Juillet 1972 - n° 313

S’il est un domaine dont les aspects politiques, économiques, scientifiques et militaires sont étroitement mêlés c'est bien celui de l'énergie nucléaire. Le rappel historique des conditions et notamment du contexte international dans lequel a dû se développer l'effort français le montre, tout en permettant de mieux comprendre l'évolution de la politique nucléaire de la France et les perspectives qui s'ouvrent à elle au moment où se profile déjà, à l'horizon 1980, l'ère industrielle et compétitive de l'électricité nucléaire. L'auteur, administrateur général du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), reprend ici l'essentiel d'un exposé qu'il a fait le 14 mars 1972 à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Lire les premières lignes

  p. 1043-1058

Qu'entend-on par défense civile et par maintien de l'ordre ? Comment les armées y participent-elles ? Ce n'est pas seulement en cas d'événements graves que leur action est indispensable, c'est en permanence que la coopération des autorités militaires et des préfets est un impératif de l'exercice du pouvoir : sans le concours des armées, pas de défense civile, du moins au sens large de l'ordonnance du 7 janvier 1959 et du décret du 13 janvier 1965. L'auteur, inspecteur général de l'administration au ministère de l'Intérieur et directeur de la Division des Affaires civiles au Secrétariat général de la défense nationale (SGDN), est un spécialiste des problèmes de défense civile et notamment de la législation qui les régit. Lire les premières lignes

  p. 1059-1068

L'auteur a séjourné plusieurs années en Extrême-Orient. Historien et géographe, il montre ici comment les mouvements extrémistes japonais après avoir, en 1960, provoqué la chute du gouvernement Kishi, se sont peu à peu discrédités par leurs excès, au point d'apparaître comme des alliés objectifs du pouvoir et d'être pratiquement éliminés de la scène politique. Dans ce processus, les nombreuses chaînes de télévision n'ont pas joué un rôle moindre que les fameux « kidotai », brigades de répression des émeutes, dont les méthodes sont maintenant étudiées et imitées par beaucoup de pays. L'affreux massacre de Lod, perpétré par un commando japonais se réclamant de l'« Armée rouge », vient hélas ! apporter une tragique confirmation à la thèse de l'auteur. Lire les premières lignes

  p. 1069-1084

Un effort est actuellement fait pour mettre les télécommunications de notre pays à la hauteur des exigences d'une économie moderne. L'analyse prospective des besoins et les perspectives offertes par les progrès techniques montrent que nous ne sommes qu'au début d'une période de mutation profonde et de croissance accélérée. L'auteur, ancien élève de l'École Polytechnique, ingénieur des Télécommunications, a participé comme chargé de mission au Commissariat général au Plan à l'élaboration du VIe Plan-Télécommunications. Il est actuellement chargé du Groupement Plan - Programmes - Budget à la Direction Générale des Télécommunications.

  p. 1085-1103

L'informatique, dit-on, traverse une crise. Il s'agit plutôt d'un certain ralentissement dans le développement abusivement explosif que l'informatique a vécu depuis une dizaine d'années. Ce ralentissement apparaît comme salutaire : il permettra enfin aux utilisateurs de « digérer » les conséquences de l'automatisation. Ce problème – replacé dans une optique de démystification – est abordé ici par l'auteur, informaticien militaire du 2e degré, chef du Bureau organisation-méthodes, informatique et statistiques de l'État-major de l'Armée de l'air, et, à ce titre, bien placé pour apprécier, après quelques années d'expérience informatique, les contraintes sévères qu'imposent ces « merveilleuses machines ».

