Institutions internationales - La Session de l'Assemblée générale de l'ONU - Le Fonds monétaire international (FMI) et l'or - La nouvelle crise européenne
La réflexion éprouve parfois des difficultés à suivre le cours de la politique : il semblait qu’elle pouvait se porter sur une situation dominée par des changements dont on avait mesuré sinon toutes les conséquences, du moins la signification et l’ampleur, et plusieurs événements viennent de l’affecter profondément, tout se passant comme si le monde ne connaissait d’équilibres qu’instables. Si une diplomatie est toujours, à des degrés divers, influencée par la personnalité de ceux qui la conçoivent et la conduisent, elle répond à des exigences qui ne dépendent pas complètement des hommes.
En termes dénués de toute équivoque, le président Ford a annoncé que la politique étrangère des États-Unis resterait ce qu’elle était avec son prédécesseur. M. Kissinger en a rappelé les fondements, en soulignant ce que la disponibilité à la discussion doit à la force militaire, ou en évoquant l’irrationalité de la course aux armements stratégiques et les risques impliqués par les conflits limités qui ne sont pas justiciables de la dissuasion nucléaire. Mais si M. Kissinger a été confirmé dans ses fonctions de secrétaire d’État, rien ne permet d’affirmer que le tandem Ford-Kissinger se comportera comme le faisait le tandem Nixon-Kissinger, et que les autres États réagiront à l’égard du président Ford comme ils le faisaient à l’égard de son prédécesseur. On connaissait le cadre de la pensée de Richard Nixon, ses interlocuteurs, notamment Brejnev et Chou En-Lai, savaient à quoi ils pouvaient s’attendre. Gérald Ford a, au Congrès, constamment voté dans le même sens que Richard Nixon, notamment à propos de la Défense et du Vietnam. Il y avait entre les deux hommes une sorte de fraternité politique, qui explique que celui-ci ait choisi de faire de celui-là son successeur. Mais comment Gerald Ford combinera-t-il les nécessaires continuités et les inéluctables changements ? Quelle sera l’influence de Nelson Rockefeller [NDLR 2024 : le vice-Président] ? etc.
Les conséquences de la crise chypriote ont créé une situation qui n’a pas encore reçu de solution, mais il faut réagir en fonction des changements que cette crise a introduits en Méditerranée orientale. Si l’histoire ne se répète jamais, on ne peut pas ne pas songer à l’effacement de Neguib devant Nasser à propos de la démission du général de Spinola à Lisbonne. L’élimination de l’empereur Haïlé Sélassié n’a pas été une surprise (elle était inscrite dans la logique des événements depuis le mois de février), mais elle a affecté la situation en Afrique orientale, où la décolonisation des territoires portugais introduit un ferment d’instabilité dont on ne peut prévoir les effets, alors que la perspective de la réouverture du canal de Suez met en question la sécurité de la « route du pétrole » par Le Cap (car les gros tankers ne pourront pas utiliser le canal) et accentue la valeur stratégique de l’océan Indien. L’Assemblée générale des Nations unies, la 9e Conférence mondiale de l’énergie et la réunion annuelle du Fonds monétaire international (FMI) ont donné lieu à des prises de position dont certaines pourraient aider à la stabilisation de la situation créée par l’augmentation des coûts de l’énergie, si elles trouvaient un prolongement sur le plan de l’action politique. On pensait que la relance européenne se développerait à partir de l’accord franco-allemand auquel les entretiens entre le président Giscard d’Estaing et le chancelier Schmidt avaient semblé promettre des prolongements concrets : c’est le refus allemand d’entériner une décision inspirée par la France en matière de prix agricoles qui a provoqué une nouvelle crise européenne. Ainsi, il apparaît que le jeu international se trouve dominé par l’instabilité et l’incertitude.
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