Aéronautique - Aperçu des forces aériennes et missiles soviétiques - États-Unis : F-14 et F-15 sont capables de contrer le MiG-25 ; le Boeing 747 SP Rival des DC 10.30 et L.1.011 - L'Alpha Jet choisi par la Belgique
Aperçu des forces aériennes et missiles soviétiques
Le volume des missiles stratégiques soviétiques, qui s’est régulièrement accru au cours des cinq dernières années, atteint maintenant le nombre de 1 620 unités, c’est-à-dire qu’il dépasse celui des États-Unis évalué à 1 054 missiles.
Cependant, grâce à leurs charges à têtes multiples visant des objectifs indépendants, les Américains disposent encore d’une capacité de représailles qui les situe toujours en tête dans la compétition à laquelle se livrent les deux super-grands pour la constitution de leur armement nucléaire.
La panoplie des missiles intercontinentaux soviétiques se présente ainsi :
– 210 SS-7 et SS-8 dont la charge militaire atteint 5 mégatonnes,
– 320 SS-9 de 12 000 km de portée et d’une puissance de 20 à 25 Mt,
– 970 SS-11 de 1 à 2 Mt,
– 120 SS-13 de 1 Mt.
En outre, 600 missiles nucléaires à moyenne portée sont déployés face à l’Europe de l’Ouest et 70 face à la République populaire de Chine.
Jusqu’à une date récente les Soviétiques n’avaient maîtrisé, avec les fusées SS-9, que la technique des têtes multiples larguées en grappe mais non guidées. Il semblerait que l’amélioration du SS-9 ait donné naissance depuis peu aux SS-17 et SS-18, missiles à charges multiples guidées capables de transporter respectivement 4 et 6 bombes d’une mégatonne.
Pour ce qui concerne la force stratégique pilotée à grand rayon d’action, l’Union soviétique maintient en service un nombre d’appareils inférieur à celui des États-Unis. Mais cette flotte peut se renforcer considérablement le jour où le nouveau bombardier à géométrie variable, le Tu-22M Backfire, entrera en service. Douze avions de présérie sont actuellement construits. Cet appareil biréacteur, de la classe Mach 2,5 et capable de pénétration supersonique à basse altitude, pèse 123 t et a un rayon d’action estimé à 4 000 nautiques sans ravitaillement en vol.
On dénombre parmi les autres bombardiers stratégiques à configuration plus classique, 110 quadri-turbopropulseurs Tupolev 95, 90 quadriréacteurs Myasishev 4 dont 50 ravitailleurs, 500 biréacteurs Tu-16 et 200 Tu-22 supersoniques.
Le commandement de la défense aérienne dispose de quelque 10 000 engins sol-air SAM et de 64 missiles antimissiles Galosh déployés autour de Moscou. 3 200 appareils pouvant être équipés de missiles air-air complètent le dispositif en liaison avec une chaîne radar de détection lointaine. Parmi ces appareils, on trouve des intercepteurs Mikoyan-Gourevitch MiG-19 Farmer et MiG-21 Fishbed, des Sukhoi Su-9 Fishpot et aussi quelques vieux MiG-17 Fresco. Des appareils plus récents équipent maintenant les régiments de défense aérienne : les biréacteurs Yak-28P Firebar, les Tu-28 Fiddler, intercepteurs tout temps supersoniques, le Su-11 Fishpot-C, biréacteur de la chasse Mach 2,3 à profil delta, également tout temps, et en nombre croissant des MiG-23 Flogger monoréacteur à géométrie variable et des MiG-25 Foxbat biréacteurs de la classe Mach 3. Enfin, une version du Tupolev 114 en avion de surveillance radar lointaine est désormais opérationnelle.
Les forces aériennes tactiques regroupent 4 300 appareils ; MiG-21, Yak-28 Brewer et Su-7 Fitter A ainsi qu’une proportion considérable de MiG-17, MiG-19 et llyushin Il-28 Beagle.
La flotte aérienne de transport, très importante, comprend 1 700 appareils dont en majorité des quadri-turbopropulseurs Antonov 12 Cub, le reste étant composé de biturbo-propulseurs An-24 Coke, d’Il-18 Coot et de 10 quadri-turbopropulseurs géants An-22 Cock.
Parmi les 1 750 hélicoptères en service, 800 sont des Mikhail Mi-6 Hook, Mi-8 Hip et Mi-10 Harke-A capables d’emporter des charges moyennes et lourdes. Quant à l’immense Mi-12 Homer à quatre turbines, il deviendra opérationnel très prochainement.
