Défense en France - L'exercice Beauce 72 et l'allocution du Premier ministre aux élèves des grandes Écoles militaires - Stage d'information sur la défense à l'intention des ambassadeurs - Début du service national féminin
L’exercice Beauce 72 et l’allocution du Premier ministre aux élèves des grandes écoles militaires
Du 6 au 9 mars, la 2e Brigade de nos forces de manœuvre en route pour le camp de la Courtine en passant par l’Orléanais et le Berry, a saisi cette occasion pour montrer à chaque étape aux populations des régions traversées ce qu’était leur armée.
Du 20 au 23 mars, l’exercice Beauce 72 intéressait aussi les populations de la région, mais cette fois de façon active puisqu’il leur était demandé de prêter leur concours comme dans le cas de mise en œuvre réelle de la Défense opérationnelle du territoire (DOT). Le thème de l’exercice prévoyait en effet, dans la région située au sud de Paris entre la Seine et la Loire, la défense d’installations vitales, civiles et militaires, contre des éléments ennemis infiltrés. En pareille circonstance l’action de la population peut s’avérer fondamentale, soit qu’elle renseigne les forces chargées de la défense, principalement les brigades de gendarmerie, sur toute activité suspecte, soit même qu’elle participe directement à la neutralisation des éléments ennemis interceptés. Qu’ils soient sous l’uniforme ou non, tous les Français sont ainsi appelés à participer à la défense.
L’un des buts de l’exercice était la vérification des dispositifs de liaison entre autorités civiles et militaires. La mise en œuvre de la DOT suppose en effet l’activation d’organismes mixtes destinés à assurer la centralisation du renseignement pour permettre la coordination des actions dévolues à chacune des autorités.
L’ensemble des éléments militaires concernés par l’exercice comportait près de 6 000 hommes. Les éléments adverses, le parti Orange, étaient constitués par environ 500 élèves des grandes écoles militaires.
C’est à ces futurs cadres de l’armée que s’est adressé le Premier ministre au cours d’une prise d’armes qui s’est déroulée le 23 mars dans la cour d’honneur de l’ancienne École spéciale militaire (ESM) de Saint-Cyr devenue collège militaire.
Après avoir évoqué le printemps de 1939 où la France était directement concernée par les menaces de guerre et où lui-même apprenait en cette École le métier d’officier d’infanterie, M. Jacques Chaban-Delmas a poursuivi :
« Les circonstances ne sont plus les mêmes aujourd’hui : si aucune menace directe ne pèse plus sur nos frontières, c’est que les grandes puissances militaires ne sont plus celles de l’Europe occidentale. De ce fait, le risque que nous courons n’est plus celui des siècles passés mais il est peut-être plus grave puisque désormais, même si les perspectives sont moins pressantes, ce qui nous menace c’est de devenir un simple objet de l’histoire. Danger d’autant plus redoutable que beaucoup peuvent être tentés de s’accommoder d’un tel destin, tout compte fait apaisant, tant la guerre et tout ce qui l’évoque et tout ce qui peut être considéré comme sa préparation fait horreur à un pays qui n’en a que trop souffert.
Aspirant de toute notre âme à la paix, nous ne voulons pas voir la France reléguée au rang qui, dans le monde d’aujourd’hui, serait le sien si nous la cantonnions dans ses strictes limites géographiques, démographiques et économiques. Notre situation stratégique, le génie de notre peuple, la contribution qu’il a apportée au progrès des hommes et l’espérance placée encore en nous par tous ceux que ne tentent ni le morne totalitarisme des régimes autoritaires, ni le froid matérialisme des sociétés de profit, nous commandent de jouer dans le monde et tout d’abord dans l’Europe qui se construit, en Méditerranée et en Afrique, un rôle qui nous soit propre. La République française a défini une politique d’indépendance active. La défense nationale est donc le premier de nos soucis.
En raison de l’avènement des hyper puissances, en raison de l’apparition et du développement des armes nucléaires, la défense ne peut plus être conçue comme autrefois. Militairement parlant, ce qui compte c’est de mettre le pays à l’abri de l’invasion comme de la destruction ; c’est, tout en assurant à la France de bons et de solides alliés, ne pas faire dépendre son salut de la seule capacité et de la seule volonté de ces alliés. Aussi nous sommes-nous dotés d’une force nucléaire, qui n’est pas une arme pour gagner la guerre mais pour l’éviter.
