Maritime - Marine française : mise à l'eau du Duguay-Trouin et du d'Estienne d'Orves - Royal Navy : les « Principal Warfare Officers »
Marine française : mise à l’eau du Duguay-Trouin et du D’Estienne d’Orves
Le 1er juin 1973, le secrétaire d’État aux Forces armées, M. Achille-Fould, a présidé la cérémonie de mise à l’eau dans la grande forme de l’arsenal de Lorient de la seconde frégate ASM type F-67, le Duguay-Trouin, et celle du prototype des avisos type A69, le PHM type A69 D’Estienne d’Orves.
La construction du premier de ces bâtiments avait été inscrite à la seconde loi d’équipement militaire couvrant la période 1965-1970 tandis que le second fait partie de la troisième portant sur 1970-1975. Les navires construits au cours de ces deux plans ainsi que ceux (SNLE Le Redoutable, frégates lance-missiles FLE Suffren et FLE Duquesne) qui l’ont été au titre du premier (1960-1965) et ceux qui le seront au titre des 4e et 5e plans doivent aboutir en 1985 à la constitution d’une flotte dont le Gouvernement, par décret du 29 février 1972, a fixé la composition. Avec les bâtiments encore sous l’âge en 1985, cette flotte devrait pour l’essentiel comprendre en principe :
– au moins 5 sous-marins nucléaires stratégiques ;
– une vingtaine de sous-marins d’attaque dont quelques-uns à propulsion nucléaire ;
– 2 porte-avions et 2 porte-hélicoptères avec leurs groupes aériens respectifs ;
– 30 frégates et corvettes ASM ou antiaériennes ;
– 35 avisos ;
– 30 patrouilleurs rapides ;
– 36 dragueurs ou chasseurs de mines ;
– des navires amphibies ;
– 5 pétroliers ravitailleurs d’escadre ;
– des auxiliaires divers dont 1 grand navire-atelier ;
– 50 avions de patrouille maritime.
Il n’est pas inintéressant de rappeler ici à quel stade de réalisation en est actuellement ce plan.
Force nucléaire stratégique :
Le SNLE Le Terrible est en service. Le 3e, Le Foudroyant, est en essais depuis mai 1973 ; il devrait être admis au service actif en juillet 1974. Le 4e, L’Indomptable, est sur cale à Cherbourg ; il doit être lancé en avril 1974. Les approvisionnements du cinquième, qui s’appellera Le Tonnant, ont été commandés.
Bâtiments inscrits au deuxième pian (1965-1970) :
La corvette type C65 D609 Aconit est entrée officiellement en service le 1er avril 1973 tandis que le cinquième et dernier chasseur de mines du type Circé, la Cérès, a été admise dans la flotte le 7 mai 1973.
Le Tourville, première des trois frégates ASM type F67, effectue en ce moment ses essais de machines, sécurité, électricité. Il ralliera la flotte dans le courant du deuxième trimestre 1974. Le Duguay-Trouin, comme il a été dit plus haut, a été mis à l’eau le 1er juin. Il sera admis au service actif un an après Le Tourville et sera suivi à douze mois par le De Grasse.
Bâtiments inscrits au troisième plan (1970-1975) :
La dépêche de mise en chantier de la première corvette ASM type C70 Georges Leygues a été récemment signée. Les approvisionnements des deux suivantes qui porteront les noms de Montcalm et Dupleix vont être commandés en même temps que ceux du Georges Leygues. La définition d’une version antiaérienne de ces bâtiments est en cours.
Le prototype des avisos type A69, le D’Estienne d’Orves, a été, rappelons-le, mis à l’eau en même temps que le Duguay-Trouin. Il sera en principe admis au service actif le 1er juillet 1975. Les avisos nos 2 et 3, Drogou et Détroyat, sont en préfabrication et seront mis sur cale en juillet 1973. Les approvisionnements sont lancés pour les nos 4 à 8 et vont l’être incessamment pour les nos 9 à 11.
Le premier des quatre sous-marins de 1 200 tonnes à hautes performances, l’Agosta, est sur cale à Cherbourg ; il doit rallier la flotte en avril 1976 et deux mois plus tard ce sera le tour du Bèvéziers. Les premiers approvisionnements du Ouessant et du La Praya sont commandés. Ils seront admis au service actif en 1977.
Pour ce qui concerne les sous-marins nucléaires d’attaque prévus au plan naval, des fonds vont être demandés au budget 1974 pour la commande de certains éléments du premier de ces bâtiments afin d’en hâter la construction. Ce bâtiment baptisé provisoirement SNA72 déplacera environ 3 000 t ; il sera mis sur cale en 1976. Les études de sa chaufferie se poursuivent à Cadarache tandis que celles relatives à son appareil moteur sont en cours.