Enfin pour compléter l’évaluation numérique de la flotte aérienne soviétique il faut compter les nombreux appareils servant à l’entraînement : Yak-18 Max, MiG-15. Fagot, Su-7 et L-29 (qui sera bientôt remplacé par le L-39).
S’ajoutant aux 560 missiles répartis dans 56 sous-marins SSN4, SSN5 et SSN6, la marine soviétique dispose actuellement de deux porte-hélicoptères emportant chacun 20 Kamov Ka-25 Hormone biturbines, équipés pour la chasse sous-marine, et elle disposera prochainement de ses deux premiers porte-avions.
Les appareils de la marine déployés au bord de la mer Noire, de l’océan Arctique et de la mer Baltique comprennent 400 Tu-16 Badger dont 300 en version de chasse anti-sous-marine (ASM) et 100 en version reconnaissance, 60 Tu-22 de reconnaissance, 50 bombardiers à longue distance Tu-95 Bear, et 40 Il-28 équipés de torpilles.
Pour les patrouilles maritimes 100 quadri-turbopropulseurs civils Il-18 ont été modifiés en Il-38 qui sont en service depuis 1970. D’autre part, l’Union soviétique continue à mettre en œuvre 80 hydravions Beriev Be-12 Mail, et 200 hélicoptères Mi-4 Hound sont affectés à la chasse ASM.
États-Unis
F-14 et F-15 sont capables de contrer le MiG-25
Telle est l’opinion des spécialistes d’outre-Atlantique à travers les résultats obtenus par ces appareils lors de tirs de missiles air-air contre des engins cibles. Le problème posé est celui de l’attaque d’appareils tels que le MiG-25 soviétique, capable de voler à plus de 80 000 pieds (25 000 mètres) à des vitesses supérieures à Mach 2,5 qui sont encore hors de portée de tous les systèmes d’armes actuellement en service aux États-Unis. Certains estiment que le McDonnell Douglas F-4 Phantom II, équipé du missile air-air AIM-7F Raytheon en cours de mise au point pour les chasseurs d’interception et de supériorité aérienne Grumman F-14 Tomcat de la Navy et McDonnell Douglas F-15 Eagle de l’Air Force, pourrait, à l’extrême limite, atteindre un MiG-25. C’est pour cette raison que l’AIM-7F pourrait être livré aux Israéliens, qui ont toujours échoué dans leurs tentatives répétées d’abattre des Foxbat de reconnaissance au-dessus de leur territoire.
Mais du côté des F-15 et F-14 les résultats auraient été probants. Un F-15 a récemment réussi un tir simulé d’un AIM-7F sur un Lockheed SR-71 Blackburn, appareil de reconnaissance volant presque à son altitude et à sa vitesse maximum de Mach 3. Pour ce tir, le F-15 a effectué un « zoom » jusqu’à 66 000 pieds (20 000 m), soit 6 000 pieds au-dessus de son altitude maximum, à la vitesse de Mach 1,5 ; il avait une accélération de 5 g au moment du largage.
Emportant un missile à grande portée air-air AIM-54A Phoenix, le F-14 a réussi un tir contre un engin-cible simulant un Foxbat à 82 000 pieds et Mach 2,2. Le missile a été tiré à 47 000 pieds et à Mach 1,3.
Par ailleurs, le système d’armes F-17–Phoenix a prouvé son aptitude au tir simultané de plusieurs engins air-air. Fin 1972, il a effectué un tir de quatre missiles sur des cibles volant à Mach 0,6 entre 20 000 et 25 000 pieds, à une distance de 25 nautiques (45 km) ; quatre cibles furent abattues. Lors d’un autre essai, un F-14 volant à 45 000 pieds et à Mach 1,5 a réussi le tir d’un Phoenix contre un engin-cible à 55 000 pieds et à Mach 1,5 simulant un bombardier stratégique supersonique à géométrie variable soviétique Backfire ; le tir a été exécuté à une distance de 110 nautiques (plus de 200 km) à une vitesse de rapprochement de Mach 3.
Missile polyvalent, le Phoenix fait également preuve d’une bonne aptitude au tir vers le bas sur des cibles volant à basse altitude : une cible type « Motorola » volant à 400 pieds (1 200 m) à Mach 0,6 a été abattue par ce type de missile, largué par un F-14 volant à 22 000 pieds (6 000 m) à Mach 0,9 et à une distance de 20 nautiques. La Navy espère confirmer ces performances en effectuant un tir sur une cible évoluant en suivi de terrain à 50 pieds (150 m) de hauteur.