La mission prioritaire des forces armées, dans lesquelles votre enthousiasme s’apprête à servir, est donc de développer, de perfectionner sans cesse et de protéger cette force qui est la clef du système. Mais pour absolue qu’elle soit, l’arme nucléaire ne peut empêcher qu’il y ait encore des combats, d’abord parce qu’il serait vain de la brandir en riposte au moindre geste hostile, ensuite parce qu’il faudra concrètement prouver une volonté de résistance et permettre au gouvernement de conduire la crise, le temps nécessaire pour décider en toute certitude et agir en toute liberté.
Ainsi donc, l’arme nucléaire ne dispense pas les marins de naviguer, les aviateurs de voler et les fantassins de « crapahuter » et de le faire en vue de combattre. Pourtant, ce qui est décisif n’est plus l’issue des combats. Voilà ce qui est changé dans les perspectives du métier que vous avez choisi. Mais, aujourd’hui, en mettant en œuvre les forces nucléaires, en assurant leur protection, en ménageant les délais qui mettraient le gouvernement en posture d’en tirer tout le parti dissuasif, vous défendez le pays par les armes, vous en acceptez tous les risques, vous en assumez tout l’honneur.
Au demeurant, les armes peuvent être nécessaires en dehors même du recours à la menace nucléaire. Puisque l’effet principal de la dissuasion est d’empêcher l’affrontement direct des adversaires principaux, le champ ouvert aux actions indirectes est plus vaste et plus imprévisible que jamais. Si l’on peut envisager que les armes traditionnelles ne seront probablement plus engagées massivement pour défendre nos frontières, rien ne nous permet de dire que la France n’aura plus à intervenir ailleurs.
Il faut que vous sachiez aussi que la tentation de subjuguer la France par d’autres moyens que l’invasion peut être d’autant plus grande que le recours aux armes présente désormais des risques effrayants. Nous devons donc nous protéger contre toutes les manœuvres qui conduiraient à l’asservissement politique par la subordination économique ou la décomposition sociale. Moins que jamais la défense n’est l’affaire que des seuls militaires. Elle est de la responsabilité de tous ceux qui participent de façon active à la vie nationale.
À l’inverse, rappelez-vous que les militaires, chacun en tant que citoyen, ont à jouer un rôle important dans notre démocratie, qu’il s’agit de défendre autant que notre territoire puisque nous pourrions tout perdre, avec notre liberté, à l’intérieur de frontières inviolées.
Vous ne pouvez pas, sans dommage pour la nation, échouer dans votre mission d’instruire notre jeunesse dans votre art. La première condition pour y réussir est que vous soyez en confiance avec elle, partagiez ses préoccupations et ses espérances, compreniez ses doutes et ses appréhensions qu’expliquent dans une large mesure les bouleversements spectaculaires ou latents qui n’épargnent aucun aspect de la vie personnelle ou de la vie collective. On parle de crise de la société, de maladie de la civilisation. La réponse ne saurait être ni le mépris, ni l’intimidation, ni la contrainte. En ce moment, tout particulièrement, rien ne serait plus malsain pour le pays qu’un corps de jeunes officiers qui bâtirait, pour les meilleures raisons du monde, son propre système de valeurs, sa propre éthique, s’en nourrirait, s’en armerait, à l’écart de la réalité nationale plutôt que de rechercher un dialogue permanent avec l’ensemble de la société dans le respect des convictions de chacun. Voilà qui vous impose de cultiver les goûts et les vertus traditionnels de votre état : goût de l’effort et de l’intégrité physique, goût du risque, du service désintéressé, sens de l’équipe, culte de la camaraderie, fierté dans la discipline, passion de commander.
Ainsi, vous serez des officiers tels que les Français les souhaitent et les apprécient : des hommes sains, énergiques, enthousiastes, capables d’entraîner les autres, de souder autour d’eux une troupe solide, résolue, redoutable s’il le fallait, en un mot des soldats.
Ne cherchez pas à être autre chose que ce que vous avez choisi d’être, je veux dire n’essayez pas de vous faire plus professeurs, plus ingénieurs, plus philosophes que militaires sous prétexte que c’est la paix, que l’époque est à la technique, que vous ne servirez peut-être pas tous toute votre vie dans les rangs de l’armée. Mais ne dédaignez pas pour autant les ingénieurs, les professeurs et les philosophes ; ayez au contraire toutes les curiosités, soyez attentifs aux préoccupations des autres, instruisez-vous dans plusieurs disciplines, soyez à l’aise dans la vie, le siècle et la société et soyez-y à l’aise en tant qu’officiers heureux de ce qu’ils sont, de ce qu’ils font et de ce qu’ils donnent au pays.