Les Bâtiments de transport léger (Batral) Champlain et Francis Garnier sont mis sur cale. Leur admission au service actif interviendra respectivement en mai et juin 1974.
La construction des deux premiers patrouilleurs légers destinés à l’outre-mer a été avancée de 1974 à 1973 et leur fiche de lancement signée par le ministre. La série sera poursuivie à raison de deux mises en chantier chaque année.
La construction de La Durance, premier des cinq pétroliers-ravitailleurs du plan, va être confiée à l’arsenal de Brest et les premiers éléments nécessaires à cette construction ont été commandés.
L’achèvement de l’ex-transport de munitions Achéron sous la forme d’un navire-atelier d’escadre a été décidé ; sa finition va être accélérée.
Pour ce qui concerne enfin l’aéronautique navale :
– les 6 hélicoptères Sud-Aviation SA321 Super Frelon prévus au 3e plan sont en fabrication tandis que la livraison de 10 appareils du type Navajo est commencée ;
– l’accord pour la production de l’hélicoptère franco-britannique Westland Lynx WG13 a été signé ;
– les travaux de définition du patrouilleur Br 1150 Atlantic MKII se poursuivent ;
– la décision d’acquérir plusieurs dizaines de Dassault-Breguet Super Étendard avec moteur Atar UK50 a été prise : ces appareils remplaceront en 1977-1978 les Étendard d’assaut actuellement en service.
Dans la Royal Navy : les « Principal Warfare Officers »
Les officiers de la Royal Navy à l’exception de ceux, peu nombreux, qui ont un statut très particulier, appartiennent à deux corps différents : ceux de la General List et ceux de la Spécial Duty List.
Les premiers passent par le moule du Royal Naval College de Dartmouth, les seconds viennent du rang. Correspondant un peu à nos anciens officiers des équipages, ces derniers peuvent atteindre le grade de Commander (capitaine de frégate) et dans certaines conditions passer dans la General List et donc accéder au statut des officiers issus de Dartmouth.
Il existe aussi une liste spéciale, dite Supplementary List, comprenant des officiers recrutés pour un contrat de durée limitée et instruits pour une fonction précise, telle par exemple que celle de pilote d’hélicoptère.
Trois carrières parallèles sont offertes aux officiers en fonction de leurs goûts et de leurs aptitudes : le pont (X), la machine (Engineer), le commissariat (Supply). Il faut toutefois noter que le terme d’Engineer couvre dans la Royal Navy un éventail de fonctions largement supérieur à celui qu’occupaient dans notre Marine les anciens ingénieurs « Énergie » ou « Aéro » puisqu’ils peuvent être, comme les Weapons Engineers, spécialisés « armements » et « équipements ».
Après avoir obtenu leur brevet de chef de quart à la mer, les jeunes officiers « X », c’est-à-dire les officiers du « pont » allaient dans une école parfaire leur instruction de spécialité. Cette instruction était si approfondie que les officiers qui en sortaient avaient plus tard, lorsqu’ils arrivaient aux postes de responsabilité, tendance à raisonner, à réagir non pas en « opérationnels » mais en « canonniers », en « détecteurs », en « spécialistes de l’ASM », etc.
Partant du postulat qu’à la fonction technique doit répondre une connaissance spécifique, celle des Engineers, et qu’à la vocation de la mer et de la chose militaire doit correspondre un corps d’officiers à compétence opérationnelle, la Royal Navy a décidé l’an dernier, pour remédier à cette tendance, de modifier radicalement la formation de ses officiers de pont (X). Désormais, les jeunes chefs de quart reçoivent une formation de spécialité moins approfondie mais plus diversifiée, celle du Principal Warfare Officer (PWO). Cette formation qui a été ou va être donnée à des officiers plus anciens, est désormais concentrée sur l’ensemble des moyens de lutte afin que le PWO puisse en même temps mener l’action et donner au commandant d’un navire un avis global sur les questions opérationnelles couvrant toutes les spécialités. Les officiers de la Spécial Duty List pourront en bénéficier, ce qui leur permettra un choix plus important dans l’éventail des affectations et leur facilitera l’accès à la General List.
Cette réforme qui portera progressivement ses fruits n’a été possible que parce que la Royal Navy peut tabler sur ses Weapons Engineers. Ces derniers qui remplissent déjà une part importante de ce qui, dans notre Marine, est du ressort des chefs de service du pont, constituent en effet la structure de recueil toute trouvée, prête à assumer la part de responsabilité technique enlevée aux officiers « X ».
En résumé, l’on peut dire qu’en mettant sur pied cette réforme, la Royal Navy a voulu, pour ce qui concerne les officiers du pont, remettre l’accent sur le caractère proprement marin et militaire de leur métier, chose qu’ils avaient peut-être tendance à oublier du fait de leur compétence technique ou scientifique. ♦