Maritime - Dans la Marine française : le budget 1972 - Dans la marine britannique : les Through Deck Cruisers - Dans la marine canadienne : les escorteurs classe Iroquois
Dans la Marine française : le budget 1973
Le budget de la Marine pour l’exercice 1973 prévoit 6 096,26 millions de francs (MF) de crédits de paiement (CP) pour l’ensemble des titres III (Fonctionnement) et V (dépenses en capital) contre 5 543,60 MF en 1972.
Le titre V est doté de 4 175,20 MF d’Autorisations de programmes (AP) soit 380,72 de plus qu’en 1972.
Le tableau ci-dessous permet d’apprécier la situation de ce budget par rapport à celui de la Défense nationale.
|
CP titre III |
CP titre V |
Total CP |
AP titre V |
||||
MF |
% |
MF |
% |
MF |
% |
MF |
% |
|
Section Commune |
4 082,70 |
22,3 |
5 092,90 |
30,8 |
9 175,60 |
26,3 |
6 010,80 |
29,5 |
Section Air |
3 336,84 |
18,2 |
3 937,90 |
23,8 |
7 274,74 |
20,9 |
5 222,50 |
25,6 |
Section Terre |
5 519,26 |
30,7 |
3 683,70 |
22,3 |
9 202,96 |
26,4 |
4 474,80 |
21,9 |
Section Marine |
2 706,36 |
14,7 |
3 389,90 |
20,4 |
6 096,26 |
17,5 |
4 175,20 |
20,8 |
Section Gendarmerie |
2 654,84 |
14,1 |
395,60 |
2,7 |
3 050.60 |
8,9 |
485,70 |
2,2 |
TOTAL |
18 300,00 |
100,0 |
16 500,00 |
100,0 |
34 800,00 |
100,0 |
20 369,00 |
100,0 |
En 1973, les ressources de la Marine – c’est-à-dire les CP – se monteront donc à 17,5 % environ du budget de la défense contre 17,8 % en 1972 et 18,1 % en 1971. Ce pourcentage est à comparer avec celui que les autres pays consacrent à leur Marine.
États-Unis : 33 % environ
Grande-Bretagne : 28 % environ
Pays-Bas : 22 % environ
Suède : 13 % environ
Par grandes masses, la répartition des crédits de paiement du titre III se présente comme suit comparée à celle de l’exercice précédent :
|
1973 en MF |
1972 en MF |
1) Personnel - Rémunérations d’activité |
1 214,52 |
1 094,33 |
2) Entretien du personnel (alimentation, habillement, casernement, frais de déplacement et transport, entretien) |
216,08 |
199,55 |
3) Charges sociales |
158.69 |
152,02 |
4) Matériel et fonctionnement des armes et services |
1 084,65 |
1 008,05 |
5) Entretien des immeubles de la Marine |
26.65 |
24,43 |
6) Subventions (Musée de la Marine, Marins pompiers de Marseille) |
5,44 |
3,87 |
7) Dépenses diverses |
0,32 |
0.32 |
TOTAL litre III |
2 706,36 |
2 482,59 |
Les crédits du personnel permettront d’entretenir 68 915 militaires se répartissant comme suit :
– Personnel de carrière ou sous contrat ADL : 46 016.
– Personnel sous contrat PDL : 6 367.
– Appelés : 16 532.
Sur ce total, la répartition par catégorie sera la suivante :
– Officiers : 4 419 dont 48 officiers généraux et 14 officiers du personnel féminin.
– Officiers-mariniers : 26 699 dont 282 femmes.
– Quartiers-maîtres et marins : 37 797.
