Maritime - France : « Escuadras 74 » et exercices inter-escadres - Brésil : nouvelles frégates - États-Unis : entrée en service de la frégate nucléaire California- Grande-Bretagne : lancement de l'Arrow et commande d'un nouveau type d'escorteur - Italie : le Livre blanc sur la marine
France : Escuadras 74 et exercices inter-cadres
L’exercice franco-espagnol Escuadras 74 s’est déroulé du 5 au 15 février 1974 entre Gibraltar et les Canaries. Il avait été préparé en commun par le vice-amiral d’escadre Commandant notre Escadre de l’Atlantique (Alesclant) et le vice-amiral Commandant général de la flotte espagnole (Comgeflot). Trois groupes occasionnels comprenant chacun des unités des deux Nations et, pour ce qui concerne les nôtres, des bâtiments appartenant aux escadres de l’Atlantique et de la Méditerranée, avaient été constitués à cette occasion. Dans une première phase de l’exercice, un de ces groupes commandé par Comgeflot s’est opposé aux deux autres. Dans une seconde phase c’est le groupe placé sous les ordres du vice-amiral Commandant l’escadre de la Méditerranée qui a manœuvré contre les deux autres. Escuadras 74 avait pour objectif l’entraînement tactique des unités participantes dans les domaines de la défense aérienne et de la lutte anti-surface et anti-sous-marine (ASM). Il a permis d’améliorer la coopération entre les deux marines tant au niveau des états-majors qu’à celui des unités.
À l’issue d’Escuadras 74, nos bâtiments ont effectué un exercice inter-escadres baptisé Ines Deux, avant de se séparer le 20 dans la soirée pour rallier leurs bases respectives où ils sont arrivés le 1er mars.
Les unités espagnoles suivantes ont participé à Escuadras 74 :
– le porte-hélicoptères Dedalo,
– les destroyers Lepanto, Almirante Valdes, Alcala Galiano, Marques de la Ensenada, Churruca et Gravina,
– les deux sous-marins Almirante Garcia de los Reyes et Delfin,
– le bâtiment de soutien logistique Teide.
Du côté français, les forces ci-après ont participé à Escuadras 74 et à Ines Deux :
– Escadre de l’Atlantique : le croiseur Colbert (portant la marque d’Alesclant), le porte-avions Foch et son groupe embarqué, la frégate lance-missiles Suffren, les escorteurs d’escadre Kersaint et Vauquelin, l’escorteur rapide Le Bourguignon, le pétrolier-ravitailleur La Seine.
– Escadre de la Méditerranée : les escorteurs d’escadre Cassard (arborant la marque d’Alescmed), Guépratte, La Galissonnière, La Bourdonnais et Jaureguiberry, l’escorteur rapide Le Provençal et le bâtiment de soutien logistique Rhin.
Les sous-marins Narval, Espadon et Dauphin, des avions de patrouille maritime Atlantic et le Commando Trepel du groupement des fusiliers commandos ont également pris part aux exercices.
Brésil : nouvelles frégates
Le programme de rénovation de la flotte brésilienne prévoit notamment la construction de 6 escorteurs de 3 500 tonnes dont quatre destinés à la lutte ASM et les deux autres à vocation principale anti-surface. Parmi les divers projets étudiés, c’est finalement le type MK.10, présenté par la firme britannique Vosper-Thornycroft, qui a été adopté. Quatre bâtiments seront construits aux chantiers Vosper à Woolston (Southampton) et deux des quatre unités (Independencia et Uniao) ASM dans l’arsenal de Rio de Janeiro avec le concours des techniciens de Vosper et l’aide des chantiers britanniques. La construction de ces deux bâtiments est commencée et l’on estime qu’ils pourront être mis en service en 1976-1977. Le premier des quatre commandés à Woolston est également en cours.
