d’un radier que l’on fait communiquer avec la mer pour faire flotter les chalands qui vont ensuite faire côte. Cette formule a trouvé son épanouissement dans les LHA de 40 000 t que construisent les Américains.
• Hydroptères et aéroglisseurs :
La vedette lance-torpilles tend à être remplacée par la vedette lance-missiles. Cependant certaines marines, notamment celle de Suède, avec ses puissantes unités de la classe Spica (235 t, 1/57 CA, 6 torpilles filoguidées, 40 nœuds), continuent à s’intéresser à la vedette classique. Il est incontestable que le missile surface-surface genre Styx, Exocet, Pinguin norvégien ou Gabriel israélien, confère à ces petits bâtiments une puissance de feu hors de proportion avec leur faible tonnage. L’emploi de ces vedettes reste cependant lié aux conditions de mer et dès que celle-ci devient un peu forte, elles perdent une grande partie de leurs possibilités. En fait, ce sont des bâtiments de raid bien adaptés aux mers fermées ou aux opérations dans des eaux resserrées ou les archipels. Dans un avenir plus ou moins proche, l’hydroptère remplacera sans doute la vedette lance-missiles. Moins lié que celle-ci à l’état de la mer, il restera cependant un bâtiment fragile en raison de ses dispositifs de sustentation qui limiteront son tonnage aux environs de 300 à 400 t. Ce ne sera jamais un navire destiné à opérer en haute mer.
Les marines s’intéressent aussi aux aéroglisseurs et aux navires à effet de surface. Les premiers trouveraient un emploi idéal dans des opérations amphibies, la technique utilisée pour les seconds permet d’entrevoir la possibilité de construire plus tard des navires allant jusqu’à 10 000 t et marchant 100 nœuds.
• Navires logistiques :
Entrent dans cette catégorie les navires-bases de sous-marins, de destroyers, de vedettes, les navires-ateliers, les ravitailleurs de vivres et munitions, les pétroliers, les transports de rechanges, etc., qui concourent à la mise en œuvre des forces de combat. La tendance est de construire des grands navires polyvalents rapides (plus de 20 nœuds) capables de transporter plusieurs milliers de tonnes de combustibles, des munitions, des vivres, etc., qu’ils peuvent livrer à la mer à couple et en marche grâce à des équipements de transfert spécialisés. Les unités les plus récentes sont en outre dotées d’hélicoptères cargos pour faire du ravitaillement vertical. Dans cette catégorie de navires, le plus beau fleuron est représenté par le Fast Combat Support Ship américain d’une vitesse de 27 nœuds et capable de ravitailler « verticalement » à raison de cent tonnes par heure avec des hélicoptères cargos. ♦
(1) La portée maximale de ces missiles correspond en général à celle de l’horizon radar, soit 40 à 50 km, mais en utilisant un observateur auxiliaire, avion ou hélicoptère, il est possible de les lancer bien au-delà de cette distance ; la marine soviétique qui ne possède pas encore de porte-avions a recours à cette conception.
(2) NDLR : Un article de cette revue sera consacré prochainement à cette importante question.
(3) NDLR 2021 : CODAG/CODOG : Combined diesel and/or gas turbine ; COSAG/COSOG : Combined steam and/or gas.