Compte tenu de la 3e tranche de réductions d’effectifs militaires prévue pour la période 1971-1975, l’augmentation du titre III par rapport à 1972 (+ 223,76 MF) est principalement due à l’accroissement des rémunérations des agents de l’État attendue pour 1973. Rappelons à ce propos que l’ensemble des crédits de rémunération des fonctionnaires civils et ouvriers de la Marine est inscrit à la section commune du budget. Les autres principaux chapitres du titre III qui sont accrus par rapport à ceux de l’exercice précédent sont le n° 34.52 qui concerne l’entretien des matériels de série de l’aéronautique navale (+ 15,78 MF), et le n° 34.71 qui couvre l’entretien des matériels de la flotte (+ 61,96 MF), mais cela n’implique pas en soit qu’un effort suffisamment important sera fait en 1973 pour l’entretien des navires et avions ; les accroissements de crédits prévus ne correspondent en fait qu’à l’augmentation prévisible du coût des travaux.
En résumé, les crédits du titre III représenteront en 1973, 44,3 % des ressources contre 44,8 % en 1972, 47,2 % en 1971 et 47,7 % l’année précédente.
Si nous examinons maintenant les dépenses en capital (titre V) nous voyons qu’elles se monteront en 1973 à :
– 3 389,90 MF de crédits de paiement (CP) contre 3 061 MF en 1972, soit une augmentation de 328,90 MF (9 % environ) ;
– 4 175,20 MF d’autorisations de programmes (AP) contre 3 794,50 MF en 1972 et 3 107,70 MF en 1971. Cette augmentation représente 10 % environ. Ces CP et AP seront répartis comme suit :
|
CP |
AP |
Études, recherches, prototypes |
463,1 |
543,7 |
Habillement, couchage, casernement |
50,5 |
52 |
Aéronautique Navale, matériels de série |
441,2 |
780 |
Transmissions |
37,5 |
72,55 |
Constructions neuves, refontes, modernisations |
1 829,60 |
2 066,80 |
Munitions et engins |
340,7 |
422,1 |
Équipement militaire à terre (DCA, Écoles d’armes, détection, sites de lancement, etc.) et équipements d’océanographie et de géophysique marine |
82,3 |
88,55 |
Travaux, outillage et gros matériels du Commissariat |
8,7 |
10,1 |
Bases aéro (détection, télécommunications, informatique, etc.) |
26,8 |
30,1 |
Travaux Maritimes |
109 |
108,8 |
Les 543,70 MF prévus pour les études, les recherches et développement se répartiront de la façon suivante :
– Études et prototypes pour la flotte : 361,30 ;
– Études et prototypes pour l’aéronautique navale : 165,00 ;
– Études relatives aux engins (MM38 Exocet et autres missiles) : 17,40.
Les principales études individualisées qui seront en 1973 financées sont :
– Le projet Cormoran (sonar à grande profondeur) ;
– La chasse aux mines ;
– Le missile MM38 Exocet ;
– L’hélicoptère de lutte anti-sous-marine (ASM) franco-britannique WG13 Lynx.
Pour ce qui concerne l’aéronautique navale (780 MF d’AP), les principales opérations qui seront réalisées soit par la Direction technique des constructions aéronautiques (DTCA), soit par la Direction technique des constructions navales (DTCN), soit par le Service central Aéro de la Marine porteront sur :
– La modernisation du Breguet 1150 Atlantic ;
– Le WG13 Lynx ;
– Les avions d’assaut embarqués ;
– Les avions d’écoles et de servitude ;
– L’hélicoptère Sud-Aviation SA321 Super-Frelon ;
– Les rechanges.
Dans le domaine des constructions neuves, la Force océanique stratégique (Fost) reçoit 868 MF d’AP. La construction des SNLE Le Foudroyant (lancé le 4 décembre 1971) et L’Indomptable (lancement prévu : août 1974) sera poursuivie, tandis que les dernières mises au point du Terrible s’achèveront et que les travaux préliminaires à la mise en chantier du 5e SNLE, Le Tonnant, seront entrepris. L’entretien opérationnel des 2 SNLE en service, Redoutable et Terrible, marquera un accroissement par rapport à 1972. Par contre, la part de l’environnement sera en diminution.
