Maritime - Dans la Marine française : activités de printemps - Dans la marine italienne : nouveaux destroyers lance-missiles - La marine danoise
Dans la Marine française : activités de printemps
La grande sortie de printemps de l’escadre de l’Atlantique s’est déroulée cette année entre le 16 mai et le 23 juin en Atlantique, Manche, mer du Nord et mer de Norvège.
Le vice-amiral commandant l’escadre avait arboré sa marque sur la frégate lance-engins Duquesne. Les unités suivantes ont en outre participé à cette sortie : les porte-avions Clemenceau et Foch ; les escorteurs d’escadre Casabianca, Du Chayla, Vauquelin, Bouvet, Maillé Brézé, l’aviso-escorteur Balny, les escorteurs rapides Le Corse, Le Champenois et Le Normand, le sous-marin Requin et le pétrolier ravitailleur La Saône. Outre le groupe aérien embarqué sur le Clemenceau fort de 9 Vought F-8 Crusader, 10 Breguet Alizé, 18 Dassault Étendard qui fut transféré sur le Foch au large de Scapa Flow, l’aéronautique navale était représentée par 7 avions de patrouille maritime Breguet Atlantic. Cette sortie d’entraînement, entrecoupée de brèves escales aux Pays-Bas, Allemagne, Norvège et Grande-Bretagne, a comporté des exercices particulièrement animés de lutte anti-sous-marine (ASM), anti-surface et de lutte antiaérienne ; ces derniers furent particulièrement intéressants. Sur le chemin du retour une partie de l’escadre renforcée du porte-hélicoptères Arromanches a fait une assez longue escale à Cherbourg, ce qui permit d’organiser une semaine « Marine » qui remporta le plus grand succès. Plus de 50 000 personnes dont une majorité de jeunes, venant parfois de très loin par trains spéciaux ou cars, ont envahi les bâtiments, portant le plus vif intérêt au matériel présenté.
Rendant la visite qu’avait effectuée à Nantes l’hydrographe soviétique Polious, le navire océanographe d’Entrecasteaux a fait escale à Mourmansk du 16 au 22 juin 1972 où l’accueil fut très chaleureux.
Les bâtiments de l’escadre de la Méditerranée, c’est-à-dire le porte-hélicoptères Arromanches, les escorteurs d’escadre Cassard et d’Estrées, les escorteurs rapides L’Alsacien, Le Béarnais et Le Vendéen, après avoir pris part à l’exercice Otan Dawn Patrol ont poursuivi leur entraînement en Méditerranée orientale, ce qui permit de montrer notre pavillon en Grèce continentale, en Crète, au Liban et en Turquie. L’escadre ralliait ensuite Toulon début juin.
Dans la marine italienne : nouveaux destroyers lance-missiles
La marine italienne va, d’ici à la fin de l’année, s’enrichir de deux destroyers lance-missiles qui font honneur aux ingénieurs qui les ont conçus. Il s’agit de l’Audace actuellement en essais et de l’Ardito mis sur cale en 1968 ; ces bâtiments ont été mis à l’eau l’an dernier. Déplaçant 4 400 tonnes en pleine charge (tpc) et marchant à 34 nœuds, ils possèdent un armement particulièrement important puisqu’il comprend un lance-missiles surface-air Standard Tartar (portée : 20 nautiques, plafond 70 000 pieds), 2 pièces de 124 CA et 4 autres de 76 CA, 6 tubes lance-torpilles ASM et 2 hélicoptères lourds Sikorsky SH-3 Sea King porteurs d’armes et de moyens de détection. L’artillerie, entièrement automatique et de conception italienne, est particulièrement remarquable : le 127 a été adopté par les Canadiens et le 76 par plusieurs marines étrangères. La livraison de ces bâtiments portera à sept le nombre des navires lance-missiles de la flotte italienne : les cinq autres étant les croiseurs Vittorio Veneto de 8 850 tpc : les croiseurs Andrea Doria et Caio Duilio de 7 300 tpc et les destroyers Impavido et Intrepido de 4 000 tpc.
Après l’entrée en service des deux Audace, il s’écoulera un certain temps avant que de nouvelles unités viennent renforcer la marine italienne. La plupart des crédits de la marine étant en effet affectés à son fonctionnement, le programme de construction neuves ne porte que sur :
– 2 sous-marins de 1 000 t dont un seul est en chantier ;
– 1 hydroptère de 60 t.
Les projets pour l’avenir intéressent :
– 4 hydroptères de 200 t lance-missiles surface-surface ;
– 2 escorteurs de 2 000 t ;
– 1 hydrographe de 2 500 t ;
– 1 pétrolier ravitailleur d’escadre.
Ces bâtiments doivent en principe être mis en chantier en 1972-1973 pour entrer en service en 1975-1976.
À noter que la marine américaine va transférer à la marine italienne deux bâtiments amphibies du type LST de construction récente.
La marine danoise
Le Danemark se compose, comme on le sait, d’une partie continentale, la presqu’île de Jutland et d’un archipel comptant près de 500 îles dont une centaine seulement sont habitées. Les deux principales sont la Fionie et la Seeland où se trouve Copenhague. Le Danemark contrôle les passages ou Belts qui, entre ces îles, permettent de pénétrer ou de sortir de Baltique. Il peut aussi contrôler le Sund qui sépare l’île de Seeland de la Suède.
Cette situation géographique particulière explique que le Danemark soit un pays de vieille tradition maritime et que la marine ait toujours tenu une place importante dans la défense du pays. Cette même situation explique l’intérêt que lui porte l’Otan. La marine danoise serait en cas de guerre chargée d’assurer, en coopération avec la marine fédérale allemande, la défense et le blocus des détroits en attendant l’arrivée des renforts alliés.
