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Soudan : le général Nemeiry se tourne vers l’Afrique
Conscient de la priorité qu’il convient d’accorder aux problèmes de politique intérieure et, au premier chef, à celui posé par la réconciliation nationale, le général Nemeiry prend ses distances vis-à-vis de ses voisins du Nord. Les motifs de mécontentement entre le Soudan, la Libye et l’Égypte s’accumulent depuis un an. À Tripoli comme au Caire on reproche au général Nemeiry son ingratitude à l’égard des pays frères qui l’ont aidé à se remettre en selle au lendemain du coup d’état pro-communiste de juillet 1971. N’a-t-il pas limogé presque aussitôt les personnalités pro-nassériennes qui gravitaient dans son entourage, au sein du gouvernement ou à la tête de l’armée ? Ces exclusions manifestement destinées à faciliter les négociations avec les rebelles des provinces méridionales et à éluder, du même coup, l’adhésion du Soudan à l’Union des Républiques arabes, choquent les alliés du général Nemeiry : ceux-ci, déçus, irrités, commettent des écarts de langage fort maladroits et peu prisés à Khartoum où l’on a l’amour-propre aussi chatouilleux qu’ailleurs.
À n’en pas douter, l’immixtion quasi permanente dans les affaires soudanaises, tant du cousin libyen que du grand frère égyptien, est la cause profonde de la détérioration des relations entre Khartoum, Tripoli et Le Caire.
La tension atteint son degré extrême à l’occasion du conflit ougando-tanzanien lorsque le détachement aérotransporté de l’armée libyenne, envoyé en renfort au général Amin, intercepté dans l’espace aérien soudanais et contraint de retourner à sa base de départ, passe outre à cette injonction et continue sa route vers Kampala.
À Khartoum on ressent ce refus de respecter la neutralité nationale comme un geste inamical et un véritable défi. Cette fois, le Soudan qui s’estime lésé dans sa souveraineté, paraît fermement décidé à ne pas transiger, et, comme au Caire et à Tripoli on ne semble pas mesurer la gravité des blessures faites à l’honneur soudanais, le général Nemeiry au cours d’une interview à un journal libanais n’hésite pas à critiquer le président Sadate et à se plaindre de la désinvolture qu’il manifeste dans ses rapports avec le parent pauvre de Khartoum ; puis il exige la fermeture de deux firmes égyptiennes installées au Soudan, limite les activités de la branche de l’université du Caire détachée à Khartoum, réduit les effectifs du contingent soudanais, installé depuis 1967 sur le canal de Suez, provoquant ainsi une réaction violente du président Sadate qui rappelle son personnel universitaire et réclame le retrait total des troupes soudanaises.
Accorder à ces éclats un caractère définitif serait dramatiser une querelle dont les rebondissements ne ressortissent pas nécessairement à la logique cartésienne. Mais force nous est de reconnaître que la révolte du général Nemeiry contre une tutelle devenue à la longue intolérable, constitue une démarche de la plus haute importance pour l’avenir du Soudan.
Pour la première fois dans l’histoire de ce pays un chef d’État marque, sans équivoque et de manière irréversible, sa détermination de pratiquer une politique distincte du panarabisme traditionnel, plutôt fondée sur la concorde à l’intérieur et la neutralité à l’extérieur, en somme une politique de souveraineté proprement nationale.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, il est pourtant vrai que le Soudan, dont l’accession à l’indépendance remonte à 1955, dont les frontières communes avec huit États sont reconnues et garanties, éprouve encore des difficultés pour dégager sa propre personnalité.
Déjà du temps de la colonisation, on disait le Soudan « anglo-égyptien » afin de ne pas le confondre avec son prolongement naturel en Afrique occidentale française ; et si, après l’obtention de l’autonomie en 1953, ses dirigeants, dans un premier réflexe, arrachaient l’étiquette coloniale anglaise, ils mettaient autant d’acharnement à renforcer les liens avec l’Égypte. C’était oublier un peu vite que le Soudan plongeait ses racines au cœur de l’Afrique noire et que les populations du Sud voulaient farouchement échapper à la domination arabe.