Ces six escorteurs ont en commun les caractéristiques suivantes :
– déplacement : 3 500 t ;
– dimensions : 129,24 m (ht) x 121,92 m (pp) x 13,49 m x 4,11 m (moyen) ;
– propulsion : système CODOG (Combined diesel or gas turbine) comprenant 2 turbines à gaz Rolls Royce TM3b développant chacune 28 000 CV pour la marche à grande vitesse et 4 Diesels allemands MTU de 3 940 CV pour la navigation économique - 4 hélices ;
– vitesse maximale : 30 nœuds sur les turbines à gaz ; 22 nœuds sur les Diesels ;
– distance franchissable prévue : 1 300 nautiques à 28 nœuds, 4 200 Nq à 19 nœuds (les 4 Diesels en fonction), 5 300 Nq à 17,5 nœuds sur 2 Diesels ;
– autonomie : 45 jours ;
– équipage : 200 hommes.
L’armement et l’équipement des quatre unités à vocation ASM (Uniao, Independencia, Niteroi, Defensora) comprendront :
– 1 tourelle simple de 114 MK.8 (20 coups/minute) ;
– 2 systèmes triples surface-air à courte portée Sea Cat ;
– 2 canons de 40 CA ;
– 1 système Ikara (torpille ASM associée à une fusée porteuse) ;
– 1 lance-roquettes ASM double de 375 Bofors ;
– 2 plateformes triples de tubes lance-torpilles ASM ;
– 1 hélicoptère ASM du type WG13 Lynx franco-britannique ;
– 1 grenadeur ;
– 1 sonar de coque et 1 sonar remorqué américains (EDO) à basse fréquence.
Celui des deux bâtiments à prédominance anti-surface (Constituçao Liberal) comprendra :
– 1 deuxième pièce de 114 CA qui sera située à l’arrière à la place du sonar remorqué ;
– 4 MM38 Exocet à la place du système Ikara des unités ASM.
Les chantiers britanniques Vikers ont également en construction pour le compte de la marine brésilienne trois sous-marins classiques de 1 600 t du type Oberon de la Royal Navy (Humaita, Toneleros et Riachuelo) dont l’un, l’Humaita a déjà rallié le Brésil.
Ce pays qui a dû jusqu’ici s’adresser à l’étranger pour sa marine, d’ailleurs en majorité constituée de navires déjà anciens cédés par l’US Navy, est en train de se constituer une industrie navale nationale. Nous avons vu plus haut que deux des escorteurs ASM de 3 500 t sont en construction dans l’arsenal de Rio de Janeiro. Celui-ci a construit ou a encore en chantier deux patrouilleurs de 360 t. Il est donc tout à fait possible que d’ici une dizaine d’années, la marine brésilienne puisse se passer de l’industrie étrangère tout au moins en ce qui concerne la coque, la propulsion et une partie importante des équipements des navires.
États-Unis : entrée en service de la frégate nucléaire California
La frégate DLGN36 California a été admise au service actif le 16 février 1974 au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée dans la grande base de Norfolk sur la côte Est des États-Unis.
Construite aux chantiers de la Newport News Shipbuilding and Dry Dock C° de Newport News (Virginie), elle avait été mise sur cale le 23 janvier 1970 et lancée le 22 septembre 1971. Elle avait été inscrite au programme de constructions neuves de la Fiscal Year 1966-1967.
Ses principales caractéristiques sont les suivantes :
• déplacement : 10 150 tpc ;
• propulsion : 2 réacteurs D2G de la General Electric - 2 turbines à vapeur totalisant 100 000 CV - 2 hélices ;
• vitesse : 35 nœuds ;
• armement :
– 2 systèmes de missiles surface-air à moyenne portée SM1 (portée 25 nautiques, volume d’interception : 150 000 à 80 000 pieds, conduite de tir digitale) ;
– 2 pièces simples de 127 CA (40 coups/minute) ;
– 1 Asroc et 6 tubes lance-torpilles pour la lutte ASM ;
• équipage : 562 officiers et non-officiers.
Une seconde frégate du même type, la DLGN 37 South Carolina inscrite au programme 1967-1968 est en achèvement à flot ; elle devrait rallier la flotte vers la fin de cette année.