  p. 1104-1126
  p. 1127-1137

Familier de la ligne Moscou-Pékin, l'auteur nous invite à faire en sa compagnie un voyage pittoresque pendant deux jours sur le Transmongol, depuis les confins du lac Baïkal jusqu'à la capitale de Chine. Lire les premières lignes

  p. 1138-1147
  p. 1148-1153
  p. 1154-1159

Étudié dès 1951 par les Soviétiques, considéré comme résolu « sur le papier » en 1959 par Teller, le problème de la bombe à neutrons a suscité aux États-Unis jusqu’en 1963 de nombreuses polémiques, puis semble avoir été mis en sommeil. Les difficultés techniques, l’inutilité de son emploi dans le cadre de la stratégie américaine alors en vigueur, ou le souci politique d’éviter la multiplication des nations à capacité thermonucléaire ont pu motiver, à l’époque, le freinage des études en cours. Toutefois, depuis un peu plus d’un an, les armes à rayonnement, dont l’intérêt réside dans la possibilité de prolonger une stratégie de dissuasion par une stratégie d’emploi, retiennent à nouveau directement ou indirectement l’attention des experts militaires. Les raisons de ce revirement peuvent être attribuées aux profonds changements intervenus au cours des dernières années dans le rapport des forces en présence : crise de l’O.T.A.N., parité de l’U.R.S.S. et des États-Unis dans le domaine des armes stratégiques, éventualité d’une réduction des forces américaines en Europe. Lire les premières lignes

  p. 1160-1173

Chroniques

Le voyage du président Nixon à Moscou (mai 1972) a consacré l’accord des deux super-Grands sur la nécessité de freiner la course aux armements stratégiques, ouverte par la mise au point des missiles antimissiles et des engins à ogives multiples, les premiers visant à renforcer les potentialités défensives, les seconds à les saturer, donc à redonner la primauté à l’attaque. À la différence du Traité de 1963 sur l’interdiction partielle des essais nucléaires, et de celui de 1968 sur la non-prolifération des forces nucléaires (TNP), celui-ci [NDLR 2021 : Traité ABM] ne concerne que les deux pays, qui ont pris en commun conscience des risques impliqués par les puissances à peu près équivalentes qu’ils détiennent, et qui ont placé cette conscience au-dessus de leurs divergences idéologiques. Lire la suite

  p. 1174-1180

Après la réorganisation de la formation professionnelle et de la promotion sociale (voir RDN, novembre 1971, p. 1715), le bilan pour l’année 1971 de l’ensemble des actions socio-éducatives, d’enseignement, de formation professionnelle et d’information des cadres paraît satisfaisant. Lire la suite

  p. 1181-1185

Le 13 septembre prochain, le général d’origine française Jacques Dextraze accédera au plus haut poste de la hiérarchie militaire canadienne, celui de Chef d’état-major général (CEMG). Cette nomination remet à l’ordre du jour la question de la francophonie dans les forces armées. En effet le général Dextraze, de par ses fonctions actuelles de chef du personnel militaire, s’est longuement penché sur le problème, et le fait qu’il supplante le général anglophone Pollard, d’un an plus ancien et considéré jusque-là comme le « dauphin » du Chef d’état-major du moment, marque l’importance attachée par le Gouvernement à l’intégration des francophones (1). Pour mesurer l’ampleur de la tâche à accomplir dans ce domaine, il apparaît intéressant de faire le point de l’évolution de la situation des Canadiens-français dans les forces armées par rapport aux objectifs fixés par le Premier ministre Trudeau : donner aux francophones, à tous les niveaux de la hiérarchie militaire, une place correspondant à celle qui est la leur dans la Nation. Lire la suite

  p. 1186-1193

Bien que ne présentant aucun matériel réellement nouveau, le 9e Salon de Hanovre qui vient de fermer ses portes demeure un succès par son organisation et par le volume des participants : 446 exposants dont 314 étrangers, les États-Unis, la France et la Grande Bretagne fournissant avec l’URSS les délégations les plus importantes. Lire la suite

  p. 1194-1199

L’événement le plus important de ces dernières semaines a été sans conteste la mise à flot, le 13 mai 1972, dans la grande forme de Lorient, en présence de l’amiral Chef d’état-major de la Marine (CEMM) – l’amiral Marc de Joybert –, du Tourville, première unité d’une série de trois frégates inscrites à la 2e loi d’équipement militaire couvrant la période 1965-1970. Mis en chantier le 21 février 1968, ce bâtiment doit entreprendre ses essais officiels au début de l’an prochain et en principe rallier la flotte en 1974. Lire la suite