Devant l’intransigeance des gouvernements de Khartoum, les Noirs du Sud n’avaient d’autre moyen pour se faire entendre que d’affronter l’unionisme pro-égyptien du Nord.
Le Soudan « blanc » et le Soudan « noir » se firent donc pendant plusieurs années, une guerre impitoyable sans issue sauf l’éclatement du pays en deux États ennemis.
Plus que jamais le Soudan apparaissait comme un être hybride, un monstre à deux têtes à la viabilité plus qu’incertaine.
Vint le général Nemeiry.
Moins tenté peut-être que ses prédécesseurs par les projets mirifiques d’union avec les pays arabes et désireux de gagner la partie décisive qui devrait consacrer l’unité de la patrie soudanaise, il semble décidé à jouer la carte africaine.
Encore faut-il qu’il tienne compte de la dualité, qui caractérise toutes choses en ce pays où, en guise de symbole, le bifrons du roi Janus mérite d’être à l’honneur. Car, le Soudan a réellement deux visages et ce, dans tous les domaines, physique, racial et autres.
Pour ce qui est du climat et du relief par exemple, deux zones et deux grandes régions : en zone tropicale sèche, le désert au Nord, la steppe et la brousse au centre ; en zone tropicale humide, la région des savanes, des forêts-galeries et des marécages.
Dans la répartition ethnique, on retrouve le signe de la pluralité, Arabes et Noirs se partageant le pays.
En matière religieuse même, on peut parler de dualisme dans la mesure où deux systèmes cohabitent et se heurtent selon les régions, l’Islam au Nord, l’animisme au Sud.
Enfin, le véritable symbole à la fois de la dualité et de l’unité soudanaise c’est le Nil.
La vie du pays ne se confond-elle pas avec celle de ce fleuve gigantesque, nourricier de populations, lieu de rencontre et de confrontation d’influences, de religions, de civilisations, de mondes différents ? N’est-ce pas à Khartoum que confluent deux fleuves étrangers, le Nil blanc, né de l’union du Bahr-el-Djebel ou fleuve de la montagne et du Bahr-el-Ghazal venant des crêtes centrafricaines, et le Bahr-el-Azrak ou Nil bleu, descendant des plateaux éthiopiens.
C’est au cœur du pays, au sein même de la capitale soudanaise que les deux Nils, divers par la naissance, le cours et la couleur, mêlent leurs eaux et se fondent en un seul grand Nil, source de vie depuis des millénaires.
Où peut-on mieux comprendre qu’à Khartoum comment des éléments disparates constituent en se combinant un tout homogène, dynamique et puissant ?
On disait autrefois du Soudan qu’il avait la tête et le cœur arabes. Il semble que cela soit moins vrai aujourd’hui où le ventre et les pieds sont déjà africains.
Sauf imprévu, le général Nemeiry arrivé à l’heure du choix renoncera à la poursuite des mythes et des illusions, et s’attachera à rechercher les solutions réalistes aux graves problèmes qui restent à résoudre, et notamment ceux posés par l’apaisement des esprits et l’unité nationale. Sans tourner le dos au Nord, le Soudan regardera davantage vers l’Afrique.
Madagascar : la fin d’un règne et le début d’une ère nouvelle
C’est à une majorité écrasante que les Malgaches ont répondu « Oui » au référendum et accordé ainsi leur confiance au général Ramanantsoa. La consultation s’est déroulée dans le calme et Madagascar est donc passé, sans secousse, d’un régime présidentiel à un régime militaire.
Avant de tourner la page regardons s’éloigner « la silhouette un peu massive-symbole d’une solidité terrienne… » du vieux président vaincu. En tendant l’oreille, on pourrait l’entendre murmurer : « Quelle destinée étrange que la mienne, faite de si grandes joies et de si grandes épreuves ! »
Si l’on veut faire un retour en arrière, il va nous falloir remonter à l’époque coloniale, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, pour assister à l’arrivée discrète sur la scène politique locale de cet instituteur paysan, ami de la France.
