Maritime - Australie : commande de matériels pour la Marine - Espagne : commande de navires - France : adoption du Crotale ; mise en service du Duperré et commandes de patrouilleurs - Otan : exercices Dark Image et Dawn Patrol 1974 ; activation de la NAVOCFORMED - US Navy : nouvelle classe de destroyers ; lancement d'un sous-marin nucléaire - Situation des porte-avions
Australie : commande de matériels pour la marine
Le ministre australien de la Défense a annoncé le 7 avril 1974 que le gouvernement australien avait approuvé une dépense de 330 millions de dollars pour l’achat de matériels nouveaux pour les forces armées.
Pour ce qui concerne la marine, le programme prévoit l’acquisition aux États-Unis de 2 escorteurs de 3 500 tonnes, vraisemblablement du type « Patrol Frigate » pour une somme de 187 M $.
Cette décision enterre, semble-t-il, définitivement le projet du précédent gouvernement conservateur qui consistait à confier aux chantiers australiens la construction de 3 destroyers légers lance-missiles antiaériens (DDL), projet qui avait été mis en sommeil dès l’arrivée au pouvoir du Parti travailliste en fin 1972.
L’aviation de patrouille maritime, qui relève de l’armée de l’air, recevra de son côté 109 M $ pour commander aux États-Unis 8 avions de reconnaissance et de lutte ASM Lockheed P-3 Orion qui s’ajouteront aux 10 appareils de ce type qu’elle possède déjà.
Espagne : commande de navires
La marine espagnole a récemment commandé aux chantiers de l’Empresa National Bazan sis à Carthagène, les 4 premiers d’une nouvelle classe d’escorteurs qui aurait dû comprendre 10 unités mais qui aurait été par la suite ramenée à 8. Ces escorteurs seront dérivés des 4 corvettes du type Joao Roby commandées à ces mêmes chantiers par la marine portugaise. Ils déplaceront environ 1 500 t en pleine charge (tpc), auront une vitesse de 21 à 22 nœuds et pour armement : 1/76 CA italien, 1/40, un système surface-air à courte portée Sea Sparrow et des armes anti-sous-marine (ASM).
L’Empresa National Bazan a reçu également commande de 5 patrouilleurs lourds qui font partie d’une série de 6 dont le prototype a été commandé aux chantiers allemands Lürssen. Leurs caractéristiques ne sont pas connues mais selon certaines informations, elles seraient, tout au moins en ce qui concerne la coque, assez voisines de celles de 10 patrouilleurs lance-missiles de 450 t du type S143 de la Bundesmarine en construction chez Lürssen, dont 2 déjà ont été lancées.
France
Adoption du Crotale
La Marine nationale a récemment décidé d’adopter une version navalisée du système Crotale. Cette version présente les caractéristiques suivantes :
– affût octuple avec possibilité de rechargement grâce à une soute placée à proximité ;
– missile : longueur : 2,930 m, diamètre : 0,156 m, envergure cruciforme (0,540 m ailes déployées) avec gouvernes canard à l’avant ;
– guidage : télécommande par alignement ; autodirecteur à infrarouge ;
– portée : 8 000 m ;
– volume d’interception : 150 à 12 000 pieds.
Ce matériel sera pour la première fois installé sur la frégate De Grasse, actuellement en construction à Lorient et cela à la place de la tourelle de 100 CA n° 3 située à l’arrière du bâtiment. Il équipera également les corvettes ASM type C.70 Georges Leygues à la place d’une de leurs 2 tourelles de 100 (la tourelle AR). Le système Crotale, s’il accroît la protection de ces bâtiments contre des avions ou des missiles évoluant à très basse altitude n’est pas, par contre, un système véritablement efficace contre des missiles du type Sea Skimmer, c’est-à-dire glissant au ras de l’eau comme il commence à en fleurir un peu partout (Exocet français, Gabriel israélien, Pinguin norvégien, Nettuno italien, etc.). Aussi notre Marine s’intéresse-t-elle comme toutes les autres marines à des systèmes d’armes du type dit à très courte portée (SATCP) pour combattre cette menace, certainement une des plus dangereuses.
Remise en service du Duperré
Après deux années de travaux, l’escorteur d’escadre Duperré a maintenant rallié la flotte. C’est l’un des 5 escorteurs d’escadre de 3 900 tpc et 32 nœuds du type T53 entrés en service en 1957-1958. Mis sur cale à Lorient en novembre 1954, lancé le 23 juin 1956, il est entré en service fin 1957. Son armement comprenait alors 6 pièces de 127 CA en 3 tourelles doubles, 3 affûts doubles de 57 CA, 6 tubes lance-torpilles ASM et 1 lance-roquettes sextuple de 375 mm. En 1967, cet armement a été débarqué et remplacé par un sonar remorqué à grande profondeur et son volumineux système de mise à l’eau en vue de procéder à la première phase des expérimentations du programme Cormoran (1).
