Institutions internationales - L'OCDE et la crise pétrolière - Appel de la Commission des communautés européennes - Épreuves pour la Communauté européenne - La crise pétrolière et les remous monétaires
La situation au Moyen-Orient ne sera plus ce qu’elle était avant la « guerre du Kippour », quelles que soient les incertitudes, voire les équivoques qui pèsent sur la conférence de Genève. Pour la première fois, l’Égypte a accepté l’idée non d’une simple cessation des combats, mais d’un traité de paix avec l’État d’Israël, ce qui implique la reconnaissance de celui-ci en tant qu’État, comme l’avait établi l’ONU en 1947. Pour la première fois aussi, l’existence d’un problème palestinien est l’objet de discussions officielles. L’attitude de l’Égypte développera-t-elle des effets de contagion ou cristallisera-t-elle la coalition de ceux des États arabes qui n’admettent pas l’existence de l’État hébreu ? La réalité sociologique palestinienne trouvera-t-elle une structure politique ? Il est trop tôt pour répondre à de telles questions. De même, on ne peut que se demander si, en dépit de certaines déclarations optimistes, leur affrontement indirect n’aura pas réintroduit des facteurs de méfiance dans les rapports entre les États-Unis et l’Union soviétique : en tout cas, les difficultés sont telles en matière d’engins que les négociations sur la limitation des armements stratégiques – qui selon le président Nixon et M. Brejnev, secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l’URSS, eux-mêmes auraient dû aboutir à un nouvel accord avant la fin de 1973 – n’ont repris qu’avec deux mois de retard. Aussi bien les conséquences de la « guerre du Kippour » se développent-elles très au-delà du Moyen-Orient lui-même. Toutes les économies, celles des pays industriels et celles des Pays en voie de développement (PVD), se trouvent dès maintenant affectées à un point tel que les rapports production-consommation seront modifiés non seulement financièrement, mais aussi qualitativement.
Ayant donné leur caution à la Conférence de Genève, les Nations unies ne peuvent qu’enregistrer ses développements, en espérant qu’elles n’auront pas à regretter de s’être dessaisies de leurs prérogatives essentielles (très largement celles du Conseil de sécurité) au profit de deux de leurs membres, les États-Unis et l’Union soviétique. Mais si la proposition française d’une conférence mondiale de l’énergie dans le cadre des Nations unies et sous leur égide est acceptée – et l’on imagine mal qu’elle pourrait ne pas l’être – elles pourront retrouver un rôle actif dans le règlement de certaines des conséquences de la « guerre du Kippour ».
Ayant été tenue à l’écart de la conférence de Genève et considérée comme « une non-personne » selon l’expression de M. Michel Jobert, ministre des Affaires étrangères, l’Europe ne peut être que spectatrice. Les vagues de la crise pétrolière la frappent pourtant durement.
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