Paysan, il l’est de naissance et le restera dans les honneurs par son comportement général, sa simplicité et son pragmatisme dans les affaires. Cachant sous un air bonhomme et une jovialité naturelle toute la ruse et l’âpreté au gain des gens de la terre, il est courageux, confiant ; intelligent, il se familiarise rapidement avec les arcanes de la politique ; clairvoyant, il se présente au bon moment, entièrement disponible, lorsque l’administration coloniale cherche des hommes en vue d’assurer une relève sans heurt : fin politique, il demeure effacé dans le tandem franco-malgache dont il tient, pour un temps, le deuxième rôle ; ainsi préparé, lorsque le général de Gaulle accorde son indépendance à Madagascar, il est prêt à prendre les commandes et à conduire seul le char de l’État.
Né dans un village de la province de Majunga, enfant de la tribu Tsimihety et donc côtier, fier de ses origines comme de sa réussite, il estime que sa présence à la tête de la République constitue la meilleure garantie pour que ses frères de race, considérés pendant longtemps comme des citoyens de second rang, deviennent des Malgaches à part entière ; aussi, sans écarter systématiquement du gouvernement les bourgeois Merina, ses plus farouches adversaires, fait-il une large place aux représentants des autres ethnies ; « Père fondateur » de la jeune république malgache, chef incontesté du Parti social-démocrate, majoritaire dans tout le pays, il s’entoure d’hommes solides et dévoués, souvent côtiers comme lui, qui l’épaulent dans sa lutte pour la promotion des provinces sous-développées : cependant c’est le vieux leader nationaliste Raseta qui lui décerne le titre le plus envié, lorsque, dès 1960, il reconnaît en lui l’« artisan de l’unité malgache ».
On peut dire que pendant tout son « règne », M. Tsiranana sera guidé par une idée maîtresse : être le président de tous les Malgaches, sans distinction. Jusqu’à sa chute, patriote intransigeant pour les uns, vieillard obstiné pour les autres, il reste convaincu qu’il incarne la légitimité du pouvoir et l’unité de la nation et tout le monde s’accorde à lui reconnaître le désir de sauvegarder jusqu’au bout l’union des Malgaches ; n’a-t-il pas déclaré à la veille du référendum : « … Tout Malgache, quelle que soit son ethnie, est avant tout un Malgache. Je n’ai pas voulu la guerre civile parce que je voulais que les Malgaches s’aiment entre eux » ? Ainsi on ne peut nier que l’un de ses soucis majeurs et permanents demeure, face aux dissensions internes comme aux entreprises étrangères, le maintien de l’unité nationale ; ce n’est pas son moindre mérite d’avoir su la préserver, cette unité fragile et vulnérable, des rivalités des personnes et des clans ainsi que des influences extérieures, qu’elles soient d’ordre économique, politique et idéologique, qu’elles viennent des États-Unis, d’Europe, de Moscou ou de Pékin.
L’instituteur devenu chef de l’État se souvient des bienfaits de l’école pour avoir eu la chance insigne d’en profiter à une époque où la scolarisation de la jeunesse n’était pas encore obligatoire, non seulement dans la brousse malgache mais dans les pays occidentaux industrialisés ; ce qui explique son effort en faveur de l’enseignement à tous les niveaux.
Le seul vice de son œuvre scolaire réside, ô ironie, dans son succès. Car, tandis que l’Université produit des intellectuels à la chaîne, le marché de l’emploi n’offre des débouchés qu’au compte-gouttes, provoquant ainsi le chômage ou le sous-emploi de bon nombre de jeunes. Le mécontentement né de cette condition aberrante faite à une fraction considérable de l’élite alimentera une campagne de contestation dirigée, au début tout au moins, plutôt contre le gouvernement et le régime que contre le président Tsiranana et son action personnelle.
