Maritime - La Marine péruvienne - La Marine colombienne - Otan : l'exercice « Dawn Patrol 73 » - Pays-Bas : la Marine dans le budget de défense 1973
La marine péruvienne
La presse a récemment annoncé que la marine péruvienne avait acheté le croiseur néerlandais De Ruyter. Ce bâtiment qui a été rebaptisé Almirante Grau, a été achevé en 1953. Il déplace 11 850 tonnes pleine charge (tpc) et est propulsé par des turbines à vapeur développant au total 85 000 CV à une vitesse de 32 nœuds. Son armement principal se compose de 8 pièces de 152 en tourelles doubles. Cette acquisition, qui semble destinée à contrebalancer l’achat du Gota Lejon (1) suédois par les Chiliens, attire l’attention sur la marine péruvienne et nous donne l’occasion de poursuivre notre revue des marines de l’Amérique latine. Nous donnerons dans les lignes qui suivent une rapide description de la marine péruvienne que nous ferons suivre par celle de la Colombie.
Au Pérou, le ministre de la Marine a la responsabilité de toutes les activités maritimes, fluviales et lacustres de la marine de guerre et de la marine marchande. Il a de plus la charge des installations portuaires, fluviales et lacustres de l’ensemble du territoire ainsi que de la construction navale nationale de gros tonnage.
La flotte militaire comprend :
– d’une part, des forces océaniques chargées des opérations au large, de la défense des côtes, de la protection de la pêche et de la surveillance de la contrebande ;
– d’autre part, des éléments fluviaux et lacustres (sur l’Amazone et le lac Titicaca) qui ont un rôle de maintien de l’ordre et d’action civique.
La flotte péruvienne se compose actuellement de :
– 2 croiseurs de 11 000 t, le Capitan Quinones et le Coronel Bolognesi qui ne sont autres que les ex-croiseurs britanniques HMS Newfoundland et Ceylon de la dernière guerre ;
– 2 destroyers anciens du type Fletcher américain ;
– 5 escorteurs du type DE (destroyers d’escorte) cédés eux aussi par l’US Navy ;
– 4 sous-marins construits aux États-Unis pour le compte du Pérou ;
– 2 dragueurs anciens ;
– une vingtaine de vedettes et de canonnières ;
– 4 unités amphibies du type LST (Bâtiment de débarquement de chars) et LSM (Landing Ship Medium).
La flotte auxiliaire comprend des transports et des pétroliers surtout utilisés à des fins civiles.
L’aéronavale, de faible importance, ne comprend que quelques avions de servitude et hélicoptères. Elle est surtout chargée d’assurer des missions de liaison et de transport.
Outre l’Almirante Grau, la flotte va s’enrichir au cours des prochains mois de deux destroyers équipés de missiles MM38 Exocet et de deux sous-marins de 1 000 t du type allemand 209 actuellement en construction à Kiel. Les deux destroyers Palacios et Ferre, déplaçant chacun 3 600 tpc, sont les anciens HMS Diana et Decoy datant de 1953. Achetés en 1969, ils achèvent actuellement leur refonte en lance-missiles Exocet (8 engins par bâtiment) aux chantiers Cammell Laird de Birkenhead.
Les effectifs de cette petite Marine dont chacun se plaît à vanter l’excellente qualité, se montent à environ 8 000 hommes dont 700 officiers. Sauf pour les spécialisations, la Marine péruvienne forme son personnel dans ses propres écoles situées à Callao ; cette formation tant militaire que morale et civique fait de la Marine un des meilleurs éléments de la nation.
Callao sur la côte du Pacifique est la seule base digne de ce nom ; Iquitos sur l’Amazone et Puno sur le lac Titicaca ne sont que des points d’appui.
La marine colombienne
L’originalité de cette petite marine réside dans la multiplicité et la diversité de ses missions. Ses canonnières sur le fleuve Amazone et ses affluents sont équipées en infirmeries flottantes pour les populations riveraines. Sur le Pacifique, ses unités pratiquent le cabotage et assurent l’entretien et le ravitaillement des phares, la protection des pêches et combattent la contrebande. Bref, la marine colombienne est conçue beaucoup plus pour une action civique en temps de paix que pour des activités purement guerrières.
