S’il est un domaine dont les aspects politiques, économiques, scientifiques et militaires sont étroitement mêlés c'est bien celui de l'énergie nucléaire. Le rappel historique des conditions et notamment du contexte international dans lequel a dû se développer l'effort français le montre, tout en permettant de mieux comprendre l'évolution de la politique nucléaire de la France et les perspectives qui s'ouvrent à elle au moment où se profile déjà, à l'horizon 1980, l'ère industrielle et compétitive de l'électricité nucléaire. L'auteur, administrateur général du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), reprend ici l'essentiel d'un exposé qu'il a fait le 14 mars 1972 à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN).
La politique nucléaire de la France
Le sujet que je vais aborder, la politique nucléaire de la France, étant de nature fort complexe, mon objectif essentiel sera de le clarifier dans toute la mesure du possible en m’attachant à certaines questions dont l’importance a pu échapper ou qui constituent des secteurs d’activité insuffisamment connus.
Si l’énergie atomique conduit notamment à la fabrication de systèmes d’armes spécifiques, elle est aussi un moyen privilégié de produire de l’électricité, en même temps qu’elle constitue un champ remarquable pour la recherche fondamentale et appliquée. Il convient donc de ne pas procéder dans ce domaine à des généralisations abusives et il serait en conséquence aussi inexact d’identifier aujourd’hui le domaine de l’énergie atomique avec la production d’électricité d’origine nucléaire que naguère avec la production des armes.
On sait que la politique nucléaire d’un grand pays industriel comporte différents aspects qui se dégagent progressivement avec le développement de l’emploi de l’énergie atomique sous l’influence de considérations historiques, politiques, économiques, toutes au moins aussi déterminantes que les facteurs d’ordre scientifique ou technique. Mais ces utilisations si diverses possèdent un fondement commun qui les relient entre elles et il convient de souligner aujourd’hui les phénomènes d’interactions qui se produisent entre les branches d’activités qui, apparemment, semblent se développer en toute indépendance.
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