Trois autres frégates d’un type légèrement différent DLGN 38 Virginia, DLGN 39 Texas et DLGN 40 Mississippi sont d’autre part en chantier et nous avons vu dans notre précédente chronique que le Congrès avait accordé à la Marine les premiers fonds nécessaires à la construction de deux unités supplémentaires : DLGN 41 et 42.
Grande-Bretagne : lancement de l’Arrow et commande d’un nouveau type d’escorteur
Cinquième des huit unités de la classe Amazon, l’HMS Arrow a été lancé le 5 février 1974 aux chantiers Yarrow à Glasgow.
Rappel des caractéristiques :
– déplacement : 2 500 tpc ;
– dimensions : 117,04 x 12,80 x 3,70 m ;
– propulsion : COGOG - 2 TG Olympus TM3 x 23 000 CV pour la marche à grande vitesse : 2 TG Tyne RB209 x 5 000 CV pour la navigation de croisière – 2 hélices à pas variable ;
– vitesse : 32 nœuds ;
– armement : 1 tourelle simple de 114 CA MK.8 ; 1 Système surface-air à courte portée (SACP) Sea Cat (affût quadruple) ; 4 MM38 Exocet à l’AV en 2 affûts doubles croisés ; 6 Tubes lance-torpilles (TLT)/ASM ; 1 hélicoptère ASM WG13 Lynx.
Les quatre bâtiments précédents ont été lancés aux dates suivantes : Amazon le 26 avril 1971 (en service) ; Ambuscade en juin 1971 ; Antelope le 14 mars 1972 ; Active le 23 novembre 1972.
Les chantiers Yarrow ont d’autre part été chargés de la construction du prototype d’une nouvelle classe d’escorteurs, présentement désignés sous l’appellation de « type 22 », classe qui pourrait comprendre un minimum de quatorze unités. Ce bâtiment aura les caractéristiques suivantes :
– déplacement : 3 900 tpc.
– propulsion COGOG analogue à celle de l’Arrow ci-dessus ;
– vitesse : 29 nœuds ;
– armement : 4 MM38 Exocet ; 2 canons de 40 CA ; 2 systèmes surface-air à courte portée Sea Wolf ; 6 tubes lance-torpilles ASM (III x 2) ; 1 hélicoptère ASM WG13 Lynx.
Le Sea Wolf qui est destiné à remplacer le Sea Cat actuellement en service est un système de défense aérienne rapprochée présentant les caractéristiques suivantes :
– poids : 82 kg ;
– portée max. : 5 000 m ;
– volume d’interception : 180 à 30 000 pieds ;
– fusée de proximité ;
– affût sextuple.
Il est associé à un ensemble radar Marconi comprenant un 967 Pulse Doppler pour l’acquisition du but et 968 de poursuite.
Italie : le Livre blanc sur la marine
Le ministre de la Défense a récemment présenté à la Chambre un Livre blanc sur la marine qui définit ses missions et les moyens qui lui seraient nécessaires pour les remplir dans le cadre de la politique militaire du pays. Celle-ci a un double objectif : participation de l’Italie au dispositif de défense de l’Alliance atlantique et défense des intérêts strictement nationaux. L’évolution de la conjoncture politique internationale ne semble pas devoir remettre en question cette politique tout au moins à un horizon prévisible.
Dans cette optique, la responsabilité principale de la marine italienne reste, dans l’éventualité d’une guerre, la protection des liaisons commerciales maritimes dont dépend l’existence même du pays. L’Italie, en effet, reçoit dans ses ports 95 % des biens dont elle a besoin et expédie par voie maritime 65 % de ses exportations. Ceci représente actuellement un total de 250 millions de tonnes de marchandises dont la moitié est en produits pétroliers.
L’autre tâche essentielle que la marine doit assumer en coopération avec les deux autres armées est la défense des frontières maritimes qui s’étendent sur plus de 8 000 km.