  p. 1199-1204

La presse internationale consacrait récemment plusieurs colonnes de ses journaux à la situation au Burundi. Des informations en provenance d’Afrique faisaient état d’une rébellion aggravée d’affrontements raciaux et matée par le gouvernement de Bujumbura à l’issue d’une campagne de répression impitoyable. Enfin divers témoignages, mettant l’accent sur les antagonismes tribaux, laissaient craindre que les massacres de l’ethnie révoltée ne dégénèrent en génocide. Le pape Paul VI et M. Kurt Waldheim, Secrétaire général de l’ONU, ont exprimé leur inquiétude devant la dégradation de la situation. Mais l’opinion publique accaparée par des événements autrement sensationnels, notamment la guerre au Vietnam et la rencontre de Moscou, n’a guère accordé d’attention à ce drame qui semblait se dérouler dans un autre monde. Car ce pays, dont on dit qu’il est à feu et à sang, est en vérité fort mal connu. Lire la suite

  p. 1205-1210

Bibliographie

Robin Clarke : La guerre biologique est-elle pour demain ?  ; Éditions Fayard, 1972 ; 225 pages - H. N.

Dans le cadre de la conférence de Genève sur le désarmement, un accord international est en cours de ratification interdisant l’utilisation et la fabrication des armes bactériologiques. La France qui, on le sait, boude ces conversations, a pris de son côté, par un vote de son Parlement, des dispositions d’interdit sensiblement identiques. Doit-on répondre dans ce cas par la négative à la question que posait Robin Clarke en 1968 et qu’il maintient aujourd’hui dans la traduction française de son titre ? Les bonnes intentions, même lorsqu’elles sont confirmées par de solennelles signatures, ne résistent guère aux exigences des situations conflictuelles. Aussi était-il bon que fut établi le catalogue complet, avec recettes et modes d’emploi, de l’arsenal chimique et biologique non point pour nous permettre le choix de l’arme la plus « humaine » ou la plus perfide mais pour nous faire saisir l’ampleur du danger qu’elle représente et pour, éventuellement, la conjurer. Lire la suite

  p. 1211-1211

Georges Elgozy : Le désordinateur. Le péril informatique  ; Éditions Calmann-Lévy, 1972 ; 320 pages - Claude Delmas

« Plus enclins à se passionner qu’à s’instruire, nos contemporains célèbrent avec tant de lyrisme les services réels et imaginaires rendus par les ordinateurs qu’ils en négligent les contraintes, les nuisances. Les désillusions qui suivent une découverte sont à proportion des illusions qui la précèdent ou qui l’accompagnent ». Ces lignes précisent l’intention générale de Georges Elgozy. Dans maintes performances signalées pour illustrer les vertus de l’ordinateur, notamment en ce qui concerne l’aide à la décision, les résultats eussent été du même ordre, selon Georges Elgozy, avec une simple machine à calculer, une règle à calcul, un crayon. Lire la suite

  p. 1211-1212

Hervé Savon : Du cannibalisme au génocide  ; Éditions Hachette, 1972 ; 248 pages - Georges Vincent

L’homme ne peut-il survivre qu’au prix du meurtre de ses semblables ? Telle est la question fondamentale posée par le livre d’Hervé Savon. Dépassant l’attitude moraliste, il se place dans une perspective sociologique et plus particulièrement dans la ligne de la polémologie, discipline dont Gaston Bouthou, qui lui fait l’honneur d’une préface, est le créateur. Hervé Savon est d’ailleurs membre du comité de rédaction de la revue Études polémologiques qui est l’organe d’expression de l’Institut français de polémologie dirigé par l’éminent sociologue. Lire la suite

  p. 1212-1213

Michel Tatu : Le triangle Washington-Moscou-Pékin et les deux Europe(s)  ; Éditions Casterman, 1972 ; 148 pages - André Nolde

