Flottes de combats - Fighting Fleets 1974
Cet ouvrage, bien connu dans la marine française sous le nom de son premier fondateur, en 1897, le commandant de Balincourt, a maintenant acquis une réputation mondiale et rivalise avec le fameux Jane’s Fighting Ships, édité en Grande-Bretagne. Publié tous les deux ans, l’ouvrage français fait le point des marines du monde en y incluant l’aviation navale, ce facteur si important de la puissance maritime. Depuis 1940, il avait pour auteur Henri Le Masson, de l’Académie de Marine. Notre chroniqueur Jean Labayle-Couhat était associé à sa rédaction depuis 1970. C’est à lui, dorénavant, qu’il incombera en totalité.
L’ouvrage n’a cessé de croître en volume et de s’enrichir en photographies. C’est une véritable mine d’informations de toutes sortes, indispensables aux marins du monde entier. L’édition de 1974 donne en tête de chacun des chapitres consacrés aux 100 marines recensées des informations précises sur les armes et équipements dont elles sont dotées. L’ouvrage signale en outre, chaque fois que cela a été possible, les équipements électroniques (radars et sonars) dans l’énoncé des caractéristiques des navires présentés.
Une introduction en français et en anglais brosse le panorama des principales marines en 1974 et leur évolution.
L’amiral de Joybert, Chef d’état-major de la Marine, a présidé la présentation de l’ouvrage à la presse, le 18 décembre. Le monde, a-t-il dit, a atteint sa dimension océanique. L’exploitation des richesses de la mer et du sous-sol marin et l’acheminement des ressources énergétiques nécessitent plus que jamais des marines marchandes importantes et des flottes de combat capables de contrôler les mers. Chaque pays se dote donc d’une aéronavale et d’une marine à sa mesure.
L’Union soviétique n’a pas échappé à ce processus et l’expansion navale soviétique est aujourd’hui un fait fondamental. Sa flotte sous-marine est la plus nombreuse du monde et sa flotte de surface est devenue un facteur essentiel pour le développement de la politique soviétique dans le monde.
Les États-Unis font encore bonne figure mais leur matériel vieillit. Ils risquent ainsi de reculer à la deuxième place.
Vient au troisième rang la Grande-Bretagne, première marine de l’Europe occidentale et qui entend ne pas déchoir. Elle met sur cale son premier « through deck cruiser » [NDLR 2020 : navire combinant les caractéristiques d’un porte-avions avec celles d’un croiseur léger] de 20 000 tonnes [futur HMS Invicible].
Notre marine nationale vient au quatrième rang, devant le Japon. Mais lorsque notre premier sous-marin nucléaire d’attaque – dont la mise sur cale est prévue en 1976 – sera opérationnel en 1979, la Grande-Bretagne sortira alors son neuvième SNA. Nous avons à cet égard un retard de 10 ans sur elle. Il nous faudra aussi prévoir le remplacement de nos porte-avions, le Foch et le Clemenceau, pour 1985-1990. Leurs remplaçants n’échapperont pas à l’évolution que connaissent actuellement ces types de bâtiments, sans catapulte et mettant en œuvre des avions à décollage vertical du type Harrier.
Interrogé sur les enseignements de la récente guerre israélo-arabe, l’amiral a souligné qu’elle nous rappelait le danger de blocus : les Arabes ont compris que le contrôle perdu à Charm El Cheikh pouvait être retrouvé plus facilement et aussi efficacement à Bab El Mandeb.
Quant aux flottes des deux Super-Grands en Méditerranée elles se neutralisent. Les Américains ne peuvent plus débarquer des « Marines » à Beyrouth, mais les Soviétiques ne peuvent pas non plus en débarquer à Alexandrie. ♦