Le besoin d’une capacité de tir vers le bas sur des cibles volant à très basse altitude est davantage ressenti par la Navy que par l’Air Force, car c’est sur les seuls F-14 que reposera sa protection à distance contre les engins mer-mer dont sont équipés les bâtiments de surface et les sous-marins soviétiques.
Le Boeing 747SP rival des DC-10.30 et L1.011
Actuellement Boeing étudie le développement de la famille des gros-porteurs de la série 747 et en particulier travaille sur un modèle dénommé 747SP (pour Special Performance) destiné au transport à haute capacité sur des lignes à grande distance.
Cet appareil reprend la majeure partie des éléments du 747 mais présente un certain nombre de modifications concernant la structure et la motorisation. C’est ainsi que le fuselage sera raccourci de 14,30 m avec, comme première conséquence, une capacité d’emport réduite d’une centaine de passagers. L’avion transportera soit, dans sa version mixte, 286 passagers (250 en classe économique et 36 en première classe), soit 360 passagers en version haute densité.
Du fait de ce raccourcissement, Boeing est dans l’obligation de redessiner toute la partie arrière de l’avion et en particulier la dérive et le plan fixe horizontal. Le train d’atterrissage sera identique au modèle actuel et les systèmes hypersustentateurs modifiés par l’adjonction de volets simples au lieu de volets triples. Les moteurs seront différents et l’appareil sera propulsé par le moteur Pratt & Whitney JT9D7A de 20,9 t de poussée.
En ce qui concerne l’exploitation possible de cet appareil, Boeing annonce une distance franchissable de 11 000 km avec pleine charge marchande, rendant ainsi possible de relier sans escale New York à Tokyo ou à Téhéran.
Le 747SP pèsera 293 t au décollage contre 352 pour la version standard et aura une altitude de croisière plus élevée. Cette version plus économique, puisqu’il est prévu une consommation de carburant réduite de 20 %, pourra s’accommoder d’une piste plus réduite pour le décollage et devrait être moins bruyante que la version normale.
Le 747SP aura 90 % d’éléments communs avec le 747 ordinaire et son prix, non encore fixé, devrait se situer aux environs de 28 millions de dollars. Proposé à plusieurs compagnies dont la Panam et Japan Air Lines, Boeing place cet appareil en concurrent direct des Douglas DC-10.30 ou des Lockheed L.10.11 Long Range.
La mise en service de cet appareil pourrait intervenir en 1976 si la décision de mise en chantier était prise rapidement.
L’Alpha Jet choisi par la Belgique
Le 13 septembre 1973, le Gouvernement belge a fixé son choix concernant le remplacement des avions d’entraînement militaires pour son armée de l’air. Il a retenu le nouvel appareil franco-allemand Alpha Jet dont il a décidé de commander 33 exemplaires. Il s’agit là de la première commande étrangère s’ajoutant aux 400 exemplaires qui doivent équiper, à parts égales, les armées de l’air française et allemande. On sait qu’il existe deux versions de l’Alpha Jet : une version française destinée à l’entraînement et une version allemande (différant essentiellement par ses équipements) pour l’appui tactique léger. La Belgique a retenu la version d’entraînement.
Cette commande intervient quelques semaines avant le premier vol du premier prototype qui doit commencer ses essais le mois prochain à Istres. Quatre prototypes couvriront le programme des essais, confiés aux mains d’une équipe intégrée franco-allemande.
Sur le plan de la production, les fabrications sont réparties à parts égales entre Dassault/Breguet-Aviation et Dornier, sans duplication. Deux chaînes d’assemblage sortiront les Alpha Jet à Toulouse et à Munich et les premières livraisons interviendront fin 1976. Ce programme franco-allemand, dont Dassault/Breguet-Aviation a la maîtrise d’œuvre, et qui a fait l’objet d’un accord entre les gouvernements et les états-majors le 23 juillet 1970, a été conçu dès l’origine sur la base d’une répartition des tâches de 50 % entre Dassault/Breguet-Aviation et Dornier, aussi bien au titre des études que des essais et de la fabrication. En ce qui concerne les propulseurs Larzac 04, fruits d’une coopération Turboméca-Snecma, la fabrication au stade de la production sera répartie entre quatre sociétés des deux pays : Turboméca, Snecma, MTU et KHD.
L’Alpha Jet fait appel à une technologie très avancée, mise au service d’un avion se prêtant à différentes missions, avec un taux de maintenance particulièrement étudié. Cet avion ouvre la nouvelle génération des appareils d’entraînement destinés à remplacer les Fouga Magister, Lockheed T-33 Silver Star et autres appareils actuellement en service. ♦