Il n’y a pas de ministre de la Marine mais un commandement général qui se trouve à Bogota. Assisté d’un état-major, il a sous son autorité les forces navales, les écoles, l’infanterie de marine et la marine marchande.
La flotte de guerre totalise environ 60 000 t dont 20 000 environ de combat. Elle comprend :
– 3 ex-destroyers américains datant de la guerre ;
– 2 destroyers de 2 800 t achetés en 1958 à la marine suédoise ;
– 4 escorteurs anciens transformés en transports ;
– 6 patrouilleurs récents achetés en Allemagne fédérale ;
– 4 canonnières de rivière ;
– une dizaine de vedettes ;
– 2 sous-marins de poche ;
– 4 pétroliers et divers petits navires auxiliaires.
Ces divers bâtiments sont répartis entre les bases ou points d’appui de Carthagène, de Buenaventura et de Tumaco sur le Pacifique, d’Orogue sur le Rio Meta, Barraquilla sur le Rio Magdalena, Leticia sur l’Amazone et Leguizano sur le Putumayo.
Le personnel s’élève à environ 8 000 hommes. Ces officiers, aussi bien ceux de la marine de guerre que de la marine marchande, et de l’infanterie de marine, sont formés à l’École navale de Carthagène où les cours durent cinq ans. Le personnel non-officier est instruit au Centre de formation de Barranquilla. Comme l’ensemble de la marine, ce centre participe à toutes sortes de travaux au profil du secteur civil : construction d’écoles, réfection des routes, action médico-sociale, etc.
Otan : l’exercice Dawn Patrol 73
Cet exercice annuel de l’Otan en Méditerranée se déroulera dans la partie occidentale de ce théâtre du 5 au 15 juin 1973. Son thème essentiel sera centré sur la lutte Anti-sous-marine (ASM) et la conduite des opérations navales, aériennes et amphibies en période de tension. À cette occasion, la force « on call » de l’Otan, la NAVOCFORMED, sera activée. Elle sera cette année placée sous les ordres d’un capitaine de vaisseau turc qui arborera sa marque sur le destroyer Adatepe. Elle se composera d’un destroyer grec et de trois escorteurs appartenant respectivement aux flottes américaine, britannique et italienne ; le pétrolier ravitailleur Tidepool de la Royal Fleet Auxiliary (RFA) assurera le soutien logistique de l’ensemble.
Pays-Bas : la marine dans le budget de défense 1973
Dans le projet de budget 1973 qui sera soumis à l’approbation des 1re et 2nde Chambres (Parlement néerlandais), la part de la Défense se monte à 5,465 milliards de florins (1 florin = 1,58 F). Cette part accuse un accroissement de 10 % sur l’exercice précédent mais cette augmentation demeure inférieure à celle du budget général qui est de 14 %. Le pourcentage des dépenses militaires par rapport au PNB est de 3,71 % (contre 3,87 en 1972). Par contre, le pourcentage par rapport au montant total du budget a légèrement augmenté : 12,6 contre 12,2.
La marine se voit attribuer 1,274 Md de florins dont 273 millions pour les crédits d’équipement, en augmentation de 63 M par rapport à l’année précédente. Outre le renouvellement de matériels courants ainsi que l’achat d’armement et de munitions, ces crédits permettront notamment de poursuivre la construction :
– des destroyers lance-missiles Tromp et De Ruyter ;
– du bâtiment de soutien logistique Zuiderkruis.
Les destroyers seront des bâtiments d’environ 5 600 tpc et 30 nœuds propulsés par turbines à gaz. Leur armement comprendra des missiles à moyenne portée du type Tartar (Standard SM1), un système surface à courte portée Sea Sparrow, une tourelle double de 127 CA et un hélicoptère ASM du type WG13 franco-britannique ; ils ont été mis sur cale en 1971.
Le Zuiderkruis déplacera environ 16 500 t et sera équipé, comme son homologue le Poolster en service depuis 1964 pour délivrer à la mer aussi bien des combustibles divers que des vivres, des rechanges et des munitions. Il pourra mettre en œuvre trois hélicoptères ASM. ♦
(1) Ce croiseur a été rebaptisé Almirante Grau.