Au sein de la famille militaire, la qualité d’officier dont vous pouvez être fiers ne doit pas vous masquer l’importance du corps des sous-officiers, précieuse maistrance, chefs au contact immédiat de toutes les difficultés de l’exécution. Ils seront indispensables à l’efficacité de votre commandement. Ils ont droit à toute votre estime. Vous devrez avoir le souci que l’armée leur assure les plus grandes chances d’épanouissement et de promotion.
Vous, qui allez avoir la chance de vivre parmi les jeunes Français et qui allez avoir l’honneur et la responsabilité de les commander, vous pouvez faire beaucoup pour la jeunesse de notre pays pour qu’elle se sente solidaire par-delà les différences de milieu et de formation, consciente et jalouse de son avenir commun. Développez chez nos garçons le goût de l’effort collectif et du dépassement individuel par la maîtrise de soi et l’éducation de la volonté. Montrez-leur tout ce que l’on peut faire, tout ce que l’on peut oser quand on est, quand on veut, quand on agit ensemble. Faites-leur apprécier la chance qu’ils ont d’être nés dans un pays où le bien de l’homme est en définitive la mesure de toute chose, le prix de tous les sacrifices, te moteur de toutes les ambitions.
Mais, comprenons-nous bien, vous n’avez pas le monopole de l’éducation. Ce que le pays attend de vous par-dessus tout et avant tout, c’est de constituer un instrument de combat efficace à la mesure des missions qui lui sont assignées et des efforts qui lui sont consacrés. Cela exigé que chacun d’entre vous s’entretienne et se perfectionne dans la connaissance de matériels, de techniques, de tactiques qui évoluent de plus en plus vite. La première qualité des marins, des aviateurs et des soldats c’est d’être compétents. Et puisqu’il n’est plus question pour notre pays de pouvoir compter sur la supériorité du nombre ou des armements, à vous de faire en sorte qu’en vous fondant sur les qualités foncières de notre peuple et les traditions de notre armée, la France ait encore, ait toujours les meilleurs officiers.
Dans cet effort continu d’adaptation de notre génie séculaire et de notre action au monde d’aujourd’hui, la défense demeure, n’en déplaise à certaines victimes de la facilité ou du goût de plaire, une tâche primordiale pour une nation qui veut vivre indépendante et œuvrer pour la coopération entre les peuples et la paix.
À plus de trente ans de distance, je constate que vous avez, sur ceux de ma génération, l’avantage insigne de parvenir à l’âge d’homme à un moment de l’histoire où tout engage à être fier de la France. À vous de faire en sorte, pour votre part, que cela dure, ce sera votre honneur et votre bonheur. »
Stage d’information sur la défense à l’intention des Ambassadeurs
À la demande du ministre des Affaires étrangères, le ministre d’État chargé de la Défense nationale, Michel Debré, a organisé, du 6 au 11 mars, un stage d’information sur la défense, les problèmes stratégiques et les armements. Les bénéficiaires de ce stage comprenaient huit ambassadeurs en poste à l’étranger et douze hauts fonctionnaires du Quai d’Orsay concernés par les problèmes de défense soit au titre de leurs fonctions soit à titre de futurs ambassadeurs. Les stagiaires ont été reçus le 6 mars à l’Hôtel de Brienne par le ministre.
Le programme général du stage recouvrait l’ensemble des questions concernant la défense.
Au Chef d’état-major des armées (Céma), le général François Maurin, revenait d’exposer les principaux problèmes militaires touchant aussi bien la métropole que l’outre-mer et la coopération militaire entre la France et ses alliés.
Une journée devait être consacrée à chacune des armées. Accueillis par le Chef d’état-major de l’Armée de terre (Cémat), le général Alain de Boissieu, les stagiaires ont été informés de la situation présente des forces de manœuvre, des forces d’intervention et de la défense opérationnelle du territoire, avant d’assister à une présentation de matériels au camp de Satory. La journée Marine se déroula à Brest où l’exposé du Chef d’état-major (CEMM), l’amiral Marc de Joybert, sur les Forces océaniques stratégiques (FOS) fut complété par la visite des installations de l’Île Longue, base des sous-marins nucléaires lance-missiles (SNLE), et du Centre d’entraînement des équipages de ces sous-marins. Une visite et un déjeuner sur le porte-avions Foch complétaient la journée. Le Chef d’état-major de l’Armée de l’air, le général Gabriel Gauthier, a reçu les stagiaires à Taverny, dans le PC souterrain des Forces nucléaires stratégiques (FNS) où les diplomates devaient entendre divers exposés avant de visiter les installations.
