Franco ou la monarchie sans roi
Certains, dont nous sommes, auraient sans doute préféré que l’auteur attende quelques années encore avant de livrer au public une étude de cette importance sur Franco et le franquisme. Car, tout de même ! un minimum de recul et de perspective sont nécessaires à celui qui veut faire œuvre d’historien – et Édouard de Blaye peut dans une certaine mesure, bien que journaliste professionnel, y prétendre – pour porter un jugement valable sur un homme de la stature de Franco et sur une période aussi importante dans l’histoire de l’Espagne.
Mais, enfin ! le livre est là et représente, tel quel, un travail considérable et à bien des points de vue original. Ainsi, on ne peut qu’être reconnaissant à l’auteur pour le caractère peu connu des développements qu’il consacre, par exemple, à l’Opus Dei, à l’armée et à l’organisation syndicale. De même, l’auteur fait un très intéressant effort pour apprécier avec objectivité le personnage de Franco, les ombres et lumières de sa politique, servie notamment par sa grande connaissance de la « majorité silencieuse », et son habileté pendant la guerre face aux pressions de l’Axe, puis dans l’après-guerre lorsque l’Espagne fut boycottée par les Alliés.
Ce livre se lit facilement et son intérêt est soutenu de bout en bout. On se méfiera cependant d’un certain nombre d’appréciations et d’anecdotes fragmentaires qui, comme c’est le cas dans beaucoup de livres sur l’Espagne, ne sont pas toujours équitables pour les intéressés. ♦