Novembre 1973 - n° 327

Dans la controverse sur le service national chacun prêche naturellement pour son saint. Ne parlons pas des polémiques qui font à l'Armée un procès d'intention et l'accusent d'être un instrument d'asservissement et de répression  : ces accusations sont odieuses et ne valent même pas la peine d'une réponse. Mais si le loyalisme des officiers français ne doit pas être mis en doute, pas plus d'ailleurs que l'attachement et le dévouement des enseignants à la République, comment se fait-il que les uns et les autres s'opposent, et parfois de façon si radicale, quant aux nécessités et aux servitudes de la défense ? Pour répondre à cette question il nous a paru bon, au moment où va s'ouvrir le débat parlementaire annoncé par le ministre des Armées en juin dernier, de donner la parole non pas à un représentant de ce ministère mais à un haut fonctionnaire de l’Éducation Nationale : l'auteur est inspecteur général de l'administration de l'Éducation nationale et conseiller technique au cabinet du ministre, M. Fontanet. Lire les premières lignes

  p. 11-28

Si la diffusion d'une langue témoigne de la force d'une nation, elle est aussi un moyen de l'extension de sa puissance. Il n'est pas indifférent pour notre défense comme pour la paix du monde que notre voix continue d'être entendue ou qu'elle s'estompe dans l'Europe de demain. Devant la menace d'une hégémonie linguistique qui serait pour l'humanité occidentale un dommage irréparable, les langues du continent européen doivent se sentir solidaires et manifester cette solidarité par une politique vigoureuse de bilinguismes croisés dont la France doit donner l'exemple en favorisant l'apprentissage scolaire et universitaire de toutes les langues européennes et non pas d'une seule. Lire les premières lignes

  p. 29-38

L'Ostpolitik du Chancelier Willy Brandt et les rapports de la République fédérale avec la France, l'Europe, les États-Unis et le Tiers-Monde, tels sont les postes essentiels de ce bilan dressé par un historien spécialiste de l'Allemagne, du socialisme et du syndicalisme allemands, le Professeur, directeur du Centre d’études germaniques de Strasbourg. Son article aborde la question de la réunification allemande, de ses chances et de ses risques. Lire les premières lignes

  p. 39-57

Conscients des charges et des risques impliqués par leur rôle de superpuissance intervenant providentiellement dans tous les problèmes du monde, les États-Unis sont à la recherche d'une nouvelle politique étrangère. Deux modèles peuvent les inspirer : celui défini par Stanley Hoffmann, préconisant une politique relativiste dans ses fins et modérée dans ses moyens, consentant à un partage des responsabilités mondiales, et celui de Robert Tucker que tente un nouvel isolationnisme, inscrit selon lui dans la logique de l'ère nucléaire, répudiant toute alliance et n'intervenant que pour la défense des intérêts vitaux des États-Unis. L'auteur, professeur agrégé de droit, analyse ces deux doctrines et les confronte à la pensée et à l'action diplomatiques américaines. Lire les premières lignes

  p. 59-73

On tente de donner ici une explication de la crise actuelle d'une des organisations africaines, jusque-là parmi les plus exemplaires. La raison pour laquelle divers États s'en retirent depuis deux ans ne tient pas en la seule coïncidence chronologique avec la demande de ces mêmes États de changer leurs relations de coopération avec la France. Il s'agit au contraire d'une évolution d'ensemble du continent africain qui le porte à de nouvelles et plus pratiques organisations de la coopération entre les jeunes nations qui le composent. En acceptant cette évolution, ni la France, ni surtout l'Ocam ne devraient y perdre et la coopération inter-africaine, dont les calamités naturelles de ces temps derniers montrent la nécessité, a tout à y gagner. Telle est la thèse que l'auteur, ancien élève de l’École nationale d'administration (ENA) et docteur en droit, soutient ici, n'engageant que sa seule responsabilité.