Les problèmes propres à la Délégation ministérielle pour l’armement ont aussi fait l’objet de plusieurs exposés, dont l’un par le Délégué, l’ingénieur Jean Blancard, sur la politique et les programmes d’armement, la politique industrielle, la coopération internationale et les exportations d’armement. Les ambassadeurs ont également visité le Centre d’essais des Landes. Les expérimentations nucléaires dans le Pacifique ont été évoquées par le Directeur adjoint des centres d’essais nucléaires (Dircen). Des exposés particuliers ont complété ce stage : l’un, par le chef de la division renseignements de l’État-major des armées (EMA) sur le rôle des attachés militaires, l’autre, du directeur du Centre de prospective et d’évaluation (CPE) concernant l’élaboration d’un plan à long terme et les problèmes de planification, programmation et préparation du budget.
Enfin la synthèse des problèmes généraux de défense revenait au Secrétaire général de la défense nationale, le général Jacques Beauvallet, qui exposa le rôle et l’organisation de son secrétariat général.
C’est en effet à ce niveau que se situe l’indispensable liaison entre les Affaires étrangères et la Défense nationale puisque c’est le ministre d’État chargé de la Défense nationale qui, par délégation du Premier ministre, prépare les directives générales pour les négociations concernant la défense. Il est donc essentiel que les représentants de la France à l’étranger possèdent une excellente connaissance des données fondamentales de notre politique de défense. En définitive, politique extérieure et défense nationale concourent au maintien de la paix.
Début du Service national féminin
La loi du 9 juillet 1970 sur le Service national donne pour la première fois aux jeunes filles et aux jeunes femmes la possibilité d’accomplir un service militaire. Le décret n° 71-919 du 17 décembre 1971, publié au journal officiel du 19 décembre 1971, en organise les modalités.
La première incorporation doit avoir lieu le 1er mai 1972. Jusqu’en 1975 le service national féminin aura un caractère essentiellement expérimental.
Nous avons déjà donné dans notre chronique de juin 1971 quelques indications concernant ce service. Il est opportun, au moment où commence cette expérience, d’apporter de nouvelles précisions.
Incorporation et formation initiale
Les 400 volontaires appelées à servir dans les armées, la Gendarmerie ou le Service de santé seront incorporées dans les centres de formation selon la répartition indiquée ci-dessous :
|
Effectif |
Dates |
Centre d’incorporation |
Armée de Terre |
135 |
1-5 |
École du personnel féminin de l’Armée de terre à Dieppe. |
Marine |
30 |
1-5 |
École du personnel féminin de l’Armée de mer à Brest. |
Armée de l’air |
145 |
1-5 |
Formation initiale donnée dans l’unité d’affectation. |
Gendarmerie |
25 |
1-5 |
Centre d’instruction de la Gendarmerie à Jougne (Doubs). |
Service de Santé |
65 |
1-5 |
Les volontaires recevront : |
Le Service de l’Action sociale des armées (ASA) recevra pour emploi 21 volontaires prélevées sur les effectifs Terre, Marine et Air.
En plus de leur option obligatoire pour une armée ou un service, les volontaires ont pu exprimer leurs préférences pour un emploi et une garnison.
Emploi
Les emplois suivants sont proposés aux volontaires :
– emplois médicaux : médecin, pharmacien, dentiste ;
– emplois paramédicaux : infirmière, aide anesthésiste, laborantine, manipulatrice, diététicienne, secrétaire médicale ;
– laboratoires ou organismes scientifiques : ingénieur, chercheur, traductrice, interprète ;
– emplois sociaux : assistante sociale, puéricultrice, enseignement ménager ;
– emplois administratifs : bibliothécaire, sténo-dactylo, comptable ;
– emplois techniques : téléphoniste, télétypiste, cinéma, informatique ;
– hôtesses : accueil, interprétariat ;
– conductrices auto.
