L’espérance oubliée
« Je meurs de soif auprès de la fontaine »… Le poème de Villon désigne assez bien l’état de l’homme occidental, éperdu au sein de ses richesses, angoissé dans ses sécurités mêmes, inquiet de ne plus avoir d’histoire quand il maîtrise la nature et bientôt le temps… Pour Jacques Ellul, la clef de cette réalité paradoxale pourrait être la faim et la soif d’une Parole de Dieu absente. Le vide qui nous habite est celui du silence de Dieu et de la dérision. L’homme contemporain remplit le silence de son bavardage et se trouve plus seul que jamais : la seule réponse possible au silence de Dieu c’est l’Espérance.
Non pas vertu théologale ni vague espoir que tout s’arrangera, mais saisie de Dieu par un homme qui ne peut supporter que le Verbe se taise… Contestation, aux deux sens du terme : prise à témoin contre Dieu, ainsi que Job prend Dieu à témoin contre lui-même ; et un témoignage porté avec Dieu, ensemble et malgré tout.
Nous ne sommes pas ici devant un ouvrage qui se contente d’exposer et de discuter des idées : un homme informé y exprime sa démarche spirituelle et prend la parole.
Jacques Ellul est professeur à la Faculté de Droit et des Sciences économiques de Bordeaux. ♦