Maritime - Espagne : sous-marins de 1 200 tonnes - États-Unis : projet de budget de la Marine pour l'exercice 1975 - France : transformation de dragueurs en chasseurs de mines - Inde : cession d'un escorteur soviétique - Iran : commande de patrouilleurs en France - Pays-Bas : lancement de la frégate De Ruyter
Espagne : sous-marins de 1 200 tonnes
Un accord pour la construction de deux sous-marins de 1 200 t du type français Agosta a été adopté le 18 janvier dernier par le gouvernement espagnol et signé le 6 février à Madrid par les directeurs respectifs des constructions navales des 2 pays (DTCN et DIC). Ces 2 bâtiments seront construits avec l’assistance technique de la France, aux chantiers de l’Empresa Nacional Bazan de Carthagène.
Le contrat fait suite à un autre contrat précédemment conclu entre les deux marines et portant sur la construction dans les mêmes conditions de 4 unités du type Daphné dont le programme se déroule à la satisfaction des 2 parties : le Delfin est déjà en service ; le Tonina effectue ses essais opérationnels : le Marsopa a été mis à flot en avril ; le Narval est en chantier.
Les sous-marins de la classe Agosta dont 4 sont en construction ou prévus pour notre Marine (Agosta, Bévéziers, La Praya, Ouessant) présentent les caractéristiques suivantes :
– déplacement : 1 200 t Genève, 1 400 t surface, 1 725 t plongée ;
– dimensions : 67,57 x 6,80 x 5,40 m ;
– machines : 1 ligne d’arbre, 1 moteur électrique principal de 3 500 kW, 1 moteur électrique de croisière, 2 groupes électrogènes SEMT Pielstick de 850 kW ;
– vitesse max. : 20 nœuds en plongée ;
– armement : 4 T/550 [NDLR 20234 : T = tube lance-torpille] (20 torpilles) ;
– distance franchissable : 8 500 nautiques (Nq) à 9 nœuds au schnorchel ;
– autonomie : 45 jours ;
– équipage : 7 officiers + 43 non-officiers.
États-Unis : projet de budget de la marine pour l’exercice 1975
Le Président Nixon a présenté au Congrès, le 4 février 1974, son projet de budget fédéral pour l’exercice 1975 commençant le 1er juillet prochain. Exprimé en NOA, c’est-à-dire en autorisations de dépenses, il se monte à 92,58 milliards de dollars (en « Outlays » soit en dépenses, il s’élève à 85,8 Md $), soit une augmentation de 6 % par rapport au budget précédent. Compte tenu de l’érosion monétaire, ces dépenses sont très voisines de celles de l’exercice précédent ; elles représentent 5,6 % du PNB et 27,2 % du budget fédéral. Ces pourcentages n’ont fait que baisser ces dernières années comme le montrent les chiffres suivants :
|
FY 1966 |
FY 1968 |
FY 1973 |
FY 1974 |
FY 1975 |
% par rapport au PNB |
8,3 |
9,4 |
6 |
5,9 |
5,6 |
% par rapport au budget fédéral |
41,8 |
42,5 |
29 |
27,9 |
27,2 |
Ce projet de budget s’articule comme suit entre les trois armées, les agences de défense et autres activités (toujours exprimé en NOA).
– armée de terre : 23,61 Md $
– marine : 29,56 Md $
– armée de l’air : 28,02 Md $
– Agences de défense : 2.64 Md $
– Activités de défense : 7,35 Md $
– Défense civile : 0,08 Md $
– Assistance militaire : 12,79 Md $
Comme les années précédentes, le budget de la Navy est le plus important, il est en ce qui concerne les principales rubriques ainsi réparti :
Personnel militaire (active et réserve) |
7,77 |
26,8 |
Fonctionnement et entretien |
7,98 |
27,6 |
Achats et fabrications (procurement) |
9,27 |
32,0 |
Recherche et développement |
3,26 |
11,3 |
Travaux infrastructure |
0,66 |
2,3 |
Total |
28,94 |
100,00 |
Personnel
Les effectifs prévus par le projet de budget sont de 541 000 hommes et femmes, soit 10 000 de moins que durant l’exercice 1974 ; ces chiffres doivent être atteints le 30 juin 1975. Les effectifs du Marine Corps (USMC) ne varieront pas et restent fixés à 196 000 h.