Affectations
À l’issue de leur stage de formation initiale, les volontaires rejoindront l’une des garnisons suivantes :
Garnison |
Terre |
Marine |
Air |
Gendarmerie |
Santé |
Aix-en-Provence |
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X |
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Angers |
X |
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Baden (RFA) |
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|
|
|
Bordeaux |
X |
|
X |
X |
X |
Bourges |
|
|
|
|
X |
Brest |
|
X |
|
|
X |
Caen |
X |
|
|
|
|
Châlons-sur-Marne |
X |
|
|
|
|
Cherbourg |
|
X |
|
|
|
Colmar |
|
|
|
|
X |
Dieppe |
X |
|
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|
Dijon |
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|
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|
X |
Grenoble |
|
|
|
|
X |
Le Mans |
X |
|
|
X |
|
Lille |
X |
|
|
X |
|
Lyon |
X |
|
|
X |
|
Marseille |
X |
|
|
|
|
Metz |
|
|
X |
X |
X |
Nancy |
X |
|
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Nantes |
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|
|
X |
Paris (ou Région) |
|
X |
|
X |
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Poitiers |
X |
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|
Rennes |
X |
|
|
X |
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Saumur |
X |
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Strasbourg |
X |
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X |
Toulon |
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X |
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|
X |
Toulouse |
X |
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|
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X |
Tours |
X |
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Promotions
Suivant leurs qualifications, les candidates sont incorporées comme :
– volontaires spécialistes : pour les médecins, dentistes, pharmaciennes, certaines interprètes et les titulaires d’un diplôme d’ingénieur ou d’un doctorat ;
– volontaires techniciennes : pour les titulaires d’un diplôme d’État ou d’un diplôme utilisable d’un niveau supérieur ou égal au baccalauréat ;
– volontaires pour les autres.
Parmi les volontaires, celles titulaires de certains certificats ou brevets professionnels seront promues volontaires techniciennes après trois ou six mois de service, compte tenu de leur valeur professionnelle et de leur manière de servir.
Statistiques concernant les premières volontaires
L’étude des premiers dossiers permet de dégager quelques observations qui révèlent des tendances dont il sera intéressant de suivre l’évolution.
La répartition des âges montre que 32 % des volontaires sont âgées de 19 ans, 22 % de 20 ans, 17 % de 21 ans et 12 % de 18 ans, le reste s’étageant entre 22 et 26 ans.
Le niveau d’instruction se situe pour les deux tiers des volontaires à celui du CEP ou d’un CAP. Si la proportion dés bachelières n’atteint pas 4 %, 24 % ont le BEPC et seulement 12 % ne justifient d’aucun diplôme.
Si l’on compare ces chiffres à ceux relevés dans les centres de sélection pour la population masculine des appelés du contingent, on trouve plus de bacheliers chez les garçons que chez les filles ; il semble donc – constatation provisoire – que peu de bachelières aient été tentées par cette première expérience de service féminin. Les proportions sont à peu près égales aux niveaux du certificat d’études primaire et du BEPC, mais plus de filles se présentent avec un certificat d’aptitude professionnelle. Quant aux garçons appelés qui ne possèdent aucun diplôme, ils sont relativement plus nombreux que les filles.
Dans les préférences exprimées pour le choix des armées ou d’un service, on note en tête l’ASA, métier féminin par excellence. Vient ensuite l’Armée de l’air et la Gendarmerie, suivies de l’Armée de terre, du Service de santé et de la Marine.
Dans le choix des fonctions, ce sont les demandes d’emplois administratifs et sociaux qui dominent, puis ceux de caractère technique.
Enfin dans les motivations avancées par les volontaires, celles qui reviennent le plus souvent révèlent :
– un désir de participer, comme les jeunes gens, aux responsabilités du citoyen devant ses devoirs de défense. Certaines volontaires ont même regretté qu’on ne leur donne pas la possibilité d’effectuer un service militaire armé ;
– le goût de la nouveauté, de l’aventure, l’aspiration à sortir de l’ordinaire ;
– l’envie de rompre avec le cadre de vie quotidien ;
– un souci d’acquérir une certaine maturité ;
– un espoir de formation professionnelle, voire même de carrière au sein du personnel féminin des armées.
Dans l’ensemble, ces premières indications permettent d’augurer favorablement du démarrage de l’expérience qui consiste à permettre pendant un an, aux jeunes filles de la nation de s’intégrer et de participer à l’activité des Armées. ♦