D’ailleurs le chef de l’État ne prend pas tellement au sérieux ces signes prémonitoires qui lui paraissent être une mauvaise réplique à l’agitation estudiantine en Occident. Après dix ans de despotisme éclairé, il tient dans une main ferme les rênes du pouvoir et gouverne sans histoires. Certes, l’économie est loin du décollage espéré mais, soutenue par une ancienne métropole bienveillante, elle ne périclite pas. Politiquement parlant, la situation ne souffre aucune critique. Un parti gouvernemental majoritaire et juste ce qu’il faut d’opposition afin de réfuter une quelconque allusion à la dictature du parti unique, font de la grande île un pays démocrate. Beaucoup d’États africains, nouvellement promus à l’indépendance, ne peuvent en dire autant, qui ont déjà connu les crises et les coups d’État militaires. Madagascar où la rue est tranquille, où les ouvriers et les paysans travaillent, tandis que les chefs militaires, sans ambition politique, restent fidèles au régime établi, est citée comme exemple d’un pays bénéficiant d’une stabilité à toute épreuve où la décolonisation a parfaitement réussi.
De l’amitié sincère qui lie Madagascar à la France, le président Tsiranana se veut le symbole et le garant ; du reste cette amitié ne l’a-t-il pas manifestée en toutes circonstances, depuis le début de sa longue carrière politique ? Certains de ses compatriotes la lui reprocheront comme une marque de faiblesse et, au lendemain des émeutes de mai 1972, la presse internationale quasi unanime prétendra que, trop voyante, elle indisposait les nationalistes de Tananarive ; et de la comptabiliser dans la colonne des facteurs négatifs du bilan présidentiel !
En réalité, si le prélude au drame de mai se joue dans l’inconscience générale, alors que le président Tsiranana se trouve au faîte des grandeurs et au maximum de sa force, sans que l’on perçoive les craquements avant-coureurs de la catastrophe, la véritable tragédie commence à Yaoundé, en janvier 1971, quand le Chef incontesté et tout-puissant de la nation malgache tombe foudroyé par une congestion cérébrale ; à moitié paralysé, il est transporté d’urgence à Paris où, après plusieurs semaines passées entre la vie et la mort, il reprend le dessus ; sa robuste constitution, les soins éclairés d’éminents professeurs parisiens, le dévouement affectueux de ses familiers et, surtout, sa volonté de guérir, se conjuguent pour permettre au miracle de se réaliser ; car, peu à peu, il retrouve l’usage de ses membres et sa lucidité ; alors il repart à Tananarive où, immédiatement il reprend ses activités, sans plus ménager sa santé qu’avant son accident.
En apparence, il est redevenu le grand Tsiranana, mais en fait il n’a pas récupéré la totalité de ses facultés physiques et intellectuelles. Et dès lors, il va appliquer le restant de son dynamisme et de sa combativité à détruire ce qu’il a patiemment édifié pendant une douzaine d’années, à savoir son équipe, son propre parti, en un mot, son œuvre. Mécontent de son second, M. Resampa, qui a assuré l’intérim à la tête de l’État pendant sa maladie, il l’écarte des postes de responsabilité, se privant ainsi d’un auxiliaire dont l’absence se fera cruellement sentir aux jours sombres de la révolte paysanne du Sud et des émeutes de mai. L’emprisonnement de l’ex-dauphin sonne le glas de la cohésion gouvernementale. À partir de là, le président Tsiranana se laisse emporter par son tempérament violent ; une sorte de jalousie sénile le pousse à confisquer toute l’autorité ; il vit, lui dont on vantait la mesure et l’optimisme, dans la hantise du complot.
Gouverné par un homme diminué et ayant perdu le sens des réalités, le pays va à la dérive. La détérioration de l’appareil politique, économique et culturel s’accélère inexorablement. Les élections de janvier 1972 cachent toutefois ce désastre derrière un rideau de fumée et couronnent, comme un point d’ironie, le dernier triomphe d’un règne moribond.
