Institutions internationales - La France et la crise mondiale - La consécration de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) - Un plan français pour l'Europe - Contacts COMECON-Marché commun
La grave crise provoquée par le renchérissement brutal et considérable du coût de l’énergie continue à développer ses effets directs, tandis que l’on prend conscience de l’ampleur de ses effets indirects. Si elle n’a pas provoqué le mouvement général d’inflation, elle l’a accéléré ; elle a ainsi contraint tous les pays à affronter un problème devant lequel aucun d’entre eux ne peut se dérober, et il semble qu’aucune solution strictement « nationale » ne soit à la mesure de ce problème.
Si cette crise n’a pas créé les difficultés entre l’Europe et les États-Unis, entre les États européens, ou entre le monde industrialisé et le monde en voie de développement, elle les a placées dans des perspectives nouvelles, et elle a suscité une approche également nouvelle des questions qu’elles posent. Dans l’un et dans l’autre cas, cette crise a eu un effet indirect comparable à celui d’un révélateur. Sans doute aussi a-t-elle fait prendre conscience d’un fait essentiel : aucun problème ne peut être limité à lui-même. Lors de son séjour à New Delhi, M. Kissinger a évoqué l’aide alimentaire que les États-Unis peuvent apporter à l’Inde, mais, en même temps, il a émis le souhait que l’Inde ne participe pas à la dissémination nucléaire. Quelques jours auparavant, à Moscou, il avait eu avec M. Brejnev des entretiens dont on peut penser qu’ils permettront une nouvelle étape de la grande négociation sur la limitation des armements stratégiques [NDLR 2024 : SALT], ces entretiens ayant suivi de quelques jours un accord par lequel les États-Unis font bénéficier l’URSS de la clause de la nation la plus favorisée, en échange de l’assouplissement de l’attitude du gouvernement soviétique quant à l’émigration des Juifs. À peine M. Kissinger avait-il quitté Moscou que le Chancelier Schmidt y arrivait : il y a conclu un accord d’échange entre des tubes (dont l’URSS a besoin pour la mise en valeur de la Sibérie) et du gaz naturel (dont l’Allemagne a besoin pour limiter ses importations de pétrole). Dans le même temps, réunis à Rabat, les chefs d’État arabes, en reconnaissant l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme seul représentant du peuple palestinien, ont remis en question certaines des bases sur lesquelles on pensait que s’édifierait une solution à la crise du Moyen-Orient, remise en question qui affecte la décision de l’ONU créant l’État d’Israël le 30 novembre 1947 par le partage de la Palestine.
Les élections générales anglaises (qui ont permis aux Travaillistes de conserver le pouvoir), la crise chronique de l’Italie, les tensions portugaises et grecques, les perspectives de l’après-franquisme, les difficultés parlementaires du Président Ford, etc. perdent une part de leur importance devant ce bouleversement général, alors qu’elles mériteraient attention.
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