La seconde phase de ces expériences devant se dérouler à partir d’un autre bâtiment, l’auxiliaire Aunis, il a été décidé de débarquer le matériel ayant servi aux premières expérimentations et de reconvertir le Duperré en escorteur d’escadre avec en plus des moyens de commandement pour une petite force navale. L’armement et l’équipement du Duperré après sa nouvelle reconversion sont les suivants :
– 4 MM38 Exocet,
– 1 tourelle de 100 CA,
– 2 catapultes pour le lancement de torpilles ASM,
– 1 hélicoptère de lutte ASM,
– 1 sonar de coque DUBV23 et un sonar remorqué DUBV43 tous deux à basse fréquence.
Avant de rallier l’escadre de la Méditerranée où il remplacera le Cassard comme navire-amiral, le Duperré a effectué une croisière d’endurance en Atlantique.
Commande de patrouilleurs
Le plan naval adopté par le Gouvernement le 9 mars 1972 prévoit, on s’en souvient, parmi les moyens dont devrait disposer la Marine à l’horizon 1985, une force d’une trentaine de patrouilleurs destinés à servir dans les forces de région tant en France que dans nos territoires d’outre-mer. Les quatre premiers viennent d’être commandés, le Trident et le Glaive au titre du budget 1973, les deux autres à celui de 1974. Le Glaive et le Trident seront construits par les chantiers Auroux d’Arcachon qui sont responsables d’ailleurs de leurs plans, les 2 autres aux CMN de Cherbourg. Leurs caractéristiques seront les suivantes :
– déplacement : 145 tpc ;
– dimensions : 40,35 x 5,90 x 1,60 m ;
– propulsion Diesel : 4 000 ch ;
– vitesse : 25 nœuds ;
– distance franchissable : 1 500 nautiques/15 nœuds ;
– autonomie : 10 jours ;
– équipage : 2 officiers, 17 non-officiers.
Ces 4 patrouilleurs doivent en principe être achevés entre le 1er octobre 1975 et le 1er février 1976.
Otan : exercices Dark Image et Dawn Patrol 1974 – Activation de la NAVOCFORMED
L’exercice Dark Image s’est déroulé dans la première semaine d’avril dans la région de Caorle dans le Nord de l’Adriatique. Il a mis en œuvre des unités amphibies de la VIe Flotte américaine ainsi que des éléments de la marine italienne. Il s’est déroulé en 3 phases : navale, amphibie, terrestre avec la participation des aviations américaine et italienne.
La Naval On Call Force Mediterranean (NAVOCFORMED) qui est de temps à autre activée sur demande de l’Otan, l’a été le 18 avril 1974 pour une période de 30 jours. Placée sous les ordres d’un capitaine de vaisseau italien, elle a rassemblé les destroyers : Impetuoso (Italie), Themistocles (Grèce), Kocatepe (Turquie), ainsi que les escorteurs : HMS Achilles (Grande-Bretagne), Patterson (États-Unis).
Ils ont effectué sous le nom de Drum Free des exercices divers de tir, de défense aérienne, de lutte ASM et de ravitaillement à la mer et pris part également à Dawn Patrol 1974.
Ce grand exercice Dawn Patrol s’est déroulé en deux phases :
– du 25 au 30 avril : dans la zone GibMed/IberLant avec participation du Canada (4 escorteurs PH, 1 sous-marin), des Pays-Bas (3 escorteurs, 1 sous-marin), de la Grande-Bretagne (1 escorteur, 1 sous-marin), du Portugal (1 escorteur), des États-Unis (1 frégate lance-missiles SA, 2 destroyers, 1 SSN) ainsi que de la STANAVFORLANT, de la NAVOCFORMED et enfin de la France (escorteurs : Guépratte et La Bourdonnais ; sous-marins : Galatée et Aréthuse) ;
– du 29 avril au 11 mai : en Méditerranée occidentale et orientale avec participation de la Grèce (2 escorteurs, 4 patrouilleurs, 1 sous-marin), de la G.-B. (1 porte-hélicoptères d’assaut, 2 escorteurs, 1 sous-marin) et de la VIe Flotte.
Dans l’US Navy
Nouvelle classe de destroyers
Dans son rapport accompagnant la présentation au Congrès du projet de budget militaire pour l’exercice 1975, le Secrétaire à la Défense, a annoncé que la marine américaine demanderait en 1976 des fonds pour la construction du prototype d’une nouvelle classe de destroyers.