  p. 75-87

Journaliste bien connu des lecteurs de notre Revue à laquelle il collabore régulièrement, l'auteur a consacré son œuvre (une dizaine d'ouvrages dont La guerre révolutionnaire, Que sais-je ?, Puf — Histoire politique de la bombe atomique, Albin Michel, etc.) aux problèmes internationaux, en mettant l'accent sur la conjonction du fait idéologique et du fait nucléaire. Fidèle à cette perspective, il fait ici l'analyse historique du « gauchisme » depuis son origine — le différend Trotski-Staline à propos du triomphe du socialisme dans un seul pays — jusqu'à ses développements récents à travers la discorde sino-soviétique. Il en tire en conclusion un jugement sur l'action contestataire des groupes gauchistes actuels et sur la validité de leurs références.

  p. 89-102

Appliquer les méthodes modernes de gestion à cette activité très particulière que constitue la production de spectacles, voilà qui n'est pas une mince gageure. C'est pourtant l'un des aspects des fonctions de l'auteur, maître des requêtes au Conseil d'État, qui est entré à l'ORTF en 1964 et qui, après avoir dirigé la coordination des chaînes de télévision, est aujourd'hui délégué général à la production télévisée. À ce titre il a la responsabilité d'une véritable entreprise dont la dimension industrielle ne le dispense pas de veiller à la qualité d'une production artistique accessible à une vaste collectivité. Cet article est extrait d'une conférence qu'il a faite il y a quelques mois, devant les anciens élèves de l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris. Lire les premières lignes

  p. 103-120
  p. 121-126

L'auteur réfléchit aux liens entre économie, croissance, bien public et bonheur. Lire les premières lignes

  p. 127-134
  p. 135-148

Chroniques

Au-delà des controverses qu’elle a suscitées, l’intervention de l’armée dans la vie politique chilienne a pris une signification particulière au lendemain de la conférence des pays « non-alignés », qui s’était tenue quelques jours plus tôt à Alger. Cette conférence s’est surtout attachée à la place que les ressources énergétiques, notamment le pétrole, peuvent occuper dans les relations entre pays en voie de développement et pays industrialisés, c’est-à-dire entre pays pauvres et pays riches. Mais elle a négligé les problèmes spécifiquement politiques des premiers, ceux des structures et de l’instabilité. Pour des raisons diverses (tenant les unes au sous-développement lui-même, les autres aux ébranlements causés par la fin de la sujétion coloniale) ces pays vivent tous, ou à peu près tous, dans un état d’instabilité politique chronique : c’est un facteur de la situation que l’on a tendance à omettre, alors qu’il est générateur de difficultés, pour ces pays eux-mêmes et pour les rapports entre ceux-ci et les pays industrialisés. Ces difficultés ne peuvent pas ne pas peser sur les relations internationales, en un temps où, par ailleurs, certaines tensions paraissent s’atténuer. Lire la suite

  p. 149-153

Après la publication de son bilan d’activité pour l’année 1972 à la suite d’interventions dramatiques en 1973 qui ont cruellement éprouvé plusieurs de ses membres, la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) a été à l’honneur en recevant, Robert Galley, ministre des Armées dans sa caserne de Champerret le 27 septembre 1973. Lire la suite

  p. 154-161

Devant un auditoire de journalistes américains accrédités au Pentagone, M. Schlesinger a défendu, le 30 août 1973, avec une vigueur particulière le projet de budget des forces armées pour l’exercice 1973-1974. Traitant successivement de questions de détente et de défense, il a insisté sur l’absolue nécessité pour les États-Unis de ne pas relâcher leur effort militaire sous peine de compromettre gravement leur sécurité et celle du monde libre. Lire la suite

  p. 162-166

Le volume des missiles stratégiques soviétiques, qui s’est régulièrement accru au cours des cinq dernières années, atteint maintenant le nombre de 1 620 unités, c’est-à-dire qu’il dépasse celui des États-Unis évalué à 1 054 missiles. Lire la suite

