Défense en France - Les Officiers de réserve du service d'état-major (Orsem) - La clôture de la 26e Session de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) et le 75e anniversaire des Orsem
Les Officiers de réserve du service d’état-major (Orsem)
Historique
En 1876, l’Armée de terre constitue un service d’état-major, alimenté par des officiers formés à l’École de Guerre fondée à la même date. Pour le renforcement nécessaire en mobilisation, on crée en 1880 les Officiers de réserve du service d’état-major.
En 1899, les Orsem fondent une association, la Réunion des Orsem, pour perfectionner leur instruction et renforcer leur cohésion. Cette association fête cette année son 75e anniversaire.
L’année suivante est créée l’École d’instruction des Orsem qui s’est perpétuée jusqu’à l’actuelle École supérieure des Orsem.
L’École supérieure des Orsem
Partie intégrante de l’École supérieure de Guerre commandée par le général de division de Favitski, implantée à l’École militaire, elle est dirigée par le général de brigade Bouyx.
Sa mission est de former les officiers de réserve d’état-major, puis de les perfectionner en vue de leur participation en mobilisation au travail des états-majors de tous niveaux, des forces de manœuvre ou du territoire.
Les candidats sont des officiers de réserve des armes, du grade de lieutenant ou capitaine, volontaires et choisis par les régions militaires. La période de formation a pour but d’élever leurs connaissances du niveau de chef de section ou de peloton à celui d’officier rédacteur dans un état-major d’exécution. Les deux premières années de cours préparatoires sont sanctionnées par un examen probatoire, suivi d’un stage de trois semaines que l’École supérieure des Orsem organise annuellement au mois d’août pour une centaine de candidats. Au cours de la troisième année est effectué un stage pratique en état-major sanctionné par la titularisation.
Alors âgé d’une trentaine d’années, le titulaire va faire une carrière d’Orsem dont les limites d’âge sont pour chaque grade celles des officiers d’active augmentées de cinq ans.
C’est au cours de cette carrière qu’est dispensée l’instruction de perfectionnement à raison de quarante heures par an. Tout au long des cycles successifs, les cours proposent des cas concrets et une documentation adaptée recouvrant les situations les plus variées, pour répondre aux différents besoins de la mobilisation.
L’École supérieure des Orsem fait paraître chaque année la directive concernant l’instruction des 2 800 candidats et titulaires.
Sur le plan national, elle diffuse les exercices qu’elle prépare ainsi que la documentation appropriée aux Régions militaires qui totalisent 160 centres d’instruction.
De plus, l’École assure directement l’instruction pour les 1 000 officiers de la région parisienne, avec le renfort des professeurs de l’École supérieure de Guerre. Au total, c’est une quarantaine de groupes qui travaillent à Paris, soit en semaine, le soir en général, soit sous forme de périodes bloquées en juillet ou en août.
La réunion des Orsem
Cette association particulièrement active regroupe la quasi-totalité des Orsem. Elle est une organisation véritablement auxiliaire du commandement, possédant une structure calquée sur l’organisation militaire territoriale.
Son président est le colonel Comolli, polytechnicien, PDG de plusieurs sociétés de financement de travaux publics (CCE–GOBTP).
Son vice-président délégué est le lieutenant-colonel Chresteil, avocat, président de l’Unor.
La répartition professionnelle des Orsem est très variée. Tous sont des cadres, souvent supérieurs. 40 % dans la fonction publique dont la moitié d’enseignants, 60 % dans le secteur privé.
Ces officiers de réserve de haut niveau s’astreignent durant toute leur carrière à une instruction soutenue et difficile. Cas très particulier de notre Armée de terre, ils suscitent l’estime générale par leur qualification et leur grande disponibilité.
Ils ont une vive conscience de la nécessité de la défense du pays et la volonté d’y participer.
La clôture de la 26e session de l’Institut des hautes études de défense nationale et le 75e anniversaire des Orsem
L’une des premières visites de M. Jacques Soufflet comme nouveau ministre de la Défense aura été pour l’École militaire où il a présidé, le 15 juin 1974, deux cérémonies successives et en fait étroitement liées : la clôture de la 26e session de l’IHEDN et la commémoration du 25e anniversaire de la fondation du corps des officiers de réserve du service d’état-major, les Orsem.
L’IHEDN et les Orsem se situant dans le cadre de l’Enseignement militaire supérieur (EMS), il appartenait au général de corps d’armée J. Callet (1), directeur de l’Institut et de cet enseignement, de présenter au ministre les auditeurs de l’IHEDN (dont 21 officiers supérieurs ou généraux suivent en même temps les cours du Centre des hautes études militaires, CHEM) auxquels s’était jointe une délégation d’Orsem conduite par le colonel Comolli, président de leur association.
