Le bonheur en plus
Des techniques perverties au service de politiques débiles : voilà ce qu’on appelle aujourd’hui le « Progrès ». On cherche le pétrole dans les schistes, mais on le gaspille en dédaignant le chauffage solaire et en choisissant les moyens de transport qui consomment le plus. On augmente indéfiniment la consommation de tous au lieu de répartir plus équitablement les richesses existantes, on tente de greffer le foie aux alcooliques au lieu de lutter contre l’alcoolisme, on perfectionne les robots ménagers, mais on n’établit toujours pas de véritable égalité entre hommes et femmes, on met au point des systèmes de transport ultrarapides alors qu’on doublerait la vitesse des autobus en réglementant la circulation, les logements sont de plus en plus accueillants, mais les occupants sont de moins en moins hospitaliers, etc.
Plus se développe la technologie, plus s’aggrave l’infirmité des individus et des sociétés. Chacun demandant au progrès de suppléer ses propres insuffisances, celui-ci ne fournit plus des outils, mais seulement des prothèses. Au lieu de faciliter l’accomplissement de soi, il finit par s’opposer à la réalisation d’un bonheur authentique.
Cette imposture est masquée par la croissance constante de la production. On identifie le « bien-être » au « bien-avoir » et l’amélioration des techniques à l’amélioration de la vie. En menaçant notre prospérité, la crise pétrolière peut nous obliger à poser les vrais problèmes. Ceux-ci ne sont pas économiques et techniques, mais politiques et culturels. Les sociétés industrielles ont besoin de justice, de fraternité, de générosité, d’aménité ; bref de bonheur. Ce n’est pas un surcroît de pétrole qui le leur donnera.
Face au désarroi qui s’est emparé du monde occidental François de Closets apporte, dans cet essai brillant et vigoureux, la première réponse. Par une analyse aiguë des sociétés industrialisées, une analyse purement factuelle, il montre qu’il existe une voie progressiste qui n’est ni la fuite en avant dans la consommation anarchique, ni le retour au Moyen-Âge.
Écrit à la veille de la crise pétrolière, son ouvrage se trouve pleinement confirmé par les événements récents. Ce n’est plus dans les années, mais dans les mois à venir, qu’il faudra appliquer les remèdes proposés. François de Closets nous dit comment et pourquoi nous pouvons avoir tous les fruits du progrès, du pétrole en moins, le bonheur en plus. ♦