Michel Tatu, jeune journaliste de talent, chef du service étranger du Monde dont il avait été précédemment le correspondant en URSS et en d’autres pays d’Europe orientale, a rassemblé dans ce volume de poche, après les avoir remaniés et « rajeunis », un certain nombre de ses articles des années 1970 et 1971. Observateur attentif et réfléchi, Tatu (comme d’ailleurs Fetjö qui dirige chez Casterman la collection « P.H. » (Politique, Histoire) dont c’est là le volume inaugural) est un « mordu » de la politique et surtout de cette « Grosse Politik » (suivant l’expression de Bismarck) qui se joue à l’échelon mondial et qui est destinée à se transmuter plus tard en Histoire. Lire la suite

  p. 1213-1213

Jean Rohr : La Suisse contemporaine  ; Éditions Armand Colin, 1972 ; 349 pages - André Nolde

Ce dernier venu des ouvrages de la collection U2 d’Armand Colin contient sous une forme claire et concise une véritable mine de renseignements sur tous les aspects de la vie politique et sociale de la Suisse. Ces renseignements, soigneusement mis à jour jusqu’à fin 1971, sont illustrés et appuyés par de nombreux documents : statistiques, cartes, tableaux, textes constitutionnels, articles de journaux, très judicieusement choisis et bien présentés. Il y a donc là un instrument de travail de premier ordre pour les étudiants en histoire, droit public et sciences politiques, auxquels le livre est tout particulièrement destiné. Lire la suite

  p. 1213-1214

Phylis Auty : Tito  ; (traduit de l’anglais par Mauricette Begic) Éditions du Seuil, 1972 ; 320 pages - André Nolde

La collection « L’histoire immédiate » – expression à vrai dire quelque peu équivoque – ne nous a guère habitué à des ouvrages où le souci de faire œuvre historique passe avant celui de sacrifier à l’actualité, dans le style « grand reportage ». Le livre de Phyllis Auty, historien de métier, professeur à l’Université de Londres, sera, quant à lui, accueilli avec satisfaction par tous ceux qui, indifférents à l’anecdote, au sensationnel, et à « l’immédiat », désirent se faire une opinion motivée et réfléchie sur la personnalité de Tito de même que sur son credo en matière politique et sur les raisons de l’intime accord qui existe incontestablement entre l’homme d’État et l’immense majorité de la population yougoslave. Lire la suite

  p. 1214-1214

Alain Samuelson : Le Mark. Histoire de la monnaie allemande  ; Éditions Didier, 1971 ; 432 pages - Claude Delmas

Le mark a eu cent ans le 4 décembre dernier. Son histoire est dramatique. Il est né en 1871 d’une guerre gagnée, puis à deux reprises il s’est effondré dans deux guerres perdues. C’est aujourd’hui la monnaie la plus forte de l’Ancien monde. Mais sa grandeur même en fait la cible de la spéculation internationale, et les euro-dollars ont remporté sur lui des victoires qu’on appelle réévaluations : mars 1961, octobre 1969, mai 1971… Pourrait-il vivre sous un régime de réévaluations continues ? Il y perdrait cette puissance d’exporter qui fait sa force. Mais comment réagir et assurer demain sa sécurité ? Interroger le mark d’hier peut aider à comprendre celui de demain. Lire la suite

  p. 1214-1215

Jean-Marie Domenach : Emmanuel Mounier  ; Éditions du Seuil, 1972 ; 189 pages - H. N.

Contemplatif jeté dans l’action consciente, chrétien socialiste sans être socialiste chrétien, apôtre d’une révolution spirituelle sans imposer d’Évangile, croyant cherchant sa complémentarité dans l’incroyance, tel a été Emmanuel Mounier. Fondant la revue Esprit en 1930, il s’est donné pour tâche de « refaire une renaissance » où l’homme serait remis dans sa vérité et la vérité rendue à une société qui n’existe que par lui et pour lui. Lire la suite

  p. 1216-1216

Revue Défense Nationale - Juillet 1972 - n° 313

Revue Défense Nationale - Juillet 1972 - n° 313

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Juillet 1972 - n° 313

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