À ces tâches, d’intérêt national, s’ajoute en cas de conflit impliquant l’Otan, la protection des porte-avions alliés et de leurs moyens de ravitaillement. Cela comporterait surtout, précise le Livre blanc, la surveillance dans sa phase initiale des unités armées de missiles qui constituent une menace très grande.
Mais en dehors de ces missions du temps de crise ou de guerre, il existe dès le temps de paix de nouvelles exigences et donc de nouvelles tâches pour la marine de guerre italienne. Ce sont essentiellement : la protection constante des quelque 4 200 bateaux de pêche qui opèrent à proximité des eaux territoriales d’autres pays méditerranéens ; l’exploitation des fonds marins, source de conflits toujours possibles avec ces mêmes pays.
Pour pouvoir affronter, avec l’aide des autres forces armées, les multiples missions du temps de paix ou de guerre citées précédemment, la marine, précise le Livre blanc, devrait disposer de moyens lui permettant de :
– maintenir en permanence une présence crédible, capable d’apporter une solution aux incidents ou disputes en temps de paix ;
– protéger les communications maritimes contre la menace des sous-marins, des navires de surface, de l’aviation et des missiles :
– agir offensivement sous la mer, à sa surface ou dans les airs ;
– participer à la protection directe et indirecte des forces de dissuasion alliées ;
– effectuer des opérations d’intervention amphibies limitées, avec ou sans le concours des deux autres armées ou celui des forces alliées.
Le Livre blanc estime à 160 000 t de bâtiments le total des moyens dont devrait disposer la marine pour remplir les tâches qui lui sont dévolues. Or le tonnage actuel de la flotte ne s’élève qu’à environ 105 000 t d’unités vieillissantes (notamment la catégorie des petits bâtiments). Le montant actuel très modeste des crédits accordés chaque année à la marine n’a pas jusqu’à présent permis de renouveler le matériel ; si cette situation devait se prolonger la flotte serait réduite, précise ce document, à 45 000 t vers 1984, ce qui l’empêcherait de mener à bien les missions les plus essentielles du seul temps de paix. Pour remédier à cette sombre perspective, le Livre blanc estime qu’il est vital de mettre progressivement en chantier un programme décennal de nouvelles constructions d’au moins 85 000 t, ce qui représenterait un investissement d’environ 1 000 milliards de lires. Devraient être construits d’ici 1985 :
– 2 frégates lance-missiles surface-air type Audace (4 400 tpc) pour remplacer les destroyers de 3 800 tpc Impetuoso et Indomito qui, datant de 1958, doivent être retirés du service à la fin de l’actuelle décennie ;
– 8 escorteurs lance-missiles surface-surface de 2 400 t, dont 4 qui viennent d’être commandés, entreront en service entre 1977 et 1979 et les autres après 1980 ;
– 4 hydroptères de 60 t ;
– 4 hydroptères de 250 t ;
– 2 sous-marins de 1 300 t classe Sauro actuellement sur cale et dont l’admission au service actif est prévue pour 1977-1978 ;
– 10 chasseurs de mines ;
– 1 bâtiment de soutien logistique de 8 000 t ;
– 1 hydrographe de 1 600 t ;
– ainsi que des remorqueurs de types divers et des moyens portuaires.
La mise en chantier d’un transport de chalands de débarquement et celle d’un petit porte-aéronefs seront nécessaires pour remplacer, vers la fin des années 1980, d’une part les unités amphibies actuellement en service, d’autre part les deux croiseurs lance-missiles surface-air Andrea Doria et Caio Duilio de 7 900 tpc qui sont entrés en service en 1964.
Enfin, prévoit le Livre blanc, un certain nombre de bâtiments actuellement en service devront être modernisés (nouveaux radars, nouveaux missiles, etc.).
Pour ce qui concerne enfin l’aéronautique navale, le Livre blanc prévoit l’acquisition d’ici 1978-1980 de 40 hélicoptères et 14 Breguet Atlantic qui viendraient s’ajouter aux 18 appareils de ce type présentement en service. ♦