Outre-mer - Dom-Tom : ancrage et perplexité - Expressions algérienne et marocaine de la démocratie
Être département d’outre-mer, c’est avant tout ressentir le désir de vivre en symbiose avec la métropole plutôt qu’avec les pays avoisinants. C’est aussi en manifester l’exigence. Un territoire d’outre-mer ajoute à ces données l’incertitude du lendemain : départementalisation ou indépendance. À Paris les autorités ont conscience de ces composantes psychologiques qui souffrent parfois de la situation économique ou sociale dans laquelle vivent ces terres françaises. Car voilà bien un domaine où les moindres difficultés tournent aisément à l’aigre : les querelles d’intérêts y deviennent querelles d’autonomie, voire d’indépendance. Le séparatisme n’existe pas dans les cœurs, il peut naître des circonstances. S’agirait-il d’un droit ? Il n’y a pas de droit absolu car au cours de l’histoire les notions juridiques se déplacent. Mais il naît fréquemment un absolutisme du Droit : on en décèle les effets aux Nations unies. Une telle évolution a sa source dans l’oubli ou le mépris des réalités politiques. Un sang neuf peut courir sous d’anciennes pensées. Mayotte en apporte la preuve. Tout n’est pas une question de statut.
L’année qui vient de s’éteindre a marqué une date dans l’histoire des Dom : il y a trente ans, ils entraient dans le cadre départemental. M. Olivier Stirn l’a rappelé devant l’Assemblée nationale en précisant qu’à l’époque « tous les partis sans exception » réclamaient cette accession au sein de la collectivité nationale. L’ayant accordée, le régime n’eut ensuite qu’indifférence pour les goûts, les intérêts des populations en cause. Ne leur suffisait-il pas, régulièrement, d’avoir à élire leurs députés ? Les choses ont changé depuis quelques lustres, non sans hésitation ni sans échecs : il fallait remonter la pente dans un monde qui basculait. La France métropolitaine cherchait à asseoir son avenir sur de nouvelles institutions et le destin de ses départements d’outre-mer lui semblait affermi dans la mesure où l’indépendance nationale se consolidait. Les nouvelles structures de l’État sont-elles compatibles avec un statut d’autonomie comme l’affirmait péremptoirement un député communiste ? Il leur faudrait un élément fédérateur dont elles sont dépourvues : les réticences devant une véritable décentralisation en métropole même sont assez révélatrices à cet égard. Ne tentons donc pas le diable.
Mais ne laissons pas certaines propagandes leurrer les populations. Le statut départemental, obtenu il y a trente ans par ces petites France d’outre-mer, est irrévocable, le président de la République l’a confirmé de la façon la plus nette. Il est le mieux adapté aux nécessités du développement local. Seuls quelques démagogues osent le nier. Leurs excès de langage ne doivent pas nous conduire à des excès inverses. Sachons faire le point.
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