La Flotte
Les forces opérationnelles seront, durant l’exercice, progressivement ramenées de 521 (au 30 juin 1974) à 508 unités (au 30 juin 1975), soit une diminution de 13 bâtiments. Depuis 1968, la flotte active a été amputée de 468 navires ; cependant, le nombre des bâtiments en service doit en principe s’accroître les prochaines années si les programmes de constructions neuves proposées aboutissent. La flotte comprendra les unités suivantes :
– 15 porte-avions dont 2 nucléaires, l’Enterprise et le Nimitz ;
– 41 Sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE ou SSBN) équipés de Polaris A2 et A3 et de Poseidon ;
– 77 Sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) ;
– 168 autres navires de combat ;
– 65 navires amphibies ;
– 142 logistiques et auxiliaires.
508 au total.
En fin d’exercice 1975, 28 des 31 SNLE de la classe Lafayette auront été refondus ou seront en cours de refonte Poseidon (2500 Nq de portée ; ogive nucléaire à 10 têtes indépendantes de 50 kt chacune).
L’aéronautique navale sera forte de 6 283 appareils dont 3 012 de combat répartis entre 14 Navy Air Wings embarqués sur les porte-avions, 3 Marine Air Wings et diverses formations basées à terre.
Recherche et développement
Dans ce chapitre les demandes de fonds les plus importantes portent sur les missiles (11,53 Md $), les navires (0,72 Md €), les autres systèmes d’armes, les aéronefs.
Parmi les projets principaux, citons : le système mer-mer Harpoon, le système de radar Aegis, les navires à effet de surface, les systèmes d’écoute fixe et semi-fixe.
À ce propos, il faut signaler que si l’on ajoute aux crédits de R&D ceux qui lui sont consacrés dans les constructions neuves et fabrications (SNA, DD [NDLR 2024 : destroyer] classe Spruance, Patrol Frigates, aéronefs, etc.), on constate que 7,7 Md $, soit 20,8 % du budget sont demandés pour la lutte Anti-sous-marine (ASM).
Achats et fabrications
Le chapitre Procurement s’articule comme suit, toujours exprimé en Md $ :
– Constructions neuves et conversions : 3,56
– Achats d’avions et d’hélicoptères : 2,96
– Armes : 0,83
– Autres achats pour la marine : 1,68
– Fabrications pour l’USMC : 0,23
Total : 9,27
Les 3,56 Md $ demandés au titre des constructions neuves et conversions permettraient de commander 30 bâtiments nouveaux dont :
– 3 SNLE Trident : 1,38 Md $
– 3 SNA type Los Angeles : 0.51 Md $
– 1 frégate nucléaire : 0,24 Md $
– 7 destroyers classe Spruance : 0,65 Md $
– 1 Sea Control Ship : 0,14 Md $
– 7 Patrol Frigates : 0,43 Md $
– 4 hydroptères : 0,11 Md $
– 2 canonnières (Patrol Gunboats : PG) : 0,01 Md $
– 1 navire-base de destroyers : 0,1 2 Md $
– 1 pétrolier d’escadre (AO) : 0,81 Md $
– 1 remorqueur océanique : 0,11 Md $
Les deux SNLE viennent s’ajouter au prototype Trident dont la construction a été approuvée à la FY 1974. Ce seront des bâtiments d’au moins 14 000 t et 27 nœuds, dotés de 24 missiles du type Trident I C4 de portée accrue (14 têtes indépendantes de 50 kt chacune). Une somme de 16 millions $ est d’autre part demandée au titre R&D pour le démarrage d’une étude relative à un SNLE plus petit que le Trident et ne portant que 16 missiles IC4. Le développement de ce projet pourrait dépendre de la tournure des conversations SALT II qui ont repris après une interruption de trois mois. Il pourrait entraîner une réduction du programme Trident qui porte, d’ores et déjà, sur une première tranche de 10 bâtiments sur un total de 24 envisagés.