Les AP pour les autres constructions neuves s’élèveront à 904,60 MF qui permettront de poursuivre ou de lancer les opérations suivantes :
|
AP |
CP |
Frégate Tourville (F67 n° 1) |
87,80 |
49,60 |
Frégate Duguay-Trouin (F67 n° 2) |
51,60 |
22,30 |
Frégate F67 n° 3 (qui portera le nom de De Grasse) |
53,90 |
19,40 |
Corvette C70 n° 1 (qui s’appellera Georges Leygues) |
182,90 |
10,90 |
Bâtiment d’expérimentation sous-marine (BIESM) Triton |
2,00 |
2,00 |
Pétrolier-ravitailleur léger (prototype d’une série de 3) |
15,40 |
12,20 |
Avisos A69 n° 1 à 8 et 9 A11 |
357,40 |
36,20 |
Sous-marins de 1 200 t (Agosta, Beveziers, La Praya, Ouessant) |
122,10 |
32,80 |
Transports de débarquement (1 330 tpc n° 1 et 2) |
7,00 |
3,00 |
Les AP pour les grosses refontes et modernisations s’élèveront à 259,50 MF et intéresseront :
– L’achèvement de la refonte du Colbert en croiseur lance-missiles Masurca (en essais depuis octobre dernier) ;
– La refonte du Duperré en escorteur ASM ;
– La mise à jour des armes et de l’électronique (radars, sonars, ECM, etc.) d’un certain nombre d’unités ;
– La poursuite de la modernisation des sous-marins classe Daphné (Flore et Doris).
La situation du chapitre relatif aux munitions et engins sera meilleure en 1973 qu’en 1972, 1971, 1970 puisqu’il prévoit 422,10 MF d’AP contre respectivement 330,260 et 244 MF. Ces AP seront réparties comme suit :
– Munitions pour la flotte : 80,10 MF
– Torpilles, mines, dragues : 97,10 MF
– Munitions Aéro : 44,20 MF
– Armes nouvelles télécommandées : 145,60 MF
– MM38 Exocet : 27,60 MF
– Système Magic (missile air-air) : 26,90 MF
Enfin, les 108,80 MF prévus pour les travaux maritimes permettront de moderniser les installations de la Marine à Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort et Toulon.
Dans la marine britannique : les Through Deck Cruisers
Le ministre de la Défense, Lord Carrington, a récemment donné l’ordre de mise en chantier du premier des trois Through Deck Cruisers dont la Royal Navy souhaite disposer en trois exemplaires en 1980 pour remplacer le porte-avions de 50 000 tonnes Ark Royal qui sera retiré du service à cette date.
Les premiers matériels destinés à ce nouveau navire viennent d’être commandés par les Chantiers Vickers : ce bâtiment sera mis sur cale en février prochain. Ce premier Through Deck Cruiser qui en principe doit entrer en service en 1978 présentera les caractéristiques suivantes :
– Déplacement : de l’ordre de 18 000 à 20 000 tpc ;
– Propulsion : turbines à gaz de vitesse et de croisière ;
– Vitesse : 30 nœuds.
Son armement comprendra des missiles MM38 Exocet et le système surface-air à moyenne portée Sea Dart (portée maximale : 40 000 m, volume d’interception : 50 000 à 55 000 pieds). Il sera doté d’un pont d’envol continu relié à un hangar par 2 ascenseurs et embarquera au moins 16 aéronefs (en principe : 9 hélicoptères ASM Sikorsky SH-3 Sea King et 9 avions type Adav/Adac (1) Harrier).