  p. 167-171

L’organisation du commandement en 2e Région maritime qui avait été remaniée pour prendre effet le 1er octobre 1972 (1), va subir à partir du 1er janvier prochain une légère modification. À cette date l’Escadre de l’Atlantique (Alesclant) cessera d’être une force indépendante et relèvera de l’amiral commandant en chef de l’Atlantique et Préfet maritime de la 2e Région (Ceclant/Prémar II). Lire la suite

  p. 172-177

La 4e Conférence « au sommet » des pays non-alignés s’est tenue à Alger du 5 au 9 septembre 1973 sous la présidence du colonel algérien Houari Boumediène. Depuis la première réunion, le nombre des non-alignés ne cesse d’augmenter : 25 en 1961 (Belgrade), 46 en 1964 (Le Caire), 54 en 1970 (Lusaka). Cet accroissement provient de l’adhésion progressive de nombreux États modérés. Lire la suite

  p. 178-183

Bibliographie

Jean-Paul Charnay : Essai général de stratégie  ; Éditions Champ Libre, 1973 ; 220 pages - Georges Vincent

Étymologiquement, on le sait, la stratégie est l’art du « strategos », le commandant en chef grec à qui est confiée la direction d’une expédition armée et à qui incombe par conséquent la responsabilité d’engager le gros des forces au point décisif avec les meilleures chances de succès. C’est en gros le sens qu’a gardé le mot stratégie depuis son apparition en Europe au XVIIIe siècle jusqu’à une époque récente, soit approximativement jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Ainsi limitée, la stratégie ne relevait que du domaine militaire, elle constituait seulement l’une des grandes « parties » de la guerre, elle demeurait « à l’intérieur de la guerre ». Lire la suite

  p. 184-185

Bertrand de Jouvenel : Du Principat et autres réflexions politiques   ; Éditions Hachette, 1973 ; 291 pages - André Nolde

Ce nouvel ouvrage de Bertrand de Jouvenel est, en fait, un recueil d’articles déjà parus dans différentes revues spécialisées et de communications présentées à l’occasion de réunions ou de congrès, le tout s’échelonnant entre 1956 et 1967, et groupé sous le titre de l’une de ces contributions. Il s’agit Du Principat, qui traite de la concentration des pouvoirs politiques sur une seule tête, phénomène qu’on observe de plus en plus fréquemment dans les régimes contemporains. Les autres contributions se présentent, plus ou moins, comme des variations sur ce même thème : presque toutes font une place assez importante à la prévision – le grand souci de toujours du président fondateur de « Futuribles ». Lire la suite

  p. 185-185

Louis Leprince-Ringuet : Science et bonheur des hommes  ; Éditions Flammarion, 1973 ; 264 pages - André Nolde

Dans une strophe bien connue d’un poème aux belles sonorités, Anatole France évoque l’affinité de goûts qui unit « parfois, en leur mûre saison » … « les amoureux fervents et les savants austères… ». En refermant le très pertinent ouvrage que Louis Leprince-Ringuet vient de consacrer au rôle et aux retombées sociales de la science, c’est à ces vers que nous avons pensés pour caractériser, tous ensemble, la résonance de l’œuvre et la philosophie de son auteur. En effet, dans leur rigueur scientifique, les réflexions que nous livre Leprince-Ringuet sont celles d’un homme profondément amoureux de toutes les manifestations de la vie. Lire la suite

  p. 186-186

Jean Lacouture : André Malraux  ; Éditions du Seuil, 1973 ; 426 pages - André Nolde