Ce bâtiment, baptisé DGX, pourrait être commandé en 1977. La classe comprendrait au moins une vingtaine d’unités destinées à remplacer dans les années 1980 les destroyers lance-missiles de 4 500 t de la classe Charles F. Adams qui atteindront leur limite d’âge.
Il s’agirait de navires d’environ 6 000 t propulsés par turbines à gaz mais il est envisagé d’équiper quelques-uns d’entre eux d’une machine nucléaire. Tous seront équipés du système Aegis et pourront mettre en œuvre le missile antisurface Harpoon, la plus récente version du missile antiaérien Standard (le SM2) ainsi que l’Asroc ASM. Tous ces systèmes pourront être lancés à partir d’une seule rampe de lancement, la MK 26. Le principal élément du système Aegis est le radar SPY 1 appelé aussi MFAR (Multi Fonction Array Radar). Il se compose de 4 antennes planes fixes assurant une couverture volumétrique instantanée grâce à la technique du balayage électronique par déphasage. Ce radar assurera les fonctions de veille-air éloignée, la poursuite des cibles à toutes distances et le guidage des missiles, tout cela dans un environnement de contre-mesures très sévères de la part de l’adversaire.
Lancement d’un sous-marin nucléaire
Le sous-marin nucléaire d’attaque SSN688 Los Angeles a été lancé le 6 avril 1974 à Newport News. Il est le prototype d’une nouvelle classe de bâtiments rapides développée sous le nom de « High Speed Nuclear Attack Submarine Programm » et qui comprendrait au moins une trentaine d’unités, dont 23 sont déjà en construction, commandées ou financées. Le Los Angeles déplacera 6 900 t en plongée et sa vitesse maximale sera d’au moins 40 nœuds.
Son armement comprendra des torpilles filoguidées MK48 et de l’engin ASM Subroc. Ce dernier est une arme dite à changement de milieu ; lancé en effet à partir des tubes lance-torpilles du sous-marin, il parcourt d’abord une trajectoire sous-marine puis une trajectoire aérienne et à nouveau une trajectoire sous-marine. L’engin est doté d’une charge nucléaire qui explose aune immersion préréglée ; sa portée maximale est de l’ordre de 35 nautiques (65 km).
Situation des porte-avions
Dans notre précédente chronique, nous avons dit à propos du budget de la Marine pour 1975 que celle-ci disposerait durant l’année fiscale de 15 porte-avions au service actif. Ces bâtiments seront répartis comme suit entre les flottes du Pacifique et de l’Atlantique.
Classes |
tpc |
Année de mise en service |
Pacifique |
Atlantique |
Nimitz (atomique) |
91 400 |
fin 1974 |
|
Nimitz |
Enterprise (atomique) |
89 600 |
1961 |
Enterprise |
|
Kennedy |
87 000 |
1968 |
|
J.F. Kennedy |
Kitty Hawk |
80 800 |
1961 à 1965 |
Constellation |
America |
Forrestal |
78 000 |
1955 à 1959 |
Ranger |
Independence |
Midway |
62 700 |
1945 à 1947 |
Coral Sea |
F.D. Roosevelt |
Hancock |
44 700 |
1944 (H) |
Oriskany |
|
Deux porte-avions nucléaires identiques au Nimitz, le Dwight Eisenhower et le Carl Vinson sont en construction. Le premier, selon les prévisions actuelles ralliera la flotte 21 mois après le Nimitz. Quant au second, il sera admis au service actif vers 1980. À cette date, la marine américaine ne possédera plus que 12 porte-avions car toutes les unités antérieures aux Forrestal auront entretemps été retirées du service, la dernière le Midway l’étant juste au moment de la mise en service du Carl Vinson. Ce chiffre de 12 porte-avions est, comme l’explique le secrétaire à la Défense dans le rapport précité, un minimum au-dessous duquel la Navy ne saurait descendre pour maintenir 5 porte-avions en opérations (3 dans le Pacifique, 2 dans l’Atlantique) comme c’est présentement le cas. Or, vers 1985, les bâtiments du type Forrestal auront 30 ans d’âge et il faudra les retirer du service. Donc pour maintenir le potentiel porte-avions à 12 unités, il sera nécessaire de lancer dès 1980 la construction de nouveaux porte-avions de remplacement. Pour ce faire, la Navy étudie actuellement un projet de bâtiment baptisé CVX moins coûteux (on parle de 550 millions de dollars) que les porte-avions actuels. Rien n’a encore transpiré de ce projet. ♦
(1) Utilisation à des fins militaires des conditions très favorables à la propagation des ondes sonores régnant dans les eaux profondes des océans.