La décision de Lord Carrington ferait suite aux enseignements tirés des récents grands exercices Highwood (décembre 1971) et Strong Express (septembre-octobre 1972) qui auraient montré qu’il était indispensable de disposer d’une aviation embarquée, fût-elle réduite à quelques avions type Harrier, pour assurer la couverture aérienne minimale des forces à la mer dans les zones non couvertes ou imparfaitement couvertes par les intercepteurs et les avions d’attaque de la Royal Air Force (RAF) basés à terre. Parallèlement, on apprenait que le recrutement et la formation d’un petit nombre de pilotes d’avions avait repris dans la Royal Navy : ce recrutement avait été interrompu sur les ordres du gouvernement de Mr. Wilson, celui-ci désirant, on s’en souvient, supprimer les porte-avions. La RAF qui semble avoir admis, peut-être à contrecœur, qu’elle n’était pas en mesure de remplir toutes les missions relevant de l’aviation embarquée proposerait selon la presse d’outre-Manche, une solution de compromis qui consisterait à confier le pilotage des Harrier embarqués indifféremment à des hommes de la Fleet Air Arm ou de la RAF regroupés dans le cadre d’équipes mixtes embarquées à bord des Through Deck Cruisers.
Dans la marine canadienne : les escorteurs classe Iroquois
Deux des quatre escorteurs ASM de 4 100 t du programme naval ont été récemment remis par leur chantier constructeur à la marine canadienne : le DDH 280 Iroquois le 29 juillet ; en août, le DDH 282 Athabaskan. Ils poursuivent actuellement leurs essais. Les deux autres DDH 281 Huron et DDH 283 Algonquin rallieront la flotte l’an prochain. Rappelons les principales caractéristiques de ces bâtiments :
– Propulsion : turbines à gaz de vitesse et de croisière ;
– Vitesse : 30 nœuds sur les turbines de vitesse :
– Armement : 1 tourelle simple de 127 CA automatique achetée en Italie ; 2 systèmes surface-air à courte portée Otan Sea Sparrow ; 1 système ASM Ikara (torpille associée à une fusée porteuse ; portée max. : 20 000 yards) ;
– 2 hélicoptères lourds ASM Sea King ;
– Équipage : 280 hommes (22 officiers).
Dans la marine canadienne, les hélicoptères Sea King porteurs d’armes et de senseurs sont utilisés en écran en avant des forces à protéger. La mise en service de ces nouveaux escorteurs ne va pas sans poser des problèmes de personnel, la marine souffrant d’un manque grave d’équipages à la suite des compressions d’effectifs survenues ces dernières années. Aussi sera-t-elle sans doute amenée pour armer les 4 Iroquois à désarmer quelques-uns des escorteurs en service, soit à faire des prélèvements sur leurs équipages.
Rappelons que depuis 1965, les forces aéro-maritimes ont été regroupées en un Maritime Command, l’un des six grands commandements intégrés dans lesquels ont été réparties les forces armées canadiennes. Il se compose des deux anciens commandements de la marine (Atlantic Command et Pacific Command) et de l’ex-Maritime Air Command de qui relevait l’aviation de patrouille maritime et qui dépendait de l’ancienne Royal Canadian Air Force. Le nouveau commandement est voué principalement à la lutte ASM. Il dispose pour cela de :
– 20 escorteurs rapides de 2 800 à 2 900 t équipés les uns d’un hélicoptère Sea King, les autres d’une arme de jet à longue portée, l’ASROC (Anti Submarine Rocket) américain, ce qui permet des combinaisons tactiques intéressantes. La plupart de ces escorteurs sont équipés en plus d’un sonar de coque, d’un sonar remorqué, tous deux à basse fréquence ;
– 4 sous-marins dont 3 récents de 1 600 t achetés en Grande-Bretagne ; ces bâtiments sont principalement affectés à l’entraînement des escorteurs ;
– 3 gros ravitailleurs polyvalents de 22 000 à 24 000 t ;
Une aéronautique maritime forte en plus des hélicoptères embarqués d’une trentaine de quadrimoteurs Argus. Ces appareils qui prennent de l’âge doivent être remplacés par un appareil plus moderne. Après avoir étudié plusieurs formules, les Canadiens pencheraient actuellement vers l’adaptation du Boeing 707 à la lutte ASM. ♦
(1) Avion à décollage et atterrissage verticaux/courts.