Une abondante littérature a déjà été consacrée à André Malraux en tant qu’écrivain et artiste. Par contre, la vie du personnage dans le siècle (pour reprendre le sous-titre de l’ouvrage de Jean Lacouture dans un sens légèrement plus restrictif, sans doute, qu’il ne l’entendait) est assez mal connue, en partie, parce qu’il s’est lui-même ingénié à en brouiller les pistes. Jusqu’à présent, elle n’a pas fait l’objet, à notre connaissance, d’études d’ensemble tant soit peu complètes pour ne pas dire exhaustives. Lire la suite

  p. 186-187

Manuela Semidei : Les contestataires aux États-Unis  ; Éditions Casterman, 1973 ; 204 pages - André Nolde

Le premier mérite – et ce n’est pas le seul – du livre de Manuela Semidei est de montrer que la contestation aux États-Unis ne ressortit pas à l’anecdote, plaisante, naïve ou parfois sanglante, pâture pour magazines illustrés et postes périphériques, mais constitue un phénomène social, politique et culturel de toute première importance. Malgré un certain recul au cours des deux dernières années, les retombées de ce phénomène sont loin de s’être toutes manifestées et le mouvement de la « Nouvelle Gauche » en particulier, s’il n’était pas (ce qui est toujours possible aux États-Unis) récupéré par le « système », risquerait de modifier profondément la vie américaine et par contrecoup celle du reste du monde. Lire la suite

  p. 187-188

Collectif : Encyclopédie de l’Aviation  ; Éditions Hatier, 1973 ; 400 pages - M.-C. F.

Pour la première fois dans l’histoire de l’aviation, une équipe internationale de spécialistes comprenant des techniciens, des historiens, des instructeurs, des pilotes, des journalistes, a réuni dans un livre unique un ensemble de connaissances traitant de l’aéronautique. Lire la suite

  p. 188-188

Germaine Tillion : Ravensbrück  ; Éditions du Seuil, 1973 ; 279 pages - André Nolde

La plupart des témoignages, documents et réflexions réunis dans ce volume ont déjà été publiés, soit dans des revues, soit à l’occasion d’enquêtes plus ou moins officielles sur la déportation. Mais leur présentation simultanée en renforce singulièrement l’impact. Lire la suite

  p. 188-189

Robert Catherine : Le fonctionnaire français  ; Éditions Sirey, 1973 ; 480 pages

Cette « introduction à une déontologie de la fonction publique », premier essai du genre, se propose de dégager les « règles de conduite » applicables aux fonctionnaires français. Lire la suite

  p. 189-189

Richard Clutterbuck : Riot and Revolution in Singapore and Malaisia  ; Faber et Faber, 1973 ; 321 pages - André Nolde

La guérilla en Malaisie, dont l’origine remonte à l’occupation japonaise et qui s’est transformée à partir de 1948 en une véritable guerre révolutionnaire, est un des rares exemples dans le monde d’une subversion animée par un Parti communiste qui a finalement échoué devant l’action des forces régulières militaires et de police. La lutte fut longue et difficile, dans les villes, comme dans les plantations ou dans la jungle. Les forces anglaises s’y employèrent à fond, perdirent beaucoup d’hommes, et ne triomphèrent finalement que lorsqu’elles réussirent, mettant à profit les enseignements de Mao Tsé-toung, à « sortir le poisson de l’eau », c’est-à-dire à couper le contact entre les révolutionnaires et la population. Lire la suite

  p. 189-191

Ladislas Mysyrowicz : Autopsie d’une défaite. Origines de l’effondrement militaire français de 1940  ; Éditions Lausanne, 1973 ; 385 pages - J. De

La défaite de 1940 a frappé d’étonnement (au sens étymologique) non seulement les Français, mais les étrangers – dont nombre d’historiens se sont interrogés sur les causes de cet effondrement. Un universitaire suisse, Ladislas Mysyrowicz, enseignant l’histoire contemporaine à la Faculté des Lettres de Genève, vient de tenter d’apporter quelque lumière sur ce problème. Lire la suite

  p. 191-192

Revue Défense Nationale - Novembre 1973 - n° 327

Revue Défense Nationale - Novembre 1973 - n° 327

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Novembre 1973 - n° 327

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