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Le 13 septembre prochain, le général d’origine française Jacques Dextraze accédera au plus haut poste de la hiérarchie militaire canadienne, celui de Chef d’état-major général (CEMG). Cette nomination remet à l’ordre du jour la question de la francophonie dans les forces armées. En effet le général Dextraze, de par ses fonctions actuelles de chef du personnel militaire, s’est longuement penché sur le problème, et le fait qu’il supplante le général anglophone Pollard, d’un an plus ancien et considéré jusque-là comme le « dauphin » du Chef d’état-major du moment, marque l’importance attachée par le Gouvernement à l’intégration des francophones (1). Pour mesurer l’ampleur de la tâche à accomplir dans ce domaine, il apparaît intéressant de faire le point de l’évolution de la situation des Canadiens-français dans les forces armées par rapport aux objectifs fixés par le Premier ministre Trudeau : donner aux francophones, à tous les niveaux de la hiérarchie militaire, une place correspondant à celle qui est la leur dans la Nation.
Il faut d’abord rappeler qu’il n’y a jamais eu de service militaire obligatoire au Canada et que, par le fait même, les Canadiens-français n’ont guère été attirés par une armée dont la langue et les traditions étaient britanniques. Les nécessités de la Première Guerre mondiale firent créer quelques unités à prédominance francophone, mais il fallut attendre l’année 1964 pour qu’à la faveur de la fusion des trois armées traditionnelles une véritable politique d’intégration des francophones soit mise sur pied. La réorganisation des forces armées fit constituer de nouvelles unités de langue française et un effort sans précédent fut entrepris pour réaliser le programme défini dans le Livre blanc sur « la défense dans les années 1970 » : atteindre le taux de 28 % des francophones à tous les échelons des forces armées et, ainsi, renforcer l’unité canadienne.
Ce pourcentage n’a pas été choisi au hasard. Il est celui que représente la population d’origine française par rapport aux 21 millions de Canadiens. Les forces armées à l’heure actuelle sont loin de l’atteindre : les 12 800 francophones ne constituent que 15,4 % de l’effectif total des forces armées (83 000 hommes) ; ce pourcentage tombe à 11,8 % chez les officiers et il n’y a que neuf Canadiens-français parmi les généraux. La répartition des francophones dans la pyramide des grades met en évidence une forte représentation aux bas échelons : environ 25 % des soldats de 2e classe, 21 % des sous-lieutenants, mais seulement 6 % des adjudant-chefs et des colonels ont le français pour langue maternelle.
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