La défense danoise est régie par une loi datant du 1er janvier 1970 qui a remplacé celle de 1960 jugée insuffisante dans plusieurs domaines.
Le ministre de la Défense est responsable de l’organisation, de la mise en condition des forces et de la gestion des crédits affectés aux armées.
Les trois armées sont commandées par le « Chef de la défense » qui est seul responsable devant le ministre de la conduite des opérations en temps de paix et de la réalisation des plans d’équipement. Il est assisté par un État-major interarmées chargé notamment des fabrications à long terme et des problèmes logistiques à l’échelon le plus élevé.
Les Chefs d’état-major de chacune des armées sont seulement responsables de l’instruction et de l’administration des personnels ainsi que de la mise en condition opérationnelle des unités placées sous leurs ordres. Sur le plan administratif, les trois armées sont des entités autonomes. En cas de guerre, la quasi-totalité des forces terrestres et navales danoises seraient mises par le Chef de la défense aux ordres de l’Otan, l’armée de l’air étant déjà dès le temps de paix totalement intégrée à cet organisme. Un commandement germano-danois interarmées appelé COMBALTAP a été à cet effet créé en 1962 ; son siège est à Karup. Il est directement subordonné à CINCNORTH (PC à Oslo) qui lui-même dépend de SACEUR. Le responsable de COMBALTAP est toujours un officier général danois. Son subordonné naval, COMNAVBALTAP, est alternativement un amiral danois et un amiral allemand. Son QG est situé à Kiel mais il dispose d’une antenne à Karup. Il a deux subordonnés, l’un allemand le Flag Officer Germany (FOG), l’autre danois, le Flag Officer Denmark (FOD).
Le Chef d’état-major de la Marine a vu son rôle réduit dans la nouvelle organisation puisque, en temps de paix, le Chef de la défense a désormais autorité directe sur la totalité des forces opérationnelles. Il est cependant responsable devant le ministre du recrutement et de l’administration du personnel et devant le Chef de la défense de son instruction. Ce dernier actionne les forces de la marine par l’intermédiaire des commandements suivants :
– Commandement opérationnel des forces navales (Søvaernets Operative Kommando ou SØK),
– Bases navales,
– Districts navals.
– Commandement des Féroé,
– Commandement du Groenland.
En cas de guerre, le SØK passerait sous l’autorité de l’Otan pour devenir Flag Officer Denmark (FOD), l’un des deux subordonnés de COMNAVBALTAP : mais dès le temps de paix, la marine danoise participe, de façon toutefois intermittente, à la STANAVFORLANT.
Les districts maritimes sont au nombre de cinq : Sund, Bornholm, Langeland, grand Belt et Kattegat.
La flotte comprend :
– 2 escorteurs de 2 200 t récents : le Peder Skram et l’Herluf Trolle ;
– 4 escorteurs de 950 t de construction italienne datant de 1955-1957 :
– 6 sous-marins dont 2 de 370 t et 4 de 550 t tous construits à l’arsenal de Copenhague. Les sous-marins de 370 t sont du type allemand U.4. Le plus vieux de ces sous-marins est âgé de 14 ans ; les 370 t sont entrés en service en 1964 et 1971 ;
– 7 mouilleurs de mines dont 4 de 1 800 t récents ;
– 12 dragueurs ;
– 15 patrouilleurs côtiers ;
– 4 garde-pêches de 1 340 t datant de 1963 ;
– 16 vedettes lance-torpilles dont plusieurs, très anciennes, n’ont qu’une valeur militaire très réduite ;
auxquels il faut ajouter quelques navires logistiques ou auxiliaires de petit tonnage. L’ensemble de ces forces représente environ 60 000 t.
Le programme de constructions neuves, très modeste, ne porte que sur 8 vedettes lance-torpilles et 3 petits patrouilleurs côtiers. Pour l’avenir, il est envisagé de construire 4 escorteurs pour remplacer les unités d’origine italienne qui deviendront hors d’âge en 1975-1976.
La marine danoise ne possède pas d’aéronautique navale proprement dite, la défense aérienne du territoire et des eaux danoises est en effet confiée à l’armée de l’air. Les missions de recherches et sauvetage en mer sont dévolues à une escadrille d’hélicoptères de cette armée. La marine a cependant à sa disposition 8 Alouette III qui sont armées par des marins et sont normalement embarquées sur les garde-pêches.
Le personnel de la marine danoise se monte à 6 000 hommes auxquels il faut ajouter un peu plus de 2 000 employés civils. Les officiers, y compris les réservistes servant en situation d’activité, sont au nombre d’environ 900. Près de 1 600 officiers mariniers ou marins viennent des engagements à long terme ; leur formation est très soignée. Le reste des équipages, soit environ 2 800 hommes, est issu du recrutement ; la durée du service reste de 12 mois, aucune décision n’ayant encore été prise quant à sa réduction.
Les officiers de Marine sont recrutés parmi les titulaires du baccalauréat (Student Eksam) et leur première formation leur est donnée à l’École navale de Holmen (Copenhague) où les cours durent quatre ans et qui forme aussi bien des officiers de vaisseau que des ingénieurs ou des commissaires. Les officiers de réserve viennent de la marine marchande ou des grandes écoles. Ils contractent un engagement minimum de deux ans et reçoivent une formation accélérée à l’École navale. Il existe aussi un corps d’officiers spéciaux provenant du rang, appelés à remplir des fonctions bien spécifiques : ils ne peuvent pas dépasser le grade de capitaine de corvette. ♦