Dans son allocution, le général Callet a souligné que les Orsem qui, en se formant et se perfectionnant à l’École militaire, conservent un contact étroit avec l’armée active, « demeurent l’un des éléments essentiels de la liaison entre la nation et son armée ».
« Comme instructeur dans cette École, a poursuivi le général Callet, j’ai pu apprécier leur compétence et leur valeur militaire, comme j’ai pu également prendre la mesure de leur dévouement, de leur conscience professionnelle et de leur patriotisme ».
Le président des Orsem a ensuite remis à M. Soufflet ainsi qu’au général de Boissieu. Chef d’état-major de l’Armée de terre (Cémat), une médaille commémorative de ce 75e anniversaire.
Avant la prise d’armes qui eut lieu dans la cour d’honneur et au cours de laquelle de nombreux Orsem furent décorés dans l’ordre de la Légion d’Honneur ou dans l’ordre national du Mérite, le ministre prononça l’allocution suivante :
« Qu’une de mes premières visites me donne l’occasion de retrouver, réunis au sein de l’École militaire, des officiers d’active, des officiers de réserve et de nombreux auditeurs venus du secteur privé me paraît avoir une valeur de symbole. L’Armée ne peut plus vivre de nos jours dans son univers particulier, non seulement parce qu’elle doit s’intégrer harmonieusement dans une société qui évolue, mais parce que la politique même de Défense nous concerne tous, nous militaires et nous civils. Il ne s’agit plus d’avoir quelque part sur un champ clos des champions qui guerroient pour le compte des nations. Les moyens nucléaires, leur force de destruction, la logique des ripostes qu’ils supposent, engagent véritablement l’ensemble de la collectivité nationale de même d’ailleurs qu’ils menacent l’ensemble de la nation.
En tout état de cause, cette confrontation permanente d’idées et de techniques, ce travail en commun de plusieurs mois, le fait que des hommes et des femmes appelés à l’exercice de hautes responsabilités dans des secteurs variés de l’activité nationale soient conscients de ce que chacune de leurs actions ont une incidence sur la défense nationale, contribuent à promouvoir l’essentielle solidarité nationale.
Solidarité nationale que les officiers de réserve du Service d’état-major mettent particulièrement en œuvre. Nous fêtons aujourd’hui le 75e anniversaire de la réunion des Orsem : ce sont soixante-quinze années au service de cette bonne cause qui est de faire comprendre à l’armée les soucis de la nation et de faire aimer l’armée par la nation.
Vous êtes tout à la fois, ou tour à tour. Messieurs, l’Armée dans la Nation, la Nation dans l’Armée, et entre l’Armée et la Nation. À ces titres, vous êtes l’indispensable maillon de la volonté de défense nationale.
Il n’y a pas deux armées, celle d’active et celle des réserves ; il y a au sein de l’armée française l’active et les réserves qui coopèrent, collaborent et se complètent.
Vous êtes la nation dans l’armée parce que votre expérience des hommes et des choses de la vie nationale, la connaissance des milieux et des habitudes est précieuse aux militaires.
Vous pouvez en outre être des éléments modérateurs de passions ou des conseillers avisés dans des domaines étrangers par nature aux armées comme ceux de l’Éducation nationale, de l’Agriculture, des Affaires étrangères… Vous représentez l’ouverture nécessaire à une meilleure compréhension des problèmes par approche différente et des procédés d’organisation et de commandement divers.
En m’adressant aux auditeurs et à l’encadrement de l’IHEDN puis à la réunion des Orsem, je suis conscient de n’avoir parlé en somme que de solidarité nationale. C’est qu’il n’y a rien de plus important à dire en matière de défense. La défense est une, contre une menace qui est globale.
La stratégie de dissuasion – les travaux de l’institut l’ont bien montré – repose certes sur l’atome qui nécessite des moyens financiers importants, mais elle repose essentiellement sur l’adhésion des citoyens aux moyens employés et sur leur détermination à les employer qui fondent la crédibilité de l’arme nucléaire. En fin de compte, il s’agit pour se défendre de vouloir se défendre.
L’osmose entre l’armée et la nation. Mesdames, Messieurs, qui passe nécessairement par vous, est indispensable à l’existence même de cette volonté. À un moment où des articles, des propos, des attitudes inadmissibles mettent en cause les armées, je me réjouis qu’une réunion comme celle d’aujourd’hui témoigne de la vitalité des échanges entre l’armée et la nation et d’une même volonté de défense proclamée par les cadres qualifiés civils et militaires de notre pays. » ♦
(1) Le général Callet partant en retraite le 14 juillet 1974, c’est le général de division J.-P. Etcheverry qui est nommé directeur de l’IHEDN et de l’EMS.