Les erreurs du président Tsiranana, combattues par tout ce que Madagascar compte d’opposants réguliers et d’ennemis héréditaires du régime, exploitées par les meneurs de tout poil, gauchistes ou traditionalistes, provoquent une colère grandissante dans tous les milieux. Quand une situation devient explosive il suffit d’un détonateur pour tout faire sauter et le moins que l’on puisse dire, à propos des événements de mai 1972, c’est que les étudiants de Befelatana ne pensaient pas faire tant de bruit en commençant leur grève !
Ici quelques questions se posent ; après l’effusion de sang et le deuil, après l’appel au général Ramanantsoa, le président solitaire n’aurait-il pas dû quitter discrètement une scène sur laquelle il avait longtemps tenu le premier rôle et où il se retrouvait simple figurant ? En s’obstinant à défendre une légalité qu’il avait confiée à d’autres, n’allait-il pas perdre tout son prestige et rater sa sortie ? Questions dépassées !
De toute façon, après la proclamation des résultats du référendum, qui sonnent sa retraite par la suppression du poste de président de la République, l’ancien premier malgache trouvera les mots émouvants et sincères au moment de l’adieu à son peuple, et l’accent de la dignité en adressant au gouvernement du général Ramanantsoa ses vœux « les plus ardents de succès, plus particulièrement en ce qui concerne la réalisation et la consolidation de l’unité nationale ».
Sanctionnée par le verdict populaire, l’ère du président Tsiranana est définitivement close. La nouvelle période qui commence doit, en principe, durer cinq ans. Pendant ce temps le gouvernement du général Ramanantsoa, héritant d’une situation difficile, aura à résoudre les redoutables problèmes qui se posent tant dans les domaines économique et social qu’à l’université, en évitant de verser dans la démagogie.
Soldat de métier, le général Ramanantsoa sait que, sur la route du redressement, longue et dangereuse, il risque de se heurter à ceux qui viennent de le porter au pouvoir ; homme politique par devoir, il connaît suffisamment la fragilité et le caractère provisoire d’un succès disparate, fruit d’alliances passagères, de tactiques électorales et de calculs machiavéliques ; réaliste, il ne peut ignorer que la confiance est la condition sine qua non aux investissements des capitaux nécessaires à la remise en route d’une économie en stagnation ; intellectuel de culture élevée, il se penchera avec compétence et sympathie sur une jeunesse étudiante en pleine évolution. Le Premier malgache est un homme d’éducation bourgeoise et de formation classique, qui saura résister aux pressions de la rue et réfuter les mirages idéologiques : aristocrate de haute lignée, typiquement malgache de cœur et d’esprit, il ne fait aucun doute qu’il ne se laissera pas davantage entraîner dans des conflits ethniques et qu’il s’efforcera de sauvegarder l’unité indispensable à la survie de la nation malgache. Il aura à purifier l’administration en exigeant de ses collaborateurs et de tous les fonctionnaires l’observation rigoureuse des devoirs de la justice et le respect des règles de la morale.
Un système politique vient de disparaître à Madagascar, un autre est né dont l’originalité est remarquable tant par la diversité dans la conjonction des parrainages, que par la conception et la mise sur pied constitutionnelle.
Au moment où l’on parle à tout propos de « malgachisation », il convient de noter que la nouvelle formule a été voulue par des malgaches authentiques, pensée et taillée sur mesure à Tananarive, pour Madagascar.
Certes, le gouvernement du général Ramanantsoa ne dispose pas d’une structure d’encadrement analogue à celle que constitua le parti majoritaire pour le régime précédent, mais il lui est possible de capter définitivement la vague d’enthousiasme qui l’a hissé sur le pavois. Canalisé, maîtrisé, ce mouvement constituera l’assise populaire sur laquelle se fondera le nouveau régime. L’entreprise du général Ramanantsoa allie heureusement la nouveauté et la tradition, l’ordre et le dynamisme, la raison et l’ardeur patriotique ; si elle est menée fermement et sans désemparer, elle est assurée du succès pour le plus grand bonheur du peuple malgache. ♦