Ce nouveau sous-marin stratégique n’aura évidemment pas les mêmes performances ni les qualités du Trident, mais il sera beaucoup moins coûteux. Son déplacement serait légèrement supérieur à celui des SSBN de la classe Lafayette (7 380/8 250 t). Son appareil propulsif sera dérivé de celui mis en œuvre par le sous-marin expérimental SSN 671 Narwhal ; il sera donc doté d’un réacteur S5G refroidi par circulation naturelle, éliminant les pompes de réfrigération et leur bruit.
Le Sea Control Ship inscrit au programme de constructions neuves est le premier d’une série de 8 que la marine voudrait échelonner sur 3 ans, au coût unitaire moyen de moins de 100 M $. Les crédits que la marine avait demandés au titre de la FY 1974 pour les matériels à longs délais d’approvisionnement destinés à ce bâtiment ont été réduits par le Congrès, celui-ci estimant que le projet n’était pas encore au point. C’est chose faite maintenant et le SCS se présente comme un petit porte-aéronefs très simple de 14 000 t environ qui, propulsé par turbines à gaz, atteindra une vitesse de 27 nœuds. Le projet initial a été remanié : le bâtiment sera plus long d’une dizaine de mètres, ce qui permettra l’embarquement de 4 aéronefs supplémentaires, et il a été décidé de le doter d’un radar tridimensionnel ; finalement, le SCS pourra mettre en œuvre 21 appareils (hélicoptères et Avions à décollage et atterrissage courts/verticaux [Adac/Adav]).
La frégate nucléaire inscrite au programme portera le sigle DLGN 41 ; elle est la première des 2 bâtiments de ce type pour lesquels le Congrès avait, à la FY 1974, accordé des fonds d’avance pour leur construction bien que la Navy ne les eût pas demandés.
Appelés à remplacer les vieux destroyers de la Seconde Guerre mondiale encore en service, les Patrol Frigates relativement bon marché seront avant tout des unités ASM. Les plans de la Navy prévoient la construction d’au moins 50 unités de ce type.
Ses caractéristiques sont maintenant figées, les seules modifications apportées récemment ayant consisté à renforcer le pont des hélicoptères et à remplacer le sonar en dôme par un sonar en bulbe d’étrave. De ce fait, le coût unitaire est passé de 45,7 à 47,7 M $. Rappelons que le prototype de cette nouvelle classe d’escorteurs est en construction.
Les 4 hydroptères PHM (Patrol, Hydrofoil, Missile, classe Pegasus) du programme font partie d’un projet Otan commun aux États-Unis, à la RFA et à l’Italie. Il est prévu d’en construire au moins une trentaine. Deux PHM 1 et 2 sont déjà en chantier au titre de la FY 1973 ; le premier sera lancé en septembre prochain, le second en janvier 1975. Le coût unitaire de ces petites unités devrait revenir à un peu moins de 20 M $ pour une série de 30.
Pour remplacer les navires auxiliaires hors d’âge, qui sont nombreux, la Navy demande de démarrer la construction de prototypes pour deux classes de bâtiments : les pétroliers d’escadre AO et les remorqueurs océaniques ATF. Elle demande également des crédits pour un bâtiment-base de destroyers pour continuer à moderniser ses moyens dans cette catégorie de navires logistiques.
Les fonds demandés au titre des fabrications aériennes permettraient d’acquérir 248 appareils dont 50 intercepteurs tout temps F-14 Tomcat et 50 patrouilleurs ASM embarqués du type S-3 A Viking.
France : transformation de dragueurs en chasseurs de mines
Cinq dragueurs océaniques ou MSO actuellement en réserve seront prochainement réarmés à Brest puis transférés dans l’arsenal de Cherbourg pour y être refondus en chasseurs de mines. Il s’agit des M615 Cantho, M616 Dompaire, M617 Garigliano, M618 Mytho et M619 Vinh Long qui font partie d’une classe de 14 bâtiments de 780 tonnes pleinee charge (tpc) à coque en bois transférés par les États-Unis à partir de 1953 au litre du Plan d’aide militaire (PAM). Ces unités conserveront leur capacité de dragage mécanique et acoustique mais leurs moyens de dragage magnétique ainsi que la génératrice d’alimentation afférente seront débarqués. La place ainsi gagnée permettra en particulier l’implantation de locaux spéciaux pour les plongeurs démineurs et l’amélioration des conditions de vie à bord. Ils recevront le nouveau sonar DUBM 21 étroitement dérivé du DUBM 20 qui équipe les 5 chasseurs de mines du type Circé mais d’un encombrement plus réduit. Ils embarqueront 2 engins du type PAP et 6 plongeurs démineurs pour la destruction des mines. Le PAP est une sorte de Poisson autopropulsé. Long de 2,70 m, large de 1,10 m, pesant 700 kg, il est propulsé par 2 moteurs électriques latéraux alimentés par batterie qui le conduisent, à l’aide d’un fil relié au bord qui assure son téléguidage, vers sa cible à 6 nœuds jusqu’à une distance maximale de 500 m. Le PAP équipé d’une caméra de télévision et d’un projecteur envoie l’image de la mine repérée à bord des dragueurs et peut déposer sa charge explosive à proximité de celle-ci. Après récupération du PAP par le bord, la mise de feu de la charge est télécommandée par ultra-son.
Le but de cette refonte est de moderniser nos moyens de chasse aux mines et de combler partiellement, dans les années 1980 à 1985, le trou provoqué par le retrait du service de dragueurs anciens jusqu’à la mise en service des nouveaux bâtiments prévus au « Plan Bleu ».
Inde : cession d’un escorteur soviétique
La marine indienne vient de s’accroître de son dixième escorteur de 1 200 t du type Petia soviétique : il s’agit du P74 Andaman. Rappelons à ce propos que cette marine possède outre ces 10 escorteurs de 27 autres bâtiments d’origine soviétique, soit :
– 6 sous-marins type F (2 500 t – 6/T/533),
– 12 lance-missiles type Osa / (190 t – 4 Styx),
– 6 petits patrouilleurs classe Poluchat,
– 2 péniches de débarquement du type Polnocnyi,
– 1 navire-base de sous-marins l’Amba.
Iran : commande de patrouilleurs en France
Un contrat portant sur la construction pour la Marine impériale iranienne de six patrouilleurs du type Combattante II a été signé le 19 février 1974 par les Constructions mécaniques de Normandie (CMN) à Cherbourg. Ces patrouilleurs seront identiques à ceux que cette firme a livrés à Israël, à la Grèce, à la Malaisie et à la République fédérale d’Allemagne (RFA) sauf en ce qui concerne l’armement, les futurs patrouilleurs iraniens ne devant pas avoir de missiles surface-surface mais des canons de 35 CA et 76 CA italiens avec conduite de tir néerlandaise.
Pays-Bas : lancement de la frégate De Ruyter
La frégate De Ruyter a été lancée le 9 mars 1974 aux chantiers de Schelde à Flessingue ; elle sera armée pour essais en 1976. Un second bâtiment du même type, le Tromp, est en achèvement à flot (lancé le 2 juin 1973).
Rappel des caractéristiques :
– déplacement : 3 665 t Washington [NDLR 2024 : 1 016 kg] – 4 300 tpc ;
– dimensions : 138,60 (ht [longueur hors tout]) x 131 (pp [longueur entre perpendiculaires avant et arrière]) x 14,80 x 4,60 m ;
– propulsion : COGOG (Combined gas or gas turbine) – 2 TG Rolls Royce Olympus x 27 000 CV pour la marche à grande vitesse – 2 TG Tyne x 4 100 CV pour la croisière :
– vitesse max. : 28 nœuds sur les « Olympus » ;
– armement :
a) missiles : 1 rampe MK13 alimentée à 40 missiles surface-air SM1, 1 SACP (Sol-air courte portée) Sea Sparrow ;
b) artillerie : 2/120 CA (II x 1) ;
c) ASM : 1 hélicoptère WG.13 Lynx et 6 T (III x 